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  • : L'Oeil sur la Toile
  • : Un regard analytique sur le cinéma
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" Qu'il  s'agisse de penser le devenir ou de l'exprimer, ou même de le percevoir, nous ne faisons guère autre chose qu'actionner une espèce de cinématographe intérieur. Le mécanisme de notre connaissance usuelle est de nature cinématographique." 

                             
                                   H. Bergson, l'Evolution créatrice.



                                                                                                                                                         

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Bonjour à tous !


 

Bienvenue à tous les amoureux du 7ème art...

 

Ce blog se propose de porter un regard analytique sur le cinéma d’aujourd’hui et d’hier. Un coup d'œil également sur le parcours des dernières sorties Ciné et DVD. Ici, on décortique le film, on donne son avis, on parle de nos coups de cœur, etc.  N'hésitez pas à laisser vos commentaires.

 

Bonne lecture...

 

 



1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 09:01

 

 

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Fiche technique :

  • Titre original : Sugata Sanshiro
  • Titre : La Légende du grand judo
  • Réalisation : Akira Kurosawa
  • Scénario : Akira Kurosawa, d'après le roman de Tsuneo Tomita
  • Interprètes :  Denjirô Ôkôchi, Susumu Fujita
  • Production : Keiji Matsuzaki
  • Société de production : Toho
  • Musique : Seiichi Suzuki
  • Photographie : Akira Mimura
  • Pays d'origine : Japon
  • Durée : 80 minutes
  • Date de sortie : 25 mars 1943 (Japon)

 

              On a coutume de voir dans le judo (art  martial) une catharsis de la guerre, autrement dit une sorte d’imitation de celle-ci afin de purger les instincts belliqueux, voire meurtriers. A ce titre, le judo n’est évidemment pas la guerre, loin s’en faut, mais il en a la couleur et lui est relatif. En effet, à l’inverse de nombreux sports, la pratique d’exercices destinés à la maîtrise du judo ne trouve pas son origine dans un domaine ludique ou médical. Au contraire, c’est l’instinct de conservation des hommes, soumis à la loi du plus fort qui caractérisait les guerres féodales, qui a donné naissance aux premières techniques et méthodes de combat au corps à corps. Le Moyen Age nippon, si chaotique et violent avec ses guerres de samouraïs, ses hors-la-loi et son instabilité politique, est ainsi au cœur de l’avènement du Judo. Pour donner une image, le Moyen Age japonais évoquait sous bien des aspects, et à peu près à la même époque, le Far West américain comme milieu inorganisé, sans lois ni règles. En un mot, une forme d'état de nature. Nous pouvons ici nous souvenir que les scénari de grandes œuvres cinématographiques du maître Akira Kurosawa  tels  que Les Sept Samouraïs ou Le Garde du Corps, furent rachetés, respectivement en 1960 et 1964, par les  réalisateurs américains  John Sturges et Sergio Léone, qui les transposèrent dans l’univers du western et mirent ainsi en scène deux des plus célèbres classiques du genre que sont Les Sept Mercenaires et Pale Rider. Le judo sous cet angle peut être envisagé comme l’enfant dialectique de la guerre qui, dans son sens le plus propre, implique l’épreuve de la probabilité permanente de la mort violente pour soi comme pour autrui (symbolisé par le ippon.) Il y a tout en bas de l’arbre généalogique de l’art de la souplesse la volonté omniprésente et ancestrale de ne pas mourir. Autrement dit survivre et durer sont les impératifs qui donnèrent, de loin en loin, naissance au judo.

Voici en substance les enjeux présents dans le film La Légende du Grand Judo.

              Si nous examinons un peu plus en détails l’avènement du judo, (sans pour autant avoir la prétention d’être exhaustif), tout en resituant le contexte historique que le film nous donne à voir, nous constatons aisément que le Ju-Jutsu est l’ancêtre le plus proche du judo, une sorte de père devenu un peu  trop âgé et rigide, mais qui toutefois avait eu le mérite de procéder à un premier tri et à une première codification des méthodes de combat issues des Samouraïs, duquel le fils prodige s’est, non sans mal, émancipé. [Précisons que même s’il existe une filiation spirituelle entre les deux termes, il ne faut pas confondre le Ju-jutsu et le Jujitsu. En effet, le premier renvoi au style ancien et authentique tandis que le second correspond à l’invention récente d’une discipline sportive modernisée pour les besoins de la compétition. Ainsi, au long de ces quelques lignes, conserverons-nous le terme Ju-jutsu originel, quand bien même en France on a coutume d’écrire le japonais comme on le parle, « Ju » se prononçant « Jiu », et d’orthographier « Jiu-jitsu », ce qui est une erreur étymologique]. La rivalité entre judo et Ju-Jutsu commence d’ailleurs un peu comme un récit mythologique où le fils insoumis assassine son père puis digère le corps pour s’approprier sa force et sa vertu. Le sol originel du judo est, à ce titre, un véritable parricide. Il faut donc remonter au mois de février de  l’hiver 1882, An 15 de l’ère Meiji, pour que le terme judo apparaisse pour la première fois dans sa forme moderne grâce à un jeune étudiant nommé Jigoro Kano. Tout d’abord, rappelons que « l’ère Meiji » (« gouvernement éclairé »), qui débuta en 1868 par l’installation à la tête du pays de l’empereur Mitsu-Hito et qui s’acheva en 1912, correspond à la véritable création du Japon moderne. En effet, succédant à l’époque « d’Edo », qui avait vu le pays se replier progressivement sur lui-même pendant plus de deux siècles et demi à cause d’une politique intolérante, jusqu’à se fermer hermétiquement, à partir de 1639, à tout contact avec le monde extérieur, l’« ère Meiji » fit souffler un vent nouveau, à tous points de vue, sur un Japon sclérosé (Il est nécessaire de souligner ici le rôle déterminant joué par les Expositions Universelles auxquelles le Japon participa et qui lui permirent de se comparer aux autres nations : Paris en 1867,  San Francisco en 1871 et Vienne en 1873 furent ainsi de sérieux électrochocs pour le peuple nippon.).

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     La terminologie même de ce « gouvernement éclairé » implique que ses prédécesseurs ne l’étaient pas, ou l’étaient moins, c’est pourquoi il se devait de tout changer, à la mesure des transformations qui secouaient à l’époque l’Asie orientale. Le premier facteur à intervenir dans cette rénovation, ou plutôt cette implosion des murailles mentales qui caractérisaient le Japon fut d’abord l’influence des pays étrangers. Ainsi à Edo, rebaptisée Tokyo, on accueilli à cette période de nombreux intellectuels, savants et techniciens du monde entier dans le but de rattraper le retard culturel et technologique du pays. En 1869 fut crée l’université de Tokyo, précédent de trois ans l’institution de l’enseignement obligatoire. Vers 1875-1880, les philosophes européens majeurs tels que Nietzsche et Kant furent pour la première fois publiés. On vit, également vers le milieu de la seconde moitié du XIXe siècle, l’apparition d’un théâtre nouveau, basé sur le réalisme, qui supplanta le théâtre de nô (drame lyrique de caractère religieux), typiquement japonais, basé sur la tradition. La mode vestimentaire changea pour se mettre à l’heure de l’Occident (hauts de forme, gants et costumes). Les femmes nippones gagnèrent davantage d’autonomie et de liberté. Tous ces indices de changement apparaissent en filigrane de façon très instructive dans le film de Kurosawa. Egalement, fait déterminant, le port du sabre fut interdit à partir de 1876, sauf pour les officiers de l’armée. En 1889, Meiji-Tenno, ( nom posthume donné à  l’empereur Mutsu-Hito), avait déjà abolit le shogunat des Tokugawa ( famille noble japonaise qui donna, de 1603 à 1868, quinze shogun au pays du Soleil levant, autrement dit quinze dictateurs militaires) et commencé à réformer sérieusement les institutions féodales lorsqu’il accepta d’offrir au Japon sa première constitution de type moderne : Les privilèges féodaux furent abolis, les fiefs furent remplacés par des préfectures et les castes furent abrogées. Evidemment, derrière ce tableau enchanteur se cache un scepticisme de tous les jours, exacerbé par de nombreuses vagues d’idées réactionnaires, qui n’allèrent pas sans poser certaines difficultés d’ordre culturel. Ainsi la transformation ne se fit pas sans douleur et, dans bien des cas, sans regret.

              C’est donc dans ce climat où se joue le conflit des anciens et des modernes qu’apparaît l’avènement du Judo, ainsi que ses enjeux originels. Pour schématiser, il y a d’un coté le Ju-Jutsu et de l’autre, le nouveau judo. Et passer de l’un à l’autre n’est pas, comme nous allons le voir, une simple formalité. Souvenons-nous que le vieux Ju-Jutsu est l’art de la guerre le plus typique du Japon. S’il est impossible de dater avec précision l’apparition du Ju-Jutsu, on sait qu’il commença à prendre une certaine importance à partir du milieu de « l’Epoque de Muromachi » (1392-1573),  période qui correspond relativement, comme nous le disions plus haut, à ce que l’on peut imaginer d’un « Far West nippon », (c’est à dire luttes féodales incessantes, désordres sociaux et chaos urbains) ; et s’installa dans le paysage nippon tout au long de « l’Epoque Momoyama » (1578-1615). Pour l’essentiel, le Ju-Jutsu prit ses premières bases techniques auprès des méthodes de combat des Samouraïs, qui combattaient à l‘arme blanche, le katana. Mais il arrivait aussi que les guerriers soient désarmés. Ils combattaient alors à mains nues en projetant, disloquant ou étranglant. Au fil du temps, un certain nombre d’entre eux mirent au point des techniques de corps à corps, basées sur des notions d’esquives et de déséquilibres, ainsi que sur des connaissances anatomiques, qui leur permettaient de mettre leurs opposants définitivement hors de combat. Que ce soit avec ou sans arme, soyons précis, il s’agissait de terrasser physiquement son adversaire et cela, à cette époque, engendrait fréquemment la mort. Nous insistons sur cette donnée : le judo est né d’un besoin impérieux de rester en vie. De nos jours, on ne meurt plus sur les tatamis, même s’il arrive encore parfois malheureusement qu’un uchi-mata (Projection par l’intérieur de la cuisse) mal exécuté (tête dans le tapis) brise les cervicales du combattant et le condamne à un fauteuil roulant. Mais au XVIe siècle, pratiquer le Ju-Jutsu pouvait s’avérer être une activité mortelle. Néanmoins, dans la mesure où il s’agissait principalement de durer, on assista à cette époque à l’ouverture de quelques écoles spécialisées, reparties de manière éparse sur tout le territoire. Même si nous sommes encore loin de sa forme définitive, c’est précisément à ce stade que la colonne vertébrale du judo s’est dessinée.

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          Cependant, c’est durant l’époque suivante, dite « Epoque d’Edo » (1615-1868), que le Ju-Jutsu connaîtra son développement le plus hardi et le plus fécond. C’est aussi à ce stade que la fréquentation du dojo (littéralement, « le lieu où l’on apprend la voie. » (salle d’entraînement) vînt supplanter, comme peut le faire un placebo sur la psyché humaine, celle des champs de bataille.( La salle d’armes, en escrime, a connu un pareil phénomène). De nombreux samouraïs, de retour de campagnes et désœuvrés, s’orientèrent alors vers les dojos et diluèrent ainsi leurs méthodes de combat dans le vieux Ju-Jutsu. On dirait, de nos jours, que le « recyclage » de ces farouches batailleurs fut particulièrement difficile : formés dés leur plus jeune âge à cette orientation guerrière, ils ne savaient rien faire d’autre. Quelques uns s’obstinèrent dans leur mode de vie et tentèrent, sans succès, une rébellion. Pour la plupart, leur seule ressource fut souvent d’enseigner les arts martiaux, ce qui semblait plus compatible avec leur éducation, que de se livrer à des travaux manuels ou de tirer des « pousse-pousse », comme ce fut parfois le cas, ou même encore de donner à la nation ses premiers clochards. La main d’un héros ne tolère pas l’inactivité. Cette idée, et ses conséquences, se trouvent notamment illustrées dans la tragédie grecque par le thème du retour des héros de la guerre de Troie : ceux-ci, ayant toujours fait valoir leurs talents militaires sur le mode de l’excès, ne parviennent plus à se plier aux règles de la vie de la cité fondées sur la mesure. Des siècles plus tard, les samouraïs nippons connaîtront une pareille inadaptation. Dés-lors, le Ju-Jutsu ( ainsi que le judo dont il est la genèse ) peut être perçu comme un art d’équilibre : réussir le mariage improbable de l’excès et de la mesure. De cette façon, au moment où la guerre s’éloignait, les hommes la firent perdurer dans une configuration plus neutre et plus noble. Peut être pouvons-nous ici envisager le problème de la confrontation des vertus civiles et des vertus militaires pour expliquer cette tendance. En effet, en plongeant les hommes dans l’élément même de leur finitude tout en leur offrant brusquement la maîtrise de la vie d’autrui, la guerre est saisie comme un des lieux où se détermine l’idée de la vertu. Et ce terme de « vertu », nous allons le voir, est tout à fait fondamental quant à la constitution du Ju-Jutsu et la gestation du grand Judo.

          Tout d’abord, notons qu’il faut plutôt entendre ce terme à la manière de Machiavel, qui l’orientait dans le sens d’une volonté efficiente, qu’à la manière des stoïciens qui l’inscrivaient essentiellement dans une lutte contre les passions. Etymologiquement, la vertu (du latin classique virtus ) signifie « homme », « courage », « énergie morale » et, par extension, « pouvoir », « force », « principe d’efficacité ». Ainsi, au sens général, la vertu est une puissance active ou encore un pouvoir de faire. Connoté moralement, ce qui n’est pas rien lorsque l’on étudie un art du budo, ce pouvoir devient une détermination permanente à faire le bien et impose nécessairement un effort sur soi ( courage et maîtrise ). Toute vertu est donc une qualité de l’esprit qui implique courage et maîtrise de soi. Néanmoins, elle ne s’apparente pas à un principe rigide qui maintiendrait de force dans la voie du bien, ( les samouraïs n’en étaient d’ailleurs sûrement pas capables), mais à une force d’âme orientée dans le sens de la volonté efficiente et de l’effectivité. Et cette effectivité, pour un samouraï du Moyen âge c’est tout naturel, consistait à vaincre. Revenus de la guerre, les mains encore ensanglantées, les samouraïs transmirent cette vertu au Ju-Jutsu et à travers elle, comme à travers un filtre, ils mirent en place son véritable code moral, dont les piliers sont le courage et la maîtrise de soi. Le côté sauvage de la vertu étant dompté, on ne fera plus la guerre mais le sport. Aujourd’hui encore, et nous y reviendrons, le code moral du judo est très prégnant, tant lorsqu’il s’agit de le pratiquer que dans la vie de tous les jours. Le Ju-Justu et le judo sont ainsi des arts martiaux par excellence. De même, la recherche de l’efficacité s’avère primordiale. Mais bien sûr, en pleine « période d’Edo », et malgré cette avancée morale, nous ne sommes pas encore au point de parler d’élévation spirituelle. Autrement dit, nous n’avons pas à cette époque dépassé dans la technique le stade de l’efficacité visible en soi. Cependant, le XVIIe siècle nippon constituera bel et bien l’âge d’or du Ju-Jutsu. Celui-ci devenant progressivement l’un des éléments de la vie quotidienne des japonais de l’époque, au même titre que le « chanoyu » (la voie du thé) et l’ « ikebana » (art floral). De nombreux experts, samouraïs et maîtres d’armes, initiés au Ju-Jutsu autant qu’ils l’initièrent, fondèrent une floraison d’écoles portant leur nom et formèrent des élèves qui, à leur tour, ouvrirent des écoles. Selon la légende, les rivalités entre écoles, en ce temps-là, étaient monnaie courante et les techniques les plus efficaces devenaient aussi de véritables trésors gardés secrets entre les murs du dojo de telle ou telle école, l’effet de surprise assurant souvent la supériorité. ( C’est pourquoi il n’existe quasiment aucun document ancien décrivant ces techniques). D’incessants défis étaient lancés et, nous le répétons, leurs issues étaient souvent mortelles. La tradition voulait que les vainqueurs emportent avec eux l’enseigne de l’école des vaincus. Le dojo de ces derniers, discrédité, perdait alors presque tous ses élèves. Le Ju-Jutsu marquait les esprits. Dés lors, les techniques de combat progressèrent, gagnèrent en efficacité et s’affinèrent au point de jeter les bases définitives de ce qu’allait être le judo. Selon R.Habersetzer, (Petite Histoire du Judo, édition Amphora), l’école Tenjishinyoryu classa à cette époque les techniques de katame-waza (immobilisations), de shime-waza ( étranglements ) et de atémi-waza ( coups frappés ) qui seront le terreau sur lequel J.Kano érigera le judo moderne. De même, toujours selon R.Habersetzer, le principe de nage-waza ( projections ), principe de la souplesse, était la base de l’école Yoshin-ryu ( école du cœur de saule ), fondée par Shirohei Akiyama. Humblement, nous n’entrerons pas ici plus en avant dans les détails technico-historiques du vieux Ju-Jutsu. Simplement, puisqu’il s’agit de situer la genèse du judo, rappelons brièvement que « l’ère Meiji », en 1867, allait bouleverser les traditions féodales, et par là même, mettre fin à la Belle Epoque du vieux Ju-Jutsu.

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            Le début de « l’ère Meiji » fut une période sombre pour les arts martiaux puisque l’Empire du Soleil levant s’ouvrait à toutes les influences étrangères et rejetait ses propres traditions. La vague de modernisme supplanta les arts conventionnels et folkloriques comme le Ju-Jutsu et beaucoup d’écoles dont le prestige avait disparu durent fermer. C’est à ce stade de l’histoire qu’apparaît la figure de Jigoro Kano (1860-1938), dont on salue toujours le portrait en début et en fin de chaque leçon dans n’importe quel dojo du monde. Si l’on scrute le cliché, qui date de la fin de sa vie, on voit un petit homme au visage bien dessiné, sans âge,  de type japonais, arborant une moustache blanche comme ses cheveux, qui fixe l’objectif d’un regard serein, d’une intensité presque intimidante mais néanmoins bienveillante. On se dit que ce regard n’a manifestement pas cillé souvent. Le port de tête et la rectitude des épaules sont d’une étonnante rigueur. C’est, en un mot, la figure du père. On le présente volontiers comme un homme à forte personnalité, de nature chétive, universitaire, éducateur hors normes, philosophe et idéaliste.( En plus d’être le père fondateur, l’obstétricien du judo, J.Kano est connu pour avoir été Conseiller au Ministère de l’Education Nationale et Professeur à l’école Normale Supérieure, ce qui révèle ses ambitions, ainsi que pour avoir offert au Japon le Base-Ball professionnel dont il est aujourd’hui si friand, ce qui témoigne de son ouverture d’esprit.). Jigoro Kano est né le 28 octobre 1860 au village de Mikage dans le département de Hyogo. La date de naissance exacte de Jigoro Kano est en fait le 28ème jour du 10ème mois 1860. Le calendrier grégorien n’était pas en vigueur au Japon à cette époque. Il a sept ans lorsqu’abdique Yoshinobu, le dernier shogun de la dynastie Tokugawa dont nous parlions plus haut. A seize ans, il ne mesurait que 1,55m et ne pesait pas plus de 45 kg. On l’imagine ainsi, enfant, toujours battu au cours de ses querelles avec ses camarades, lorsqu’ils en venaient aux mains.

            La légende que l’on aime rapporter aux petits judokas, et il est vraisemblable que ce récit ne soit pas autre chose, raconte qu’en hiver 1882, alors que la neige recouvrait d’un blanc manteau le Japon et qu’il n’était qu’un jeune étudiant à la faculté, Jigoro Kano méditait devant le spectacle de lourds flocons qui tombaient sur les arbres. En observant avec beaucoup d’attention les branches chargées de neige, il constata que les plus grosses avaient tendance à casser sous le poids de l’agresseur naturel, tandis que les plus souples, pliant elles aussi sous ce même poids, s’en débarrassait en un mouvement de retour et le rejetait en se dépliant. Ce fut sans doute une illumination pour le petit étudiant japonais lorsqu’il fit le constat suivant : le plus souple peut vaincre le plus fort. Le Judo était né. Ju-Do : un terme composé de deux mots. D’une part, « ju », qui renvoi au principe de la souplesse, aussi bien physique que mentale, déjà présent dans le Ju-Jutsu, et d’autre part « do », qui évoque la voie, le chemin à parcourir. Et c’est précisément ce suffixe « do » qui allait poser problème en symbolisant un changement d’orientation spirituel déterminant par rapport au Ju-Jutsu dont il est issu. En effet, en remplaçant le « jutsu », qui signifie l’art de la technique, par le « do », qui rappelle la voie vers la perfection, Kano voulait métamorphoser l’art de l’agilité en voie de l’agilité, provoquant ainsi une césure avec les mœurs en place. (Rappelons qu’au fur et à mesure des quatre siècles précédents, le Ju-Jutsu s’était installé dans la vie et la mentalité du peuple nippon). Or, envisager ce changement revenait à rompre avec une certaine tradition selon laquelle les techniques devaient demeurer secrètes, le « do » induit par Kano impliquant la possibilité d’un enseignement, ou plus précisément d’une initiation. Ainsi Kano avait-il pour dessein de former une nouvelle jeunesse et le judo était son instrument. Il passait donc à l’époque aux yeux des traditionalistes pour un instructeur intello, un jeune prétentieux moderniste, un ramenard progressiste qui voulait enseigner aux classes laborieuses l’art du combat au corps à corps et éventer tous leurs secrets. Le judo était alors considéré comme profane, mettant outrageusement à disposition des plus faibles les connaissances spéciales qui permettent de vaincre les plus forts. C’est pourquoi, loin de l’image idyllique de la légende des branches souples sous la neige, il faut voir dans la naissance du judo un enjeu politique.

              Revenons donc au début de l’histoire, en 1877. Jigoro Kano est adolescent, il a à peine 17 ans et débute des études de sciences politiques et économiques à l’université impériale de Tokyo. Dans le même temps, recommandé par un des ses condisciples, Teinosuke Yagi, il se rend auprès du sensei Hachinosuke Fukada pour s’initier au ju-jutsu de l’école Tenjin-Shinyo, fondée par Iso Mataemon. (Maître Iso Mataemon était en ce temps là était un véritable mythe à lui tout seul, reconnu et admiré pour son immense science du combat. La légende, qui fit beaucoup pour sa popularité, raconte qu’aidé par un seul de ses disciples, Mataemon, dans un combat à cent contre un, décima une troupe entière de mercenaires qui rançonnaient les campagnes. M. Fukada était un maître de caractère viril, très fort dans ses projections, et qui ne donnait que peu d’explications. Il enseignait par l’exemple et ses élèves devaient comprendre par eux-mêmes). Cette méthode convenait parfaitement à Kano. (Par la suite, le jeune homme fréquentera d’autres écoles). Parallèlement à cet engouement pour l’art de combat traditionnel nippon, Kano développe un intérêt grandissant pour d’autres disciplines sportives, à consonances plus occidentales, nouvellement accessible sous « l’ère Meiji ». Il faut dire que la curiosité était une constante chez lui. Ainsi, il eut à cette époque l’occasion de pratiquer le base-ball, l’aviron et la gymnastique. En 1878, nous y faisions allusion au paragraphe précédent, J.Kano créa le Kasei Base Ball Club, autrement dit le premier club professionnel du Japon. Il n’a que 18 ans. Il est très doué pour le ju-jutsu et fait l’honneur de son école. On rapporte qu’au cours d’un combat avec un élève très fort de 75 kg, - soit 27 kg de plus que lui - , nommé Kenkichi Fukushima, Kano le projeta avec un mouvement que personne jusqu’alors ne connaissait : se plaçant sous Fukushima, Kano passa son bras gauche contre la cuisse gauche de son adversaire par l’intérieur, tout en le tirant au-dessus de lui avec son bras droit. Il le fit ainsi rouler autour de ses épaules et basculer sur le côté. Kano venait d’inventer Kata-guruma. Ce combat amena une confirmation supplémentaire pour Kano : le plus agile pouvait triompher du plus fort. Ainsi redoubla-t-il d’efforts, s’entraînant plusieurs fois par jour jusqu’à très tard le soir. C’est de cet acharnement que lui valut le sobriquet, devenu célèbre, de « Kano mankinko » (Mankinko signifie pansement). Comme nous allons le voir, l’explication de ce surnom n’est pas sans intérêt. En effet, à cette époque, le vêtement utilisé pour la pratique du ju-jutsu n’est pas encore le judogi mais le « keikogi », qui avait des manches s’arrêtant au-dessus des coudes et des culottes courtes coupées à mi-cuisse. De ce fait, Kano avait en permanence des ecchymoses et des brûlures aux coudes, aux genoux, aux jambes et aux pieds, qu’il soignait avec un pansement approprié, le mankinko. Excédé par ses blessures à répétition et inexorables, Kano en vînt à modifier le keikogi afin qu’il protège mieux le corps, et créa ainsi le judogi tel que nous le connaissons actuellement.

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              L’année suivante, en 1879, maître Fukada décède à l’âge de 52 ans. Selon la tradition, c’est au meilleur disciple de l’école, J. Kano, qu’est revenu l’honneur de recevoir en héritage tous les livres et documents du senseï. Dans une lettre testament, maître Fukada nomme J. Kano « menkyo kaiden », c’est à dire qu’il lui octroie le droit d’enseigner. Kano poursuivra son propre apprentissage dans la même école auprès de Masatomo Iso, le fils adoptif de Iso Mataemon, jusqu’en 1881 et la mort de ce dernier. J.Kano se perfectionnera encore un an sous la houlette du sensei Tsunetoshi Likubu. Et durant toute cette période, il établira une véritable fusion des anciennes techniques du ju-jutsu, qu’il modifiera plus ou moins à la lumière de ses observations et de ses premières expériences. Autrement dit, Kano effectua un véritable travail d’analyse, de réflexion et finalement d’accoucheur, de maïeuticien, en élaborant non seulement une synthèse personnelle du vieux ju-jutsu, mais aussi, et peut être surtout, en réalisant que le nouveau judo pouvait s’avérer être bien plus qu’un simple combat physique, aussi technique soit-il, et devenir une véritable méthode d’éducation intellectuelle. Plus précisément, la caractéristique même du judo élaboré par Kano est de prendre prétexte de la confrontation physique pour permettre un réel examen sur soi et une méthode de vie basée entièrement sur la souplesse. Ainsi ce principe de portée générale, la meilleure utilisation de l’énergie physique et mentale ( « Seiryoku Zen Yo »),  englobe-t-il, en fait, toutes les activités humaines. C’est pourquoi le judo correspond à une étude, à un procédé d’entraînement applicable à l’esprit et au corps aussi bien en ce qui concerne la direction de sa vie privée que la direction de sa vie professionnelle. Selon J.Kano, d’autres moyens peuvent être utilisés pour cultiver ce principe, mais il précisait aussi que s’il avait choisit le judo, c’est parce qu’il permettait dans le même temps de rendre le corps de ses élèves sain, fort et utile.

               Mais revenons à ce mois de février de l’hiver 1882 où Kano créa le judo du Kodokan (judo de « l’institut du Grand Principe). Il n’avait pas encore fêté ses vingt-deux printemps lorsqu’il ouvrit son premier dojo dans le modeste temple bouddhique d’Eisho-ji, dans la banlieue de Tokyo, sur une surface de douze tatamis, soit environ vingt mètres carrés. Le nouveau judo qu’il proposait était débarrassé de l’esprit féodal des vieilles écoles de Ju-Jutsu.  Il s’accompagnait d’un système d’entraînement innovant, basé principalement sur la souplesse, le déséquilibre et l’art de la chute, (ukémi), mais surtout sur la réflexion. De plus, les techniques d’atemi-waza (coups portés), jugées peu en rapport avec la philosophie développée par Kano, furent bannies de son enseignement. Nous l’avons vu avec l’étymologie du terme « ju-do », c’est à un véritable parricide auquel nous avons à faire. On peut avoir peine, de nos jours, à prendre la pleine mesure du culot et de l’audace dont à fait preuve J.Kano lorsqu’il décida d’ouvrir cette école, sans aucun lien avec les écoles traditionnelles et sans aucun soutien officiel. On l’imagine aisément, petit homme vigoureux sous le froid hivernal, accrochant plein d’espoir et de malice la pancarte calligraphiée « Kodokan » sur l’un des murs du petit temple bouddhique, puis attendre sereinement que se présente son premier disciple en regardant la neige tomber. Mais laissons là l’imagination pour retrouver les faits. Le premier élève à bénéficier de son enseignement se nommait Tomita Tsunejiro et il s’inscrivit le 5 juin 1882, soit à peu près quatre mois après l’ouverture du Kodokan. Kano avait eu raison de ne pas renoncer. Deux mois plus tard, en août 1882, le Kodokan  comptera six élèves lorsque Shiro Saïgo le fameux « Sugata Sanshiro » mis en scène par A. Kurosawa dans le film qui nous intéresse, vînt à son tour s’y inscrire. Il deviendra le meilleur élève de maître Kano. Arrêtons-nous un instant sur cette nouvelle grande figure du nouveau judo qu’est Shiro Saïgo. Adapté du roman éponyme de l’écrivain Tsuneo Tomita, qui retrace l’avènement du judo et les premiers exploits de J.Kano et de son jeune disciple Shiro Saigo, rebaptisés Shogoro Yano et Sugata Sanshiro pour les besoins de la fiction, le film de Kurosawa impose d'emblée le réalisateur comme un génie du septième art; par exemple, La Légende du Grand Judo innaugure dans l'histoire du cinéma la technique du ralenti dans les films de combats, ce qui n'est pas rien. Pour l’anecdote, Tsuneo Tomita, l’auteur, était le fils de Tomita Tsunnejiro, qui fut lui-même le tout premier disciple de J.Kano, ce qui tend à garantir une certaine véracité de l’histoire rapportée. Notons en outre que dés la parution du roman, en 1942, A.Kurosawa, à l’époque jeune cinéaste aux dents longues, s’est battu avec beaucoup d’ardeur pour en obtenir les droits. Il transposera l’œuvre à l’écran deux fois en tant que réalisateur : en 1943 avec « La Légende du grand Judo », et en 1945 avec « Zoku Sugata Sanshiro », puis une troisième fois encore en 1965 en qualité de post-producteur avec « Sugata Sanshiro », synthèse des deux précédentes adaptations. Pour finir, signalons que d’innombrables versions du roman « Sugata Sanshiro » furent transposées à l’écran par une flopée de réalisateurs japonais, mettant ainsi en évidence l’une des caractéristiques les plus typiques du cinéma nippon d’après-guerre, à savoir son besoin délirant de reproduire différentes versions d’un même mythe.

 

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       Les historiens et chroniqueurs du judo s’accordent à dire que Shiro Saïgo (Sugata Sanshiro) est né en 1866 dans l’ancien fief d’Aizu. Il n’était donc que de seulement six ans le cadet de J.Kano. Nous ne savons pas grand chose de sa prime jeunesse. Nous le retrouvons à l’âge de quinze ans, en août 1882, à Tokyo où il s’inscrit au Kodokan. Très rapidement, le jeune élève s’avère extrêmement doué naturellement. Sa compréhension de ce nouvel art est instinctive. Sa petite morphologie (il ne fut mesurer qu’à 1,55m pour environ 55 kg) et son centre de gravité très bas s’adaptant idéalement à la discipline. Il possédait, comme on dit, une forme de corps parfaite lors de l’exécution des mouvements. Il fut d’ailleurs le seul à son époque à maîtriser la technique yama-arashi (« tempête dans la montagne »), sorte de hanche balayée très haut qu’il pratiquait à gauche. Dés son arrivée au Kodokan, on le surnomma « le chat » pour sa faculté extraordinaire à se retourner dans l’espace afin d’éviter la chute et se réceptionner sur les pieds ou sur le ventre. Il est certainement à ce titre l’inventeur de « la chute spatiale », couramment utilisée de nos jours, qui consiste en ce que Uke fasse une volte-face et se réceptionne sur les mains à la manière d’une « pompe » lorsque Tori  l’attaque sur un mouvement arrière. Outre cette pléthore de talents, la rumeur, et nous pensons qu’elle est fondée, prête à Shiro Saïgo un goût certain pour le saké ainsi qu’une relative accoutumance à son égard. Quoiqu’il en soit, en août 1883, soit un an après son arrivée sous la tutelle de J.Kano, Shiro Saïgo devient, en compagnie de Tsunejiro Tomita, le premier 1er dan de Judo. Il deviendra 2èm dan au mois de novembre de la même année. En août 1885, il est nommé 4èm dan sans avoir à passer le 3èm dan, et obtiendra le 5èm dan en janvier 1889, après environ sept années d’initiation. Avant même cette date, il était déjà devenu une légende. Figure emblématique et chef de file du Kodokan, il avait dû livrer de nombreux combats revanchards contre différentes écoles de Ju-Jutsu, afin de sauvegarder l’honneur et le statut du judo, (il s’agit toujours de survivre et de durer), et il avait toujours triomphé. Rappeler qu’à cette époque, le système des catégories de poids n’était pas encore inventé permet de mieux mesurer l’ampleur de l’exploit réalisé par Shiro Saïgo en restant invaincu, comme de comprendre l’énorme popularité dont il bénéficiait. Imaginez donc ce que pouvait être le contraste des gabarits lorsque les deux combattants se retrouvaient face à face pour se saluer,  - Shiro Saïgo ne pesant jamais plus de 55 kg -, et que sous les yeux d’un public médusé était réactualisé le mythe de David et Goliath. Un passage du film rend compte de cette popularité lorsque Kurosawa fait entendre par la bouche des enfants du village une chanson en l'honneur de Sugata, ce qui est un fait authentique. De septembre 1889 à janvier 1891, Jigoro Kano va s’absenter pendant 14 mois pour un voyage en Europe. Il décidera alors de confier les clefs du Kodokan à son meilleur disciple. Seulement, en mai 1890, Shiro Saïgo déserte « l’Institut du Grand Principe ». Nous aurions ici aimé écrire la suite d’un grand et singulier destin, jonché d’honneurs et d’intrépidité, mais il n’en est rien. Nous savons simplement de Shiro Saïgo qu’il fut, plus tard, sous-directeur d’un journal basé à Nagasaki. Il décédera en 1922 à l’âge de 57 ans. J.Kano lui remettra le 6èm dan à titre posthume et dira de lui dans l’épitaphe qu’il rédigea : « Sa compréhension des techniques reste incomparable. Personne, parmi les millions de pratiquants qui suivirent sa voie, ne parvînt à surpasser la maîtrise de Shiro Saïgo. » (Extrait de l’Epitaphe écrite par Jigoro Kano).

              Reprenons le fil de notre histoire. Nous sommes en 1883 et le Kodokan de Kano a à peine un an d’existence. Dans l’étroit dojo, la violence des chutes de la petite dizaine d’élèves qui s’exerce sur les tatamis soumet à la torture la solidité des fondations du vieux bâtiment. Rapidement, il fallut construire un autre dojo, à l’extérieur cette fois-ci. C’est M. Tatsura, alors sous-secrétaire au ministère de la guerre, qui aida J. Kano à louer une maison qui appartenait à l’armée, dans la rue Masogo, où fut installé le dojo. Trois ans plus tard, en 1886, les dix élèves sont devenus cent et le Kodokan dut ainsi déménager plusieurs fois. En 1888, grâce à la ténacité de Kano, la première démonstration officielle de judo eut lieu au Kodokan en présence de M. Enomoto, ministre de l’éducation, et d’illustres personnalités japonaises et étrangères furent alors convaincues des qualités éducatives et pédagogiques du judo. En 1889, l’Institut comptera 600 élèves. (En l’espace de sept années, le dojo était passé de 12 tatamis initiaux à 167 tatamis). C’est précisément durant cette période, de 1886 à 1889, que la suprématie du judo allait définitivement s’établir à Tokyo. Il faut dire qu’en marge de fréquents défis, le grand tournoi opposant les représentants du nouveau Judo à des combattants sélectionnés par le Yoshin-ryu-ju-jutsu y fut pour beaucoup, puisqu’il vît l’écrasante et symbolique victoire des partenaires de Shiro Saïgo. Le séculaire Ju-Jutsu était dépassé. Une nouvelle époque allait naître.

 

 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 15:30

 

   Discipline hautement cinégénique, la boxe est à ce jour le sport le plus représenté sur le grand écran. En soi, la boxe constitue un sport et un divertissement spectaculaire, certes, mais aussi un sport extrême dans la mesure où celui-ci  est susceptible d’entraîner la mort. Ne serait-ce que cela suffit à en faire un bon sujet pour le cinéma ; Eros et Thanatos étant, pour l’éternité, les deux mamelles qui nourrissent les cinéphiles. Mais surtout, si le noble art se prête si bien au 7ème art, c’est parce que tous les ingrédients de la tragédie y sont réunis. En effet, la tragédie comme la boxe sont caractérisées l’une et l’autre par des spécificités de structures très similaires. Ainsi, dans la plupart des cas, le parcours d’un boxeur constitue à lui seul un séquencier ou un synopsis assez riche et bien agencé pour faire recette dans les salles, comme les odyssées et les aventures des héros grecs  remplissaient en leurs temps les théâtres antiques. Le jeune boxeur débute son parcours par une initiation, non seulement des rouages de sa discipline mais aussi et surtout de certaines valeurs morales et humaines. Puis vient l’ascension vers la gloire, le haut de l’affiche et les titres. Vient ensuite l’heure de la défaite, de la déchéance, de la mort même et, parfois, de la rédemption. A proprement parler, il semblerait que l’itinéraire d’un boxeur, à l’instar de celui du héros tragique, s’apparente bien plus à un destin qu’à une histoire. Destin dont la fin est souvent inéluctable. A ce titre, Nous avons gagné ce soir (The Set-up) de Robert Wiise et surtout Raging Bull de M. Scorsese constituent à mon sens les deux films de boxe qui illustrent le mieux cette perspective tragique. Du Sophocle ou du Euripide, mais avec de gros pains dans la tronche.

   En outre, au-delà de la force narrative et visuelle qu’offre ce sport, la boxe est surtout une thématique sous forme d’alibi afin de mieux en envisager d’autres, une « thématique-gigogne » qui sert de support officiel mais renferme majoritairement une pluralité d’autres champs d’investigations cinéphiliques, lesquelles sont souvent au moins aussi importants que la boxe elle-même. Ainsi la trame du film Rocky de John G. Advilsen s’articule-t-elle autour d’une chronique sociale et d’une histoire d’amour. De même pour Sang et Or (Body and Soul) de Robert Rossen ou pour Plus dure sera la chute (The Harder They Fall) de Mark Robson, qui sont sans doute davantage des films de gangstas que des films de boxe. Même constat pour Million Dollar Baby de Clint Eastwood qui traite principalement du combat contre la maladie, au point de reléguer le ring au second plan. On pourrait multiplier les exemples tant ils sont nombreux.

Ceci dit, voici une liste chronologique mais non exhaustive de longs-métrages traitant du noble art. De quoi prendre du cinéma plein la face :

 

Les Lumières de la ville (City Lights), de Charlie Chaplin – 1931

5867Afin d’aider la jeune et jolie fleuriste aveugle dont il vient de tomber amoureux, Charlot tente, en se lançant dans la boxe, de gagner l'argent nécessaire pour que la jeune femme se fasse opérer et recouvre la vue. C’est beau, hein ? City Lights et Les Temps Modernes (1936) constituent les deux  derniers longs-métrages muets de Chaplin. Ici, film muet mais néanmoins sonore, la boxe s’apparente à un ballet chorégraphié totalement burlesque, à une danse comique où la pantomime du boxeur Charlot fait naître rires et émotions.

 

 

Gentleman Jim, de Raoul Walsh – 1942

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Biopic du célèbre boxeur américain d'origine irlandaise, James J. Corbett, surnommé "Gentleman Jim" (interprété par Errol Flynn), ce film nous donne à voir une ascension sociale fulgurante par le biais de la boxe, ce qui ne manquera pas d’agacer certains membres influents du prestigieux Club Olympique… De l’aveu même du réalisateur (à qui l’on doit, entre autres, La Grande Evasion et Les Implacables), il s’agit là de son film préféré. Le fait que Raoul Welsh, lorsqu’il était minot, ait serré la paluche du grand boxeur qu’était Jim Corbett, n’y est sans doute pas pour rien.

 

Sang et Or (Body and Soul), de Robert Rossen – 1947

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Charlie Davis, c’est le genre de gars qui n’est pas né sous une bonne étoile : son père est mort, sa mère est extrêmement possessive, sa petite amie est limite suicidaire, ses potes se font assassinés, bref ce n’est pas la joie de vivre. Alors comment s’en sortir ? Par la boxe pardi ! Body and Soul, c’est avant tout un film d’une épaisse noirceur qui nous plonge dans les dessous véreux de la boxe-business. Pour la petite histoire, on pourra noter que certaines scènes de combat ont été tournées sur des patins à roulettes.

 

 

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), de Robert Wiise – 1949nous avons gagne ce soir,0

Bill Thompson est un boxeur sur le déclin mais qui refuse de se coucher lors d’un combat arrangé. Contre toute attente, il met son adversaire K.O. Avant d’être une victoire avec les gants, c’est surtout une victoire de l’amour-propre. Toutefois, il va maintenant lui falloir faire face aux conséquences… Tarantino lui-même le laisse entendre, ce métrage lui aurait inspiré le personnage de Butch Coolidge (Bruce Willis) dans son film Pulp Fiction.

 

 

Le Champion (Champion), de Mark Robson – 1949

18455789-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20051024 042152L’histoire, très classique aujourd’hui mais assez neuve à l’époque, de Midge Kelly (Kirk Douglas), un gars qui utilise ses poings pour sortir de la misère. Séduit par les encouragements de la foule, l'argent et le papillonnement de jolies blondes autour de lui, Midge devient peu à peu le héros du public mais une crapule dans sa vie privée. Egocentrique, orgueilleux et dur, il décède d’une attaque cérébrale après être devenu champion du monde. Splendeur et décadence, véritable tragédie, le ton du film est plutôt désespéré.

 

Le Baiser du tueur (Killer’s Kiss), de Stanley Kubrick – 1954 

le baiser du tueur,0Killer’s Kiss, deuxième long-métrage de S. Kubrick (petit budget, d’où les 67 minutes), raconte l’histoire de Davy Gordon, boxeur miteux, qui se retrouve aux prises avec un parrain de la mafia pour lui reprendre coûte que coûte la femme qu'il aime... Quand le film de boxe sert de prétexte au thriller. A mon humble avis, ce n’est pas le meilleur Kubrick loin de là, mais la scène de combat dans l'usine à mannequin est assez mémorable. A bien y regarder, ce film contenait déjà en germes certaines thématiques et de nombreuses qualités techniques qui marqueront la filmographie du maître.

 

Plus dure sera la chute (The Harder They Fall), de Mark Robson – 1955

18869310-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070907 032742Ce film est globalement inspiré de la vie du boxeur italien Primo Carnera qui connut la « malchance » de voir une bonne partie des gains amassés lors de sa carrière être récupérée par son manager corrompu. Lorsque Carnera arrêta sa carrière, il était ruiné. (Il tenta par la suite de se reconvertir dans le métier d’acteur). Le réalisateur Mark Robson, qui décidemment aimait beaucoup la boxe – Cf Le Champion – remet le couvert et nous donne donc à voir l'histoire de Toto Moreno, poids lourd argentin assez quelconque sur le ring, victime du système corrompu du monde de la boxe. Au passage, du grand Humphrey Bogart en journaliste sportif peu scrupuleux.

 

Requiem pour un champion (Requiem for a Heavyweight), de Ralph Nelson – 1961

requiem pour un champion,1Requiem for a Heavyweight est l’adaptation cinématographique et éponyme du téléfilm à succès des années 60 dans lequel l'immense Jack Palance jouait le rôle de Harlan "Mountain" McClintock. Ce rôle dans la version de R. Nelson, se verra confié à Anthony Quinn, tout aussi immense. L’histoire est la suivante : à bout de souffle après une longue carrière, le poids lourds « Moutain » Rivera est mis K.O. par Cassius Clay. Gravement blessé à l'œil, il doit raccrocher les gants sous peine de perdre la vue. Avec l'aide de son fidèle soigneur, il se lance alors dans une reconversion dans le catch, ce qui, soulignons-le, était monnaie courante chez les boxeurs américains durant cette période.

 

La Dernière chance (Fat City), de John Huston – 1972

19284707-r 75 106-f jpg-q x-20100311 035942Quelque part en Californie, Billy Tully est un ancien boxeur devenu alcoolique après la mort de sa femme. Aidé d’un de ses amis,  il tente un come-back sur le ring... Le come-back, voilà bien une donnée récurrente dans l’univers du noble art. Dans la réalité, rares sont les boxeurs qui ont réussi à faire fortune. La plupart, arnaqués de tous bords ou insouciants, finissent dans la misère. C’est pourquoi, au risque de mettre leur vie en péril, ils tentent souvent de revenir pour palper quelques cachets (Georges Foreman aux USA et les frères Tiozzo en France, pour ne citer qu’eux.). Et oui, au propre comme au figuré, la boxe peut se révéler être un fameux « gagne-pains ». Dans tous les cas, John Huston, boxeur émérite, connait bien son affaire et en fait ici l’éclatante démonstration..

 

Rocky, de John G. Advilsen – 1976

rocky,0Adriaaaaaaannnnn !!! Attention, on touche ici à la série de mon enfance. Après avoir regardé un Rocky (mais ça marchait aussi avec un Bruce Lee), impossible de ne pas se bastonner un peu avec les potes. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu les re-voir et saigner du nez. Bref, affirmer que le 1er Rocky est le meilleur de la série est une lapalissade mais je le dis quand même. Ce film a définitivement posé les jalons du film de boxe et servira pendant de nombreuses années d’étalon (italien) en la matière. On précisera tout de suite que le personnage de Rocky est directement inspiré de Chuck Wepner, un honnête poids lourds américain devenu célèbre dans le monde de la boxe pour avoir tenu 15 rounds face à Mohamed Ali le 24 mars 1975 avant finalement de s'incliner par K.O. technique. Tout le monde connait l’histoire : Rocky est un looser et son avenir se résume plus ou moins à casser des pouces pour le compte du caïd du quartier. Toutefois, le destin veut que le champion du monde des poids lourds, Apollo Creed, le choisisse comme lucky-opponent pour son prochain combat. Rocky y voit la chance de sa vie. Pendant son entraînement, il file le parfait amour avec Adrian, femme timide mais alors très timide, et pas jojo ni fute-fute, que Rocky voit comme une beauté cachée. Tandis que le jour du combat approche, leur amour s’épanouit, donnant à Rocky la force et le courage nécessaires pour un tel défi. Qu’importe la décision des arbitres, la victoire sera celle des sentiments et des émotions. Au-delà du film de boxe, qui n’occupe pleinement que le dernier ¼ d’heure, ce long-métrage est avant tout une chronique sociale (les chanteurs de Rythm’n Blues au coin de la rue, entre autres), une réflexion sur la solitude ainsi qu’une authentique histoire d’amour consistant à découvrir ou redécouvrir son partenaire sous le masque des apparences. Y’aura pas de revanche, qu’i disait…

 

Rocky II : La Revanche, de Sylvester Stallone – 1979

rocky ii la revanche,0On prend les mêmes et on recommence. Rocky est l’un des tout premiers films dont le succès commercial fut tel qu’il engendra une suite plus ou moins clonesque. Il faut le dire, techniquement parlant, Rocky est mauvais boxeur. A part un cœur gros comme ça et un mental de kamikaze, son jeu de jambes et ses déplacements sont risibles, sa garde fantomatique, ses coups prévisibles et dangereux pour lui-même (les blessures musculaires les plus fréquentes en boxe proviennent de coups lâchés dans le vide) et ses esquives sont… euh, non pardon…, Rocky n’esquive pas. Il fonce tête baissée, aux antipodes de ce qui est enseigné dans les écoles de boxe. On n’est pas loin là d’un certain mépris pour le spectateur dans les coups portés et dans l’exhibition. Bref, un kangourou borgne pourrait l’exploser. Pourtant, dans Rocky et Rocky II, la magie pour moi opère bel et bien, même si les dernières secondes du combat final sont un peu capilotractées.

 

Tendre Combat (The Main Event), d’Howard Zieff – 1979

19345477-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100319 125513Bienvenue à nanar-land. Ce film me colle le bourdon tant il est mauvais. D’ordinaire, les nanars, on les regarde au second degré en se marrant, mais là ça ne marche pas. Pensez donc, Barbara Streisand (parfumeuse devenue manager) vs Ryan O’Neal (boxeur qui refuse de prendre des coups par peur d’abîmer sa belle gueule) moulés l’un et l’autre dans des combis totalement surréalistes de couleur mauve (me rappellent Jesus, le joueur de Bowling de The Big Lebowski). On est ici plus proche de la série Fame que du film de boxe. Tout ça pour narrer une histoire d’ « amour vache ». Le scénario n’est pas crédible, les acteurs sont nuls, les dialogues idiots, la photo pourrie, même l’affiche est à débagouler.

 

Raging Bull, de Martin Scorsese – 1980

18957537-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20080702 120633ATTENTION, PUR CHEF D’OEUVRE !!!

Inspiré de Comme un Taureau Sauvage, les mémoires du boxeur Jack La Motta (publiées en 1970), ce film est tout simplement indispensable, tant pour les amateurs de boxe que pour ceux qui n’y entendent goutte. Pour éviter toute forme de répétition, je renvoie mon cher lecteur à l’article consacré au film rédigé sur ce blog : RAGING BULL , de M. Scorsese – Le Cinéma en pleine tronche

 

Rocky III : L’œil du tigre, de Sylvester Stallone – 1982

rocky 3 l oeil du tigre,0« Il t’est arrivé ce qui peut arriver de pire à un boxeur : tu t’es embourgeoisé. » Bon, Rocky se la coulait douce mais il doit se remettre en question parce que Clubber Lang Barracuda (Mister T) est furax et veut lui ravir le titre. Qui plus est, Clubber Lang est plus ou moins responsable de la mort de Mickey, le vieux et fidèle coach de l’étalon italien. C’est donc son ancien adversaire Apollo, désormais un ami de la famille Balboa, qui tiendra le rôle d’entraîneur. Ici, c’est l’honneur du champion qui est en jeu, ainsi qu’un parfum de vengeance que l’on retrouvera dans l’épisode suivant. L’œil du tigre mec ! On soulignera que d’un Rocky à l’autre, la musculature du héros se transforme entièrement. Plutôt molle dans le premier film, sa musculature dés le troisième volet est celle d’un professionnel acharné du body-building. Or, de manière peut-être pas systématique mais assez générale, ce type de morphologie musculaire est déconseillé chez les boxeurs. Les muscles serrés, épais, tassés sur eux-mêmes ne possèdent aucune souplesse et se tétanisent très vite et durablement, les jambes se fatiguent également beaucoup plus vite.

 

L’As des As, de Gerard Oury – 1982

18866819-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070907 030624A l'occasion des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, dans une Allemagne vivant sous le régime nazi d’Hitler, Joe Cavalier (ça doit être cool de s’appeler ainsi), entraineur de l'équipe française de boxe, se rend en train dans la capitale accompagné de ses "poulains".  Durant le voyage il prend en charge un enfant de dix ans, Karl, un petit juif, poursuivi par la Gestapo.  Des jetons en veux-tu en voilà, mais pas tant de boxe que cela dans ce film. Au demeurant, ne serait-ce que pour la bobine de Bebel, poings serrés sur l’affiche, le film méritait de figurer sur cette liste. A noter qu’un bref résumé du célèbre documentaire Les Dieux du stade (1938) de Leni Riefenstahl est inséré dans le film.

 

Rocky IV, de Sylvester Stallone – 1985

19209428-r 75 106-f jpg-q x-20091207 063559Sur un plan historico-politique, en plein cœur de la guerre froide, ce film est un pur produit de propagande US qui met en exergue la belle morale ricaine. Ivan Drago, colosse russe à la puissance démesurée, porte un coup fatal à Apollo Creed, le pote de Rocky, lors d’un match exhibition. Une nouvelle fois, l’étalon italien doit faire face à la mort d’un proche et le venger. Considéré aujourd’hui comme un nanar intégral, il a pour moi une valeur sentimentale proche de celle que j’accorde aux vieux T-shirt élimés que je porte pour dormir. USA vs URSS, bloc ouest vs bloc est. Ce n’est plus seulement l’honneur de l’homme ou du champion qui est en jeu mais l’honneur de la nation toute entière. Ainsi le drapeau américain est-il omniprésent, James Brown en fait des tonnes sur Living in America, les camarades Popov sont très méchants, z’ont tué Appolo et se prétendent les meilleurs (un plan rapide montre Ivan Drago recevoir une injection, idée subliminale d’un dopage aux stéroïdes). Bref, Rocky et  les américains doutent mais, en se repliant sur eux-mêmes, vont trouver les ressources pour triompher de l’adversité. Dans le fantasme US, même les russes applaudissent leur courage et leurs valeurs à la fin du film. En définitive, ce n’était pas le peuple russe qui était méchant, seulement leurs dirigeants politiques.

 

Homeboy, de Michael Seresin – 1988

19175622-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20090928 025545L’histoire d’un boxeur rincé, Johnny Walker (Mickey Rourke), qui a multiplié les combats sur le ring et détruit sa santé sans jamais connaître la gloire. Réfugié dans une station balnéaire, l’amour s’offre à lui sous les traits d’une femme nommée Ruby tandis qu’il se lie d’une profonde amitié avec un petit truand, Wesley Pendergrass (Christopher Walken, génialissime comme toujours) avec lequel il se lance dans la cambriole. Rapidement, Walker va devoir choisir entre l’amour qu’il porte à Ruby et son amitié avec Wesley. Et bien figurez-vous que ce n’est pas le si mauvais film que l’on pourrait croire, c’est clair que ça manque de rythme, mais l’univers des loosers est bien restitué et les acteurs sonnent justes. Musique d’Eric Clapton.

 

Rocky V, de Sylvester Stallone – 1990

rocky 5,0Après vous être coltiné des combats dantesques contre Appolo Creed (x2), Clubber Lang et Ivan Drago, et d’autres encore moins illustres (la carrière pro de Rocky compte en tout 18 combats), c’est un peu normal si vous ne pétez pas le feu, surtout passé la quarantaine. Et bien c’est ce qui arrive à Rocky, ce qui le pousse à prendre définitivement sa retraite. Qui plus est, malin comme il est, il se fait escroqué et se retrouve sur la paille. Obligé de revendre tous ses biens, il se voit contraint de réintégrer le quartier de Philadelphie de ses débuts. Ayant repris l'ancien gymnase de Mickey, Rocky fait la connaissance d'un jeune boxeur prometteur, Tommy Gunn. Devenu son entraîneur et ami, Rocky conduit Tommy au sommet du classement mondial. Mais celui-ci finit par se retourner contre Rocky, et rejoint le promoteur George Washington Duke, avatar du fameux Don King, au moment même où décolle sa carrière. Le film est loin d’être exceptionnel, certes, mais il a le mérite d’essayer de renouveler la série tout en revenant aux origines sociales du héros.

 

Kids Return, de Takeshi Kitano – 1996

18468834-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20060105 073159Les destins parallèles de deux jeunes garçons que la boxe réunit. Pour l’un, Shinji, la boxe est curative et se révèle être un excellent catalyseur de divers pulsions qui  le conduira à  poursuivre une carrière professionnelle,  tandis que pour l’autre, Masaru,  elle ouvre les portes de la délinquance, des petits larcins et finalement de l’univers des yakuzas.  Portrait d'une douceur au vitriol de la jeunesse japonaise qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de l’écrivain Ryû Murakami, notamment Les Bébés de la consigne automatique (ne pas confondre avec Haruki Murakami), l’histoire est intrinsèquement d’une violence terrible et d’un noir pessimisme. Grand fan de Takeshi, Kids Return est, avec Sonatine, mon film préféré du réalisateur. Il s’agit même selon lui de l’un de ses films les plus personnels et autobiographiques.

 

Snake Eyes, de Brian De Palma – 1998

19442716-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100504 124511Tenez-vous bien, le plan-séquence d’ouverture du championnat du monde des poids lourds qui se tient au casino d’Atlantic City ne dure pas moins de 10 minutes, caméra à l’épaule. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est parfaitement maîtrisé. Au point que c’est largement le meilleur passage du film. De nombreuses choses sont dites sur la boxe durant ces dix minutes (concentration du boxeur, tensions du ring, paris en tous genres, corruptions, match truqué…) et dans le même temps, tous les protagonistes de l’intrigue sont présentés. Un crime est commis durant le combat. Nicolas Cage ferme les portes du casino : l’assassin est dans la place. Du grand art.

 

Hurricane Carter, de Norman Jewison – 1999

19254575-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100223 045603La véritable histoire du poids moyens américain Rubin "Hurricane" Carter, injustement condamné à perpétuité pour un triple meurtre qu’il n’a pas commis, interprété par un Denzel Washington plutôt inspiré, d’ailleurs récompensé par un Golden Globe pour sa prestation. L’affaire fit à l’époque, en 1967, beaucoup de bruit et de nombreux artistes et intellectuels prirent cause pour Hurricane, on se rappellera notamment la célèbre protest-song de Bob Dylan (« Hurricane »).  Il fallut pourtant attendre 1988 pour qu’un non-lieu soit accordé. L'affaire Rubin Carter aura duré 22 ans. Sur fond de racisme blanc vs noir, le film est aussi riche que percutant ; et si les scènes de boxe (certaines en noir et blanc) ne sont pas pléthoriques, elles ont le mérite d’être esthétiques et soignées.

 

Ali, de Mickaël Mann – 2001

aff ali-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20020820 024304Biopic de la carrière de Cassius Clay à partir de sa victoire historique sur le champion du monde Sonny Liston en 1964 jusqu'au célèbre combat de Kinshasa contre George Foreman en 1974. En marge de sa carrière sportive de l'époque, le métrage retrace l'engagement de celui qui changera de nom pour Mohamed Ali aux côtés du mouvement Nation of Islam et ses relations avec Malcom X.  Ce film connut un gros succès au box-office lors de sa sortie mais ne m’a personnellement qu’à moitié convaincu. On ne veut voir en Ali qu’un homme bon et quasi-prophétique. Son côté obscur est totalement occulté. De même, la manière dont il se fit parfois pigeonner est clairement ignorée. En outre, à l’image de Bob De Niro dans Raging Bull, Will Smith s’est beaucoup investi pour se mettre dans la peau de Ali (initiation à la boxe, masse musculaire, déplacements, mimiques, etc.) une année durant. Certains ont trouvé qu’il s’agissait d’une performance d’acteur remarquable (nomination aux Oscars dans la catégorie « meilleur acteur »), mon avis reste beaucoup plus réservé. Ce n’est pas facile de ressembler à Mohammed Ali.

 

Un seul deviendra invincible (Undisputed), de Walter Hill – 2002

af-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20020716 105337George Chambers, surnommé "Iceman", champion de boxe dans la catégorie poids lourds, est accusé d'un viol qu'il nie vigoureusement avoir commis. Il n'accepte pas le fait de ne pouvoir préserver son statut de champion invaincu, au moment même où sa carrière de boxeur professionnel est à son sommet. Dans un pénitencier où il va bientôt être transféré, Monroe Hutchen (Wesley Snipes, mouais, bof), boxeur dans la catégorie des mi-lourds, purge une peine de prison à vie pour un crime passionnel. Ce dernier se demande s'il serait capable de faire carrière dans cette discipline sportive et de rencontrer "Iceman" au cours d'un combat... . Le film est un habile mélange de film de boxe et de film de prison mais ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre. A noter la bonne interprétation du regretté Peter « Colombo » Falk en vieux coach qui a de la bouteille.

 

 

Million Dollar Baby, de Clint Eastwood – 2004

18409541-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20050222 053144Autrefois entraîneur de boxe réputé, Frankie (Clint Eastwood) dirige une petite salle de boxe régionale avec son meilleur ami, un ancien boxeur nommé Scrap (Morgan Freeman). Leur quotidien est bouleversé par l'arrivée d'une serveuse solitaire de 32 ans nommée Maggie Fitzgerald (Hilary Swank). Frankie est réservé quant à l'idée de devenir son entraîneur, mais il finit par accepter de la prendre en charge.  Une relation mouvementée, sorte d’histoire d’amour platonique, se noue entre eux. Jusqu’à ce qu’un drame surgisse… Bon, la presse est à peu prés unanime, il s’agirait d’un excellent film, voire d’un chef-d’œuvre. De mon côté, ce n’est pas exactement la même limonade. Ok, c’est relativement bien interprété. Néanmoins, j’ai trouvé le film excessivement englué dans le pathos et le mélo plan-plan et hypertrophié. On y retrouve toute les belles valeurs morales très tranchées de Clint qui en font un bon grand-père de famille en charentaises, son idéal héroïque et manichéen du cinéma classique, sa quasi-religiosité à l’égard des symboles omniprésents, l’arthrose de ses plans, le manque de rythme et l’accumulation de clichés guimauves, et d’autres, mais en insistant, j’ai bien peur de perdre 95% de mes lecteurs dans cette critique. Reste la boxe vous me direz. Ben non, désolé, elle n’est que le prétexte pour nous faire pleurer.

 

Rocky Balboa, de Sylvester Stallone – 2006

rocky balboa,0Rocky a définitivement raccroché les gants. Il vit dans le quartier populaire de son enfance, où il tient désormais un restaurant décoré de tous ses anciens titres de champion et dans lequel il tient compagnie à ses clients qu’il distrait de ses anecdotes de vieux combats. Adrian, sa femme, est morte emportée par un cancer quatre ans plus tôt et son fils, embarrassé par ce père trop caricatural, le fuit. Il ne lui reste que son beau-frère Pollie et ses souvenirs. Mais alors que l’actuel champion de boxe, Mason Dixon (un sale type) fait fuir tous ses adversaires, le nom de Rocky-légende-vivante ressurgit dans les médias, comme la relique d’une époque où le sport se pratiquait encore avec noblesse. Pour redonner un but à sa vie, Rocky décide de relever le gant. Est-ce une énième suite gratuite (même s’il n’y pas de chiffre dans le titre) à but lucratif comme le sont les opus III, IV et V ? A mon humble avis, il y a un bien plus que cela. En effet, Rocky Balboa, sixième du nom, tisse un lien subtil et originel avec le premier film qui parvient à faire naître une émotion (réflexion pertinente sur la solitude) tout en concluant de façon cohérente la saga. Un excellent film à mon sens.

 

Dans les Cordes, de Magaly Richard-Serrano – 2007

18744220-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070222 120449Attention, Boxe Française ! Joseph s'occupe d'un club de boxe française où il entraîne sa fille et sa nièce depuis leur enfance. Le soir de la finale des Championnats de France, la victoire de l’une et la défaite de l’autre vont mettre en péril l’harmonie de ce trio. Entre Angie et Sandra, autrefois complices, élevées comme deux sœurs, une dangereuse rivalité s’installer, rivalité qui dépassera les limites du ring. Comme quoi, la réalisation d’un film de boxe n’est pas l’apanage des hommes. Il faut dire que Magaly Richard Serrano fut double championne de France de la discipline.

 

Fighter (The Fighter), de David O. Russell – 2010

19658171-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20110201 031742L’histoire vraie de deux demi-frères, l’un en quête d'un second souffle et l’autre ancien toxicomane, qui, en dépit de sérieuses tensions, vont malgré tout tenter ensemble la chance de réussir ce qu’ils ont raté chacun de leur côté. Quand l’union fraternelle fait la force. Le nom du réalisateur ne vous dit peut-être pas grand-chose pourtant, au milieu des années 90, David O. Russell était considéré comme un petit génie de la nouvelle génération, au même titre que Quentin Tarantino, David Fincher, M. Night Shyamalan ou encore Steven Soderbergh. Pour l’heure, il n’a pas connu la même trajectoire (pouvez me donner le titre d’un autre de ses films ?), toutefois, Fighter nous montre que son cinéma gagnerait à être au moins aussi reconnu que celui des réalisateurs que nous venons de citer. Le métrage est assez fin, plutôt équilibré et maîtrisé de bout en bout. Quant aux combats, âpres et crispants, ils sont rendus de manière très authentique. A voir !

 

Warrior, de Gavin O'Connor – 2011

affiche-Warrior-2011-1J’avoue ne pas encore être allé voir ce film alors il m’est bien difficile d’en parler. Je vais tâcher d’y remédier rapidement.  Il semblerait que ce ne soit pas à proprement parler un film consacré au noble art, puisque j’ai lu ça et là qu’il s’agissait d’arts martiaux [?]. Si vous avez vu ce film, n’hésitez pas à laisser votre commentaire afin de me mettre sur la voie, voire même de me motiver.

 

 

Evidemment, cette liste n’est pas complète, c’est pourquoi je vous invite à en combler les manques dans les commentaires, si un film vous revient en tête et si le cœur vous en dit. Merci d'avance. Au plaisir de vous lire !

 

 

 

 

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 19:00





Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée des programmes. L'Oeil sur la Toile revient prochainement.

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 17:35



Séquence nostalgie depressive, voici une rétrospective des génériques du cinéma de minuit sur FR3.

• Générique, période 70-80:




Le générique de mon enfance. Cette séquence précédait les films diffusés le soir sur FR3 (aujourd'hui France 3) dans les années 70 et jusqu'au début des années 80. La musique a été composée par Francis Lai et s'intitule "Les étoiles du cinéma". Elle sert toujours d'indicatif au "Cinéma de minuit", dans une autre orchestration.


• Générique 1984:




Cette vidéo date d'avril 1984. La photo de tournage dont nous voyons plusieurs détails en gros plan est celle du film de Fritz Lang "Les contrebandiers de Moonfleet" (1955).

 
•  Générique 1991-1992:




Le générique de mon adolescence, avec toujours cette musique pour vous rappeler que la vie est vraiment belle et mérite d’être vécue.


• Le générique actuel:



Le dimanche 11 septembre 2005, le générique du "Cinéma de Minuit" de France 3 a été modifié : une introduction en infographie précède désormais la fameuse séquence où des couples d'acteurs se succèdent en fondu enchaîné. Cette séquence apparaît maintenant dans un décor de salle de cinéma. La musique est toujours celle de Francis Lai et continue de filer le bourdon aux gamins avant qu’ils aillent se coucher.
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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 17:21

 

 

 

 


Fiche technique :

 

  • Titre : The Truman Show
  • Réalisation : Peter Weir
  • Interprétation : Jim Carrey, Ed Harris, Laura Linney, etc.
  • Scénario : Andrew Niccol
  • Production : Andrew Niccol
  • Musique originale : Burkhard Dallwitz
  • Film américain
  • Genre : comédie, science-fiction, drame
  • Durée : 103 minutes
  • Dates de sortie : États-Unis : 5 juin 1998 / France : 28 octobre 1998

 

 

 Truman Burbank mène une vie calme et heureuse. Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur et la nuit l'angoisse le submerge. Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pis encore, il se sent observé.

 


Tant dans la forme que dans le fond, j'ai particulièrement aimé ce film qui, à mon sens, se prête à une lecture quasi-philosophique. Tout d’abord, entre Big brother et Loft-story, il pointe du doigt les dangers de la télé-réalité et du voyeurisme. Mais surtout, au-delà de cette critique devenue classique (dix ans nous séparent déjà du film), The Truman Show illustre dans sa première partie la problématique du solipsisme, notion égocentrique où la conscience du sujet pensant se définit comme l'unique réalité. Dit autrement, il n'existerait aucun monde hors de la conscience. Intriguant. De même, le métrage donne ensuite à voir toute la difficulté de s'intégrer et de vivre dans un monde "déjà-là", déjà donné, et finalement interroge, que pouvons-nous espérer être dans ce monde ? Le monde qui nous entoure peut-il effectivement se trouver en adéquation avec ce que nous sommes ? Qu’est-ce aussi que devenir adulte ? Tout commence, comme dans Matrix, par la prémisse de base du métrage qui présuppose une sorte de vaste conscience collective et symbolique qui manipule le héros à son insu. Sa vie est fabriquée de toutes pièces depuis sa naissance afin d’être filmée et dévoilée au monde entier à son insu. Tout n’est que faux-semblants, trompe-l’œil et illusions dans l’univers de Truman, c’est un rat de laboratoire (studio télé) sur lequel on expérimente le divertissement du peuple et toute sa vie est régie par un seul homme, Cristof le réalisateur démiurge de l’émission, le dieu trompeur cartésien. Le monde est la co-création de Truman, son rêve, en corrélation directe avec ce qu’il est ou croit être. Ici, la mise en scène de the Truman show prend tout son relief. Vu sous un angle beaucoup plus général, on pourrait se demander dans quelle mesure pouvons-nous  être nous-mêmes les créateurs du monde qui nous entoure?  Finalement, un monde existe-t-il en dehors de ma conscience ? Telle est en substance l'hypothèse de The Truman show, où le héros apparait intimement lié à tout ce qui se produit autour de lui. A vrai dire, le boulanger qui nous a parlé ce matin, le voisin qui nous a salué sur le palier, l’être cher que nous avons embrassé au réveil, etc. jouent-ils un rôle hors ma conscience ? est-ce nous-mêmes qui leur avons assigné un tel rôle ou bien un dieu trompeur ?

 

Avant de savoir si l’on peut douter que des phénomènes perçus soient réellement situés au-delà de notre faculté de perception, affirmons d’emblée qu’à suivre ces pistes, nous ne trouverons certainement aucune vérité dans le fond mais ces questions seront en mesure ensuite, selon la dialectique du film, de nous mettre sur le chemin du vrai. La première d’entre elles consiste à savoir s’il existe effectivement un monde hors de ma conscience, ou plus précisément, le mode d’apparaître du monde est-il ou non une illusion ? Descartes, en prenant l’exemple de la faculté du rêve à nous rendre dupes, tente de démontrer qu’il est possible que des représentations de l’esprit produisent l’impression des choses perçues à l’extérieur de celui-ci alors qu’elles restent en réalité un phénomène interne à l’esprit et causé par lui-même. On ne pourrait de ce fait conclure à partir de l’impression d’extériorité des phénomènes que cette extériorisation est effective. Que signifie alors le terme « exister » quand on l’applique aux choses perçues ? Si je dis que cette pomme ou cette bougie existent, je veux en fait signifier par-là qu’un certain nombre de propriétés (couleur, forme, saveur, etc.) apparaissent à mes sens. Mais même si elles apparaissent comme extérieures, leur apparaitre est-il une opération qui se produit à l’extérieur de ma perception ? Non, car elles apparaissent en tant qu’elles sont perçues. Une couleur, par exemple, n’existe pas en dehors du fait qu’elle est perçue (par exemple, les couleurs des molécules n’apparaissent pas au microscope); ce qui signifie que le vert de la pomme ou le nacre de la cire ne sont pas des réalités en soi. Sans personne pour les percevoir, elles n’existeraient pas. Cette logique amène un philosophe comme Berkeley à affirmer que l’existence n’est rien en dehors de l’ordre de perception et rien non plus au dehors du « perçu ». Je suis le monde. N’est-ce pas aussi ce qu’il nous est arrivé de croire lorsque nous étions enfants ? Est-il possible que nous soyons tous des Truman ?

 

En poursuivant notre logique, on pourrait émettre l’hypothèse selon laquelle l’impression d’extériorité (du monde), serait causée par notre structure perceptive elle-même. Ainsi, Kant raisonne de la manière suivante : l’espace qui structure le monde n’est pas une réalité extérieure puisqu’avant toute expérience sensible, cette réalité doit être présupposée comme forme de la représentation pour expliquer la possibilité de « rapporter certaines sensations à quelque chose d’extérieur à moi. » Il y aurait une sorte de preuve intuitive de ce que l’espace relève de la forme de notre représentation, en effet nous pouvons aisément imaginer une absence d’objets dans l’espace, alors que nous ne pouvons pas imaginer l’absence d’espace lui-même. Si l’imagination de cette absence est impossible, c’est que c’est l’imagination elle-même qui est spatialisante.  Schopenhauer utilise cette logique kantienne pour en déduire que le monde n’est qu’une représentation, représentation qui ne dure qu’autant que dure l’esprit et qui cesse avec sa mort. Une pièce de théâtre en quelques actes, un show minuté, voilà qui nous place plus que jamais dans la dynamique philosophique dont le film se fait le témoin.

 

En effet, le problème cartésien de l’extériorité illusoire du rêve, la difficulté d’attribuer une autre signification au terme « exister » que l’acte de perception ainsi que la représentation de l’extériorité comme forme intrinsèque de notre structure perceptive semblent être des arguments suffisants pour mettre en doute, pour un temps, notre croyance naturelle en une extériorité du monde par rapport à notre conscience, et valider ainsi la métaphore du film. Mais le voile jeté sur le réel fini par tomber nécessairement. Dés-lors, ce que le métrage nous donne à voir dans sa seconde moitié est ce qu’il faut appeler une « prise de conscience ». Truman vit une seconde naissance dans laquelle il découvre qu’un monde peut bien exister en dehors de la conscience, c’est certain, mais que ce monde n’en reste pas moins lié à la conscience qu’il en prend. Plus généralement, je ne peux pas changer le monde arbitrairement, soit, mais je peux changer ma conscience du monde et justement ce changement de conscience peut lui-même tout changer. Avec cette thèse, nous finissons nécessairement par tomber d’accord. Certes, j’ai un immense pouvoir de décision dans l’ordonnance de mon existence, et il est clair qu’il n’y a pas un monde seulement dans ma conscience. Ici, le film pourra apparaitre comme un film initiatique, dans lequel on voit un héros éclore à l’âge adulte et renoncer tant bien que mal à certaines illusions de l’enfance. Le monde ne se joue pas exclusivement pour nous et ne répond pas avec notre volonté. Une catastrophe naturelle, par exemple, se produit bien à l’extérieur de notre esprit alors même que celui-ci ne l’a pas souhaitée et qu’elle s’est produite tout de même contre sa volonté. En d’autres termes, un monde qui ne coïncide pas en tout avec notre volonté ne peut-être causée que par un principe indépendant de celle-ci. Le monde perçu est nécessairement une réalité extérieure à mon esprit. En ce sens, le Cogito cartésien ne serait pas premier et autosuffisant, mais secondaire et s’obtenant artificiellement grâce à un fond préréflexif qui le précède. C’est ce que suggère Merleau-Ponty lorsqu’il affirme que le monde n’est pas quelque chose de la conscience mais, au contraire, la conscience est quelque chose du monde. Reste que le metteur en scène de ma vie n'est pas au-dehors de moi, il n'est pas sur des nuages, dans sa tour de contrôle en train de me manipuler. Il est en moi. On constate sous cet angle à quel point le film est une appréciable apologie de la liberté, (sans parler de la dimension affective qui est le moteur même dans le « scénario » de la prise de conscience). Il ne s’agit pas tant de rêver de s’échapper hors du monde présent en disant que tout est factice dans la société moderne qui est sous nos yeux, que de prendre « conscience », comme Truman, qu’il n’existe aucun déterminisme caché et que l’on est toujours libre d’essayer de « se refaire ».

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 15:36

 

     Depuis Héraclite, nous ne cessons d’associer le temps à la fuite inexorable, et nous le comparons volontiers à une sorte de fleuve qui s’écoule irréversiblement (« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve »). Le temps est donc supposé avoir un cours objectif, orienté du passé vers l’avenir, ce que nous révèlent à chaque instant la progression des aiguilles de nos horloges. Le temps n’aurait ainsi qu’une unique dimension, à l’image d’une ligne continue fragmentée d’instants infiniment proches parcourus les uns après les autres, et permettant une mathématisation. Dés-lors, si l’on en croit les physiciens, le temps serait par essence linéaire, cela en vertu du « principe de causalité » qui stipule que tout phénomène s’explique par une cause nécessairement antérieure au phénomène en question. (Philosophiquement, cela ressemble en substance à la forme de notre entendement). Dans la réalité, cette morphologie chronologique interdit derechef les voyages dans le temps, puisque ceux-ci offriraient de retourner dans le passé pour modifier  une séquence d’événements ayant déjà eu lieu, entrainant nécessairement un cul-de-sac logique. [Bien-sûr, ici, nous distinguons franchement ce qui relève d’une part de l’objectivité du temps et, d’autre part, ce qui relève de la subjectivité du temps, où manifestement les aiguilles des horloges ne disent pas toute la vérité. Il va de soi que la temporalité « vécue » permet des voyages dans le temps, l’évocation de la Madeleine de Proust suffisant à l’illustrer.]

     Toutefois, de la réalité à l’univers cinématographique, et l’on pense principalement ici à la SF, il arrive souvent que le temps se voit littéralement métamorphosé, passant d’une forme linéaire à une forme circulaire, (le cercle plutôt que la ligne), comparable à ce que peut être le cycle des saisons. Or, dans un tel temps, retourner dans le passé engendre fréquemment des modifications dans le futur, de même aller vers le futur revient à réécrire le passé, de sorte que ce qu’on appelle la cause pourrait tout aussi bien être l’effet, et vice versa. Une telle possibilité conduit nécessairement les sorciers modernes que sont les réalisateurs de films à concevoir des situations totalement inextricables qui sont autant de petites gymnastiques pour nos neurones. Par exemple, et c’est bien-là toute la magie du cinéma, un être humain peut être mis en mesure de supprimer dans le passé l’une des causes qui ont permis sa naissance, en provoquant une chute qui provoquera une fausse-couche, ou encore en empêchant ses propres parents de se rencontrer. Bref, cette petite liste non exhaustive de films (qui ont exploité ce thème) tenant lieu de Sésame, la porte stargatienne est ouverte à tous les amoureux des voyages dans le temps :

 

 

C'est arrivé demain (1944), de René Clair.

Un journaliste new-yorkais reçoit chaque jour de façon inexplicable le journal du lendemain. Il profite de la situation et coiffe sur le poteau des scoops tous ses confrères. Jusqu'au jour où il découvre son nom dans la rubrique nécrologique. L’un des quatre films que René Clair tourna à Hollywood, une mise en scène magistrale et des gags qui se multiplient. A découvrir ou redécouvrir.

 


La Machine à explorer le temps (1960), de George Pal.

Attention au décollage, cette machine est un vieux modèle, sorte de traineau des neiges muni à l’arrière d’une espèce d’antenne parabolique. Kitsch et bruyante. Le scénario est le suivant : un scientifique vivant à l'époque victorienne fabrique un engin spatio-temporel et voyage loin dans le futur. Il s'aperçoit alors que la race humaine s'est divisée en deux espèces, une vivant à la surface, et l'autre sous terre. Quand sa machine est volée par le peuple souterrain cannibale, il doit risquer sa vie pour retourner dans son époque...

 

La Jetée (1962), de Chris Marker.

Etonnant et bluffant, ce roman-photo est un choc visuel d’une rare inventivité doublé d’une mise à l’épreuve de nos capacités cognitives. Il faut le dire, ce court-métrage a énormément inspiré L'Armée des 12 singes de Terry Gilliam (et même si ce petit roublard de T. Gilliam prétend ne pas avoir vu le film avant de se mettre à l’œuvre, « pour ne pas être influencé » mon œil ; cf la scène finale). Bref, l’histoire est la suivante : des savants post-nucléaires traquent le passé dans les rêves d'un cobaye humain pour capturer l'espace-temps. Une demie heure de bonheur.


Bandits, Bandits (1980), de Terry Gilliam.

Sans doute mon préféré de Gilliam, ce film est d’une grande richesse, laquelle a peut-être influencé les concepteurs de Stargate. En effet, il existe des portes spatio-temporelles qui permettent le passage d’une époque à une autre, l’essentiel étant bien-sûr de posséder la carte qui indique les dates et heures fixes auxquelles elles s’ouvrent. Métaphysique et poésie sont au rendez-vous dans cette magnifique histoire : Pendant la nuit, Kevin, un petit garçon anglais, est visité par six nains qui ont dérobé à l'Être suprême la carte du Temps. L'enfant s'engage alors dans un voyage à travers l'Histoire : il fait la rencontre de Napoléon à la bataille de Castiglione ainsi que celle de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood. Il croisera également sur son chemin le majestueux paquebot "Titanic".


 

 Nimitz, retour vers l'enfer (1980), de Don Taylor.

Le voyage dans le temps, mais version cauchemar. L’idée de départ est assez originale : plus ou moins à notre époque, suite à une tempête magnétique, le Nimitz, un porte-avion américain, se retrouve projeté en 1941, à la veille de l'attaque de Pearl Harbour... Ici, ce n’est pas un destin personnel et unique qui est en jeu, mais celui de l’histoire. Un film efficace servit par une interprétation remarquable.




Terminator (1984-2003), de James Cameron (1 et 2) et Jonathan Mostow (3), série de trois films.

Dans l’univers SF du cinoche, il y a un avant et un après Terminator. Sérieux. Genèse d’une saga exceptionnelle : A Los Angeles en 1984, un Terminator, cyborg surgi du futur, a pour mission d'exécuter Sarah Connor, une jeune femme dont l'enfant à naître doit sauver l'humanité. Kyle Reese, un résistant humain, débarque lui aussi pour combattre le robot, et aider la jeune femme...

Terminator 2 : Le jugement dernier : Le top des effets spéciaux de l’époque et de l’action en veux-tu en voilà. On se retrouve en 1995, cette fois, les machines de Skynet,dix ans après leur échec pour éliminer Sarah Connor, envoient le cyborg tueur T-1000 pour éliminer son fils John Connor, futur chef de la résistance humaine. Un autre robot, le T-800, est chargé de le protéger... Hasta la vista, baby


Terminator 3 : Le soulèvement des machines
 : Toujours spectaculaire, certes, cet épisode me paraît tout de même être le plus faible de la série. John Connor, futur leader de la résistance humaine, vit dans l'ombre. Les machines de Skynet envoient vers le passé la T-X, une androïde nouvelle génération "invulnérable", pour l'éliminer. Mais un autre Terminator, le T-101, est venu le protéger…



Retour vers le futur (1985), de Robert Zemeckis, série de trois films.

Le premier épisode. La référence. L’inévitable film diffusé dans le car lors des voyages scolaires de mon enfance, œuvre quasi-métaphysique (pour des marmots) qui incitait à rêver que le lourd véhicule qui nous transportait se transforme en une DeLorean flambant neuve et que, chauffeur si t’es champion, elle en vienne à atteindre le 88 miles à l’heure. En résumé, l’action se passe en 1985, le jeune Marty McFly mène une existence anonyme auprès de sa petite amie Jennifer, seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur qui serait ravi de l'expulser du lycée. Ami de l'excentrique professeur Emmett Brown, il l'accompagne un soir tester sa nouvelle expérience : le voyage dans le temps via la DeLorean trafiquée. Mais la démonstration tourne mal : des trafiquants d'armes débarquent et assassinent le scientifique. Marty se réfugie dans la voiture et se retrouve transporté en 1955. Là, il empêche malgré lui la rencontre de ses parents, et doit tout faire pour les remettre ensemble, sous peine de ne pouvoir exister... Dans mon école, le nom de "Biff Tannen" est tout de suite devenu une insulte.

Retour vers le futur II (1989): Le succès du premier épisode était tel qu’il aurait semblé saugrenue à Hollywood-la-vénale de ne pas le bisser, d’autant plus que les ficelles des allers et retours dans le temps avaient encore à l’écran bien des nœuds à serrer. En voici le synopsis : Lors de son premier voyage en 1985, Marty a commis quelques boulettes dont il n’a pas mesuré les conséquences. L'avenir qu'il s'était tracé n'est pas si rose, et son rejeton est tombé sous la coupe du voyou Griff Tannen, qui veut régner sur la ville. En compagnie de son ami Emmett "Doc" Brown et de sa fiancée Jennifer, Marty va devoir entreprendre un voyage vers le futur, pour tenter de donner un peu plus de moralité à son héritier. Un voyage aux conséquences dramatiques et de superbes scènes de skate du futur... On pourra comprendre ici que notre histoire personnelle est le fruit d’une sélection faite à certains moments à partir d’un nombre incommensurable de choix possibles dont nous sommes responsables.


Retour vers le futur III
(
1990) : Un film pop-corn sympa comme tout : Après son voyage mouvementé entre passé, présent et futur, même pas malade, Marty McFly apprend par une lettre vieille de cent ans que son vieil ami Emmett "Doc" Brown se serait crashé en 1880 au volant de sa DeLorean, restant ainsi prisonnier du far-west, sous la menace de Buford "Molosse" Tannen qui s'est juré de le tuer. Il n'a que cinq jours pour retrouver Doc et le ramener vivant vers le présent...



Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis.

Une friandise pour nos zygomatiques que ce petit bijou qui voit pénétrer l’humour au cœur de la quatrième dimension : Phil Connors, journaliste à la télévision, et accessoirement responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade de Punxsutawney où l'on fête le "Groundhog Day" : "Jour de la marmotte". Dans l'impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d'intempéries il se voit forcé de passer une nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu'il est condamné à revivre indéfiniment la même journée, celle du 2 février...

 


Les Visiteurs (1993), de Jean-Marie Poiré.

Oyé oyé braves gaulois, l’historiette se dérouloie en l'an de grâce 1112, lorsque le comte de Montmirail et son fidele écuyer, Jacquouille la Fripouille, se retrouvoient propulsés en l'an 1992 après avoir bu une potion magique fabriquée par un enchanteur. Un carton au box-office hexagonal, soit, mais qui ne vieillit pas très bien à mon sens. Bref, un voyage par absorption de drogues.



Time Cop (1994), de Peter Hyams

JCVD, c’est bien son truc de se perdre dans l’espace et le temps. Ici, le voyage qu’il nous propose se fait à bord d’une voiture de course programmée par des scientifiques, vous l’aurez compris une version améliorée de la DeLorean. En l'an 2004, l'homme est enfin parvenu à maîtriser les voyages dans le temps. Mais une nouvelle espèce de criminels est née à la faveur de cette invention miracle. Un individu mal intentionné peut en effet désormais manipuler à sa guise les évènements historiques ou les marchés financiers, exploiter à ses propres fins une découverte scientifique ou militaire, compromettre l'avenir de son pays, provoquer une guerre mondiale... Pour prévenir de tels abus, les Etats-Unis ont créé à Washington la Time Enforcement Comission, une unité d'élite chargée de contrôler et d'interdire toute tentative de déplacement temporel. Les propres agents TEC ne sont cependant pas à l'abri des tentations... Bon, d’accord, c’est un véritable fourre-tout, mais certaines pistes auraient pu être intéressantes.

 

L'Armée des 12 singes (1995), de Terry Gilliam.

La Jetée complexifiée à outrance, au point de s’y perdre parfois, mais un très beau et très bon film au demeurant : En 2035, une épidémie inconnue a emporté la quasi-totalité de la population mondiale. Les survivants se sont regroupés sous terre et renvoient en 1996 l'un des leurs, James Cole, afin qu'il découvre les causes de la catastrophe. Son enquête le conduit sur les traces d'une mystérieuse organisation, l'Armée des douze singes.



Peut-être (1999), de Cédric Klapisch.

Atterrissage dans le sable pour un film un peu mou du genou et caricatural. Dommage car l’idée de base était plutôt maligne : Le soir du réveillon de l'an 2000 Lucie demande a Arthur de lui faire un enfant. Lui ne se sent pas prêt à être père. Au cours de la soirée quand la fête bat son plein, Arthur vit une expérience troublante. Il se retrouve transporté soixante-dix ans plus tard dans un Paris ensablé (magnifique photographie). Il fait alors la rencontre d'un vieux monsieur chevelu qui affirme être son fils. Ce patriarche de soixante-dix ans s'efforce alors de convaincre son géniteur de revenir dans le présent et de faire un enfant à Lucie, afin qu'il ne disparaisse pas.

 

La Machine à explorer le temps (2002), de Simon Wells.

Personnellement, je n’ai pas aimé, surtout à cause de l’idéologie dont cette version se fait le témoin, mais difficile tout de même de ne pas la faire figurer sur cette liste. L’histoire est la suivante : A New York, en 1899, Alexander Hartdegen, un brillant physicien de l'Université de Columbia, fait la connaissance d'Emma, une charmante demoiselle dont il tombe follement amoureux. Un soir, dans Central Park, il trouve le courage de lui déclarer sa flamme et de lui offrir une bague de fiançailles. Un voleur tente alors de dérober le fameux bijou, mais Emma ne se laisse pas faire. Un coup de feu retentit, la malheureuse s'effondre et meurt dans les bras d'Alexander.
Refusant cette triste fatalité, celui-ci consacre tout son savoir et toute son énergie à construire une machine à explorer le temps afin d'altérer le cours des événements et ainsi sauver la vie de sa bien-aimée. Alexander embarque à l'insu de tous pour ce voyage de la dernière chance et se voit bientôt propulsé dans le XXIe siècle.

 

Minority Report (2002), de Steven Spielberg

Directement inspirée d’une nouvelle de Philip K. Dick, (un maître sinon le maître de la littérature SF), l’histoire est savoureuse : A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"... Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha. De mon humble point de vue, un bon film.

 

L'Effet papillon (2004), de Eric Bress.

Teenmovie par excellence, relativement agréable même si je trouve qu’il s’essouffle vite, L’effet papillon en rajoute une gentille couche sur les paradoxes spatio-temporels. Voyez plutôt : Une théorie prétend que si l'on pouvait retourner dans le passé et changer quelques détails de notre vie, tout ce qui en découle serait modifié. On appelle cela "l'effet papillon". Trop fort, Evan Treborn a cette faculté. Fasciné, il va d'abord mettre ce don au service de ceux dont les vies ont été brisées dans leur enfance. Il peut enfin repartir dans le passé et sauver la seule jeune fille qu'il ait jamais aimée. Mais Evan va découvrir que ce pouvoir est aussi puissant qu'incontrôlable et s'apercevoir que s'il change la moindre chose, il change tout. En intervenant sur le passé, il modifie le présent et se voit de plus en plus souvent obligé de réparer les effets indésirables de ses corrections... Comme quoi, Zemeckis avait posé vingt ans plus tôt de solides fondations.


Déjà vu (2006), de Tony Scott

A mon sens, c’est un peu idiot d’avoir intitulé le film ainsi car tout semble dit. Mais vu que je suis bon public, en voici quand même la trame élimée : Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin se voit enrôlé au sein d'une nouvelle cellule du FBI ayant accès à un appareil gouvernemental top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps", et ainsi de retrouver les preuves nécessaires à l'arrestation d'importants criminels. Cette fenêtre permet d'observer des évènements dans le passé s'étant déroulés quatre jours, six heures et quelques minutes auparavant… Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n'être qu'un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d'innocents.


Pour conclure, si d’autres portes spatio-temporelles vous reviennent en tête, ou d’autres véhicules oubliés susceptibles de nous faire voyager dans le temps et sur la toile, n’hésitez pas à les proposer dans les commentaires…

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 19:12

 

 


FICHE TECHNIQUE :

 

  • Titre : The Dark Knight, Le Chevalier Noir
  • Réalisation : Christopher Nolan
  • Scénario : Jonathan Nolan, d'après une histoire originale de Christopher Nolan et David S. Goyer, et d'après le personnage créé par Bob Kane et Bill Finger en 1939
  • Interprétation : Batman / Bruce Wayne : Christian Bale, Le Joker : Heath Ledger, Harvey Dent / Double-Face: Aaron Eckhart, Alfred: Michael Cain, Lt. James Gordon: Gary Oldman, Lucius Fox: Morgan Freeman, etc.
  • Production : Christopher Nolan, Charles Roven, Emma Thomas, Benjamin Melniker et Michael E. Uslan
  • Musique : Hans Zimmer et James Newton Howard
  • Photographie : Wally Pfister
  • Montage : Lee Smith
  • Genre : Action, fantastique
  • Durée : 2h27 mn
  • Dates de sortie : États-Unis : 18 juillet 2008 / France : 13 août 2008

 

 

      Comme toute production culturelle qui se respecte, le cinéma est le témoin de la réalité de son temps. Ainsi arrive-t-il, derrière la magie du divertissement, qu’un métrage opère le traitement de l’actualité sous une forme emblématique, détournée, voire subliminale. C’est pleinement le cas avec The Dark Knight, qui cristallise une défense de l’idéologie et de la politique menée par le gouvernement Bush ces dernières années. Et, puisque tout ou presque a été dit en ce qui concerne la réalisation, l’interprétation, la photographie ou encore le montage de ce film, il nous a semblé intéressant de réfléchir autour des mécanismes plus ou moins visibles qui en font une œuvre à caractère politico-moral.

 

Depuis la guerre en Irak, illégitime, et surtout depuis le 11 septembre, traumatisant, (les deux « événements » ayant été indûment reliés l’un à l’autre et amalgamés), les Etats-Unis sont dans l’obligation de repenser la grammaire de leurs mythes post-seconde guerre mondiale, et donc les figures classiques de l’héroïsme et du mal. Ici, la représentation mythique apparait non-seulement comme une façon de penser le réel, d’en rendre-compte, mais aussi comme la marque manifeste d’un « inconscient collectif ». The Dark Knight en est une nouvelle illustration, qui vient remuer au plus profond les peurs contemporaines des USA. Considérons, depuis ces deux dates, que les américains traversent une crise d’identité morale dont Batman apparaît être le symbole. Il veut toujours faire le bien mais le processus est devenu flou. La ligne de démarcation entre le bien et le mal s’estompe au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans la lutte. Il doute et doit enfreindre la seule règle qu’il s’était juré de ne jamais enfreindre. (Le meurtre ? Bâfrer les droits civils ? Guantanamo ? cf : la scène de l’interrogatoire du Joker par Batman). Surtout, Batman est un hors-la-loi,  au sens des termes « au-dessus des lois » chers à l’absolutiste Jean Bodin, et prétend nettoyer Gotham au karsher. Point fondateur, l’occupation de Bagdad s’est faite dans l’illégalité sur le plan international, contre l’avis-même du Conseil de sécurité de l'ONU (violation de la Charte des Nations Unies). En un mot, les USA ont fait leur propre loi et leur propre police. (Faire le bien des autres malgré eux, l’enfer est pavé de bonnes intentions). La guerre en Irak, ainsi considérée, est aussi très révélatrice d’un rapport schizophrénique à la justice (faire sa justice en croyant rendre la justice). Batman emblématise tout cela. Dans le métrage, il met Gotham sur écoute (30 millions d’âmes), ce qui n’est pas rien en termes d’éthique et de moralité. (Le système de surveillance ne sera pas sans rappeler insidieusement les pratiques de la CIA). De même, il fait des choix qui engendrent des sacrifices au nom de la vérité effective ; pour en sauver cent, il faut parfois en condamner dix. Certes, le réalisateur fait passer Batman par une longue phase de doute et d’interrogation. Néanmoins, on le voit, le bon samaritain qui protège la veuve et l’orphelin, le héros civilisateur, doté d’un caractère tout uniquement positif, a fini par tomber pour de bon dans un puits sombre. Mais souvenons-nous, Bruce Wayne n’était alors qu’un enfant.  Aujourd’hui, Batman est adulte dans un monde d’adultes, ce qui n’était pas tout à fait le cas sous le regard burtonien, et il a laissé derrière lui les idéaux et les contes manichéens de l’enfance, ceux qui se terminent toujours bien. Cet âge d’or largement exploité par Hollywood est révolu ; la civilisation adulte est devenue fondamentalement porteuse de souffrances. A soi seul, cela souligne à quel point le malaise évoqué par Freud demeure au cœur de nos sociétés (Malaise dans la civilisation). Bien-sûr, Batman reste une espèce de sauveur de l’humanité, mais il est, dans le même temps et pas si paradoxalement que cela, devenu un impossible messie. De l’idole noire au mensonge pieux, le pas est franchi. L’Amérique n’est plus lumineuse ni tout à fait irréprochable sur le plan moral et il s’agit de le justifier. Comme toujours, le cinéma arrive à point nommé. Le propos devient alors machiavélique : les données de la politique sont impures par essence et le sage (le bon) est impuissant à faire régner l’ordre. L’unité et la stabilité de l’Etat constituent des fins en soi que seul l’exercice de la force permet d’atteindre. Alors, si pour assurer la pérennité de l’Etat, le prince doit parfois commettre des actes immoraux, qu’importe. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs et il faut parfois se salir les mains pour agir efficacement.  Voilà l’un des messages du film. (De surcroît, Batman porte des gants).

    

     Machiavel, comme le propos de The Dark Knight, renonce aux idéaux classiques, ou plutôt renverse la raison d'État classique pour se consacrer à la vérité effective. Ainsi inaugure-t-il une pensée des conditions modernes de la politique, pensée sans concession qui souligne l’écart séparant la vie telle qu’elle devrait être idéalement et telle qu’elle est effectivement. Or, le mal est une de ses principales composantes et l’usage de la force est nécessaire pour combattre. (Aux chapitres III et VIII du Prince, le florentin va mettre en valeur le caractère substantiel du mal et montrer que l’action efficiente doit s’appuyer sur ce mal afin d’agir efficacement ; tout le monde connait l’expression « qui veut la fin justifie les moyens »). Vu ainsi, Batman ressemble de plus en plus au prince George W. Bush, et le laïus final du film, au-delà de l’apologue, pourra être entendue comme une ode à sa politique internationale:

- L’enfant : « Il n’a rien fait de mal » (comprendre : les USA n’ont rien fait de mal).

- Le père : « parce qu’il est le héros que Gotham mérite (comprendre : les USA mais aussi le monde et la civilisation toute entière), parce que ce n’est pas un héros, c’est un gardien silencieux qui veille et protège sans cesse. ».

 

Ainsi entrons-nous dans le théâtre d’un progressif et irréversible « désenchantement du monde ». La civilisation est devenue synonyme de corruption, de mensonge, de vice et de crime. Elle nécessite maintenant un être capable de passer de l’autre côté de son miroir. Take a walk on the dark side. Clairement, l’Amérique s’est métamorphosée en « super anti-héros » et entend faire entrer en douce cette donnée dans l’imaginaire collectif. Nous l’avons dit, cela nécessite la refonte des mythes manichéens qui ont façonné l’idéologie US depuis 1945. (Rappelons que les tous premiers adversaires de l’homme chauve-souris étaient les japonais et les nazis.). Aujourd’hui, Batman n’apparait plus comme l’incarnation du Bien le plus pur et son action n’est plus un paradigme ; au contraire, elle est condamnée à être incomprise, d’où l’aspect souterrain et nocturne de ses agissements. Plus encore, et le film ne nourrit pas d’ambiguïté sur ce point, dire la vérité est dangereux. Voilà qui peut faire mal à entendre. L’opinion publique, naïve, pour n’en pas dire plus, n’a rien à savoir. De même, si le Joker représente la figure du mal absolu, (absolu car sans motif, nihiliste), il cristallise surtout une image erronée du terrorisme et de l’ennemi en général. (cf : l’épisode des bateaux). En effet, la figure du Joker laisse à penser que les terroristes sont de purs cinglés et que leurs comportements ne s’expliquent pas sous un angle manichéen, et d’ailleurs ne s’expliquent pas du tout. («Certains hommes veulent juste voir le monde partir en flammes », ou encore, dans une distorsion nietzschéenne, « Ce qui ne te tue pas te rend plus étrange ».). La haine et la détermination des ennemis – et comment ne pas penser ici à Al-Qaïda ? – seraient donc insensées et dénuées de tout principe (voir la scène d’introduction où le gardien de la banque hurle au sol : « avant ici, les criminels avaient des principes au moins ! » ; voir aussi la séquence plutôt explicite où apparait un camion de pompier en flammes). Ici, on cherche à occulter ou réduire à néant ce qui fonde l’idéologie terroriste. (A contrario et derrière sa folie, le Joker de Burton avait, lui, des principes : pouvoir, argent, conquêtes, conception de l’art contemporain…). Dans le même temps, la figure du Joker étant décidemment bien commode, ce mécanisme vient valider le discours ultra-sécuritaire prôné par l’administration Bush.

 


Le Mal nouveau serait donc arrivé, celui qui se marre en faisant sauter les hôpitaux. Comme nous l’avons dit, certaines concessions (morales) s’imposent pour combattre ce fléau moderne. Le destin de Batman sera désormais d’évoluer dans les nuances, entre chien et loup, à la limite de ce qui est légal et de ce qui ne l’est pas, à la frontière du bien et du mal. Son masque lui-même semble faire la gueule, mais il faut bien s’occuper du sale boulot. Déjà, dans le premier opus de Nolan (Batman Begins), Batman devait s’imprégner du mal pour le combattre. Dans The Dark Knight, il est à la limite d’en faire partie, par nécessité. Car, puisque ce qui fonde l’identité du mal s’est métamorphosé, l’antidote doit lui aussi évoluer. Le remède, alors, devient ambigu, trouble et surtout peu compréhensible pour l’opinion publique très moraliste des américains. (On détruit symboliquement le phare qui appelle Batman dans la nuit, même constat lors de l’épisode des bateaux lorsque le  détenu jette le détonateur – comble de mauvaise foi d’un peuple sans reproche qui conçoit que sa lie-même est vertueuse et fondamentalement bonne.). C’est aussi la raison pour laquelle le film insiste à ce point sur la représentation de l’héroïsme, sujet sur lequel Machiavel n’est pas en reste. Batman n’est plus un modèle (dark) mais le politicien Harvey Dent en est un, plus lumineux et consensuel (il passe très bien à la tv). L’Amérique a certes besoin de son White Knight, emblème nécessaire, mais il faut bien voir la vérité en face, ce n’est qu’une illusion, un marionnettisme, l’action efficiente se jouant à l’insu de tous, lorsque le peuple dort. Ou rêve. Le peuple n’a pas à savoir puisque, répétons-le, dire la vérité est dangereux. Ici, on retrouve pleinement Le Prince de Machiavel, a qui il est très vivement conseillé d’avancer masquer, mi-renard mi-lion. ("Il faut donc être renard pour connaître les rets, et lion pour effrayer les loups ». Chapitre XVIII). Premier point, on constate que le penseur florentin reprend le fond animal de l’homme et le transporte sur le terrain de la dualité : "De ce fait, il importe qu’un prince sache adroitement user de l’homme et de la bête." Or, Batman fait cela à merveille, n’oublions pas qu’il s’agit d’un homme chauve-souris qui n’a d’autre pouvoir que cette dyade en lui. Second point, le masque est un impératif pour quiconque entend maintenir l’ordre. Il s’agit d’être simulateur et dissimulateur, selon les vents de la fortune. Evidemment, la moralité américaine prend à nouveau un coup dans sa superbe, surtout si l’on se réfère au maître en la matière, Kant, pour qui le mensonge est dans tous les cas moralement condamnable. Ah, Kant ! lui répondrait Batman, je te croyais plus fort que ça… Car ici, on parle de réalité effective et il n’y pas de happy end possible. En revanche, bien que le héros reparte éreinté, cassé et totalement isolé, au lever du jour sur son fidèle destrier, il ressort toutefois de cette aventure comme on sort d’un doute, convaincu du bien-fondé et de la légitimité de son action. Le monde contemporain, corrompu, vil et immoral, aura ici et maintenant son double pour gardien, celui qu’il mérite.


Pour finir, on ne sera guère surpris d’apprendre que le scénariste et dessinateur actuel du Batman version comics, Frank Miller, prépare une nouvelle BD,  « Holy Terror, Batman! », qui verra le justicier masqué affronter directement Oussama Ben Laden. (Gotham sera attaquée par Al-Qaïda et Batman devra défendre la ville qu’il aime). Bien que le titre prête à sourire, puisqu’il joue avec l’expression récurrente de Robin, la BD ne se cachera pas derrière son petit doigt pour aborder ce sujet sensible. D’ailleurs, Miller ne dissimule pas le vrai but du livre qu’il qualifie de « morceau de propagande ». Selon ses propres termes, « Batman va donner un bon coup de pied au cul d’Al-Qaïda ! ». Bref, on l’aura compris (les scores au box-office de The Dark Knight parlent d’eux-mêmes), la machinerie Hollywood n’a pas fini d’asséner de gros coups dans l’imaginaire et l’inconscient collectifs pour nous expliquer comment re-penser, à la sauce américaine, la donne morale et la trame politique du monde du XXIème siècle.

 

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 14:38

 


FICHE TECHNIQUE :

Réalisation : Paul Grimault
Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault, d'après le conte d'Andersen, La Bergère et le Ramoneur

Dialogues : Jacques Prévert
Image : Gérard Soirant
Musique : Wojciech Kilar
Chansons : Joseph Kosma (musique), Jacques Prévert (paroles)
Animation : Gabriel Allignet, Marcel Colbrant, etc.

Voix des personnages : Jean Martin (l'Oiseau), Pascal Mazzotti (le Roi), Raymond Bussières (le Chef de la police), Agnès Viala (la Bergère), Renaud Marx (le Ramoneur)…
Production : les Films Paul Grimault, les Films Gébé, A2

Durée : 87 minutes, couleur
Tournage : 1947 - 1950 / 1977 - 1979
Sortie à Paris : 1980

      A l’heure d’été où les parents sont plus ou moins volontairement enfermés dans la dichotomie réductrice Disney/Pixar (Wall E ou Madagascar 2), voici un dessin animé français, Le Roi et l’Oiseau, que j’ai découvert grâce à un article de Mirbel (ciné-quartier), qui permet à mon sens de rompre avec l’uniformisation ambiante de l’imaginaire des petits mais aussi et surtout des plus grands.

L’histoire est la suivante :

      Un roi tyrannique et mégalomane, Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize, règne sans partage et avec une certaine cruauté sur le royaume de Takicardie. Ce roi déteste les oiseaux et les martyrise à l’envie, notamment la famille de l’oiseau-narrateur, à la verve subtile (Ca, Prévert avait une sacrée plume). De même, il fait disparaitre dans des trappes tous ceux qui ne lui reviennent pas (cf Le père Ubu). Dans son royaume, les sculptures et les peintures qui le représentent sont innombrables et mettent parfaitement en lumière l’utilisation de l’art par la dictature. Une nuit, dans sa chambre, le roi est troublé par le portrait d’une charmante bergère, juste à côté d’un autre tableau qui représente un ramoneur que le souverain déteste. Lorsqu’il s’endort, le roi se retrouve en rêve avec les portraits des tableaux qui alors s’animent. L’illusion est si forte que le roi en oublie qu’il ne s’agit que d’un simple songe. Dans celui-ci, la bergère et le ramoneur s’aiment mais le roi a juré d’épouser la bergère avant minuit. Le couple est alors emprisonné et, aidé par l’Oiseau, va tenter de recouvrer sa liberté…



Il était une fois le dessin animé français

     Tout d’abord, Le Roi et l'Oiseau (1945) constitue le tout premier long métrage de dessin animé français en couleurs. C’est à la géniale association du réalisateur Paul Grimault et du poète Jacques Prévert que l’on doit ce chef d’œuvre, dont l’histoire est assez atypique et finalement révélatrice des difficultés que rencontre généralement le cinéma d’animation français. En effet, le film a connu une première mouture sous le titre : La Bergère et le Ramoneur – normal puisqu’il est tiré du conte éponyme de Hans Christian Andersen – laquelle sortit en 1953 mais avec un montage différent, imposé par la production, dans une version que désapprouvèrent Paul Grimault et Jacques Prévert eux-mêmes. En 1966, Paul Grimault récupère les droits et les négatifs du film, qui durait 62 minutes, puis redessine les scènes existantes, tourne de nouvelles séquences et le remonte entièrement pour donner Le Roi et l'Oiseau (87 mn). Enfin, en 1980, le film verra le jour ; il aura fallu attendre trente cinq ans pour que Le Roi et l’Oiseau sorte pour de bon sur les écrans. Malheureusement, Jacques Prévert (décédé en 1977) ne connaîtra jamais cette version définitive. En outre, il est étonnant de constater à quel point la genèse du film fait écho au message qu’il contient : le triomphe de la liberté.

Derrière la poésie, une subtile dénonciation

D’emblée, on plonge dans un univers hautement surréaliste et ultra poétique. Le dessin de Grimault est original et somptueux, il distord les perspectives, favorise les grands espaces architecturaux « à la Salvatore Dali » ou « à la Giorgio de Chirico », et pousse à l’excès les antagonismes (haut/bas, endroit/envers, etc.). Il esquisse ainsi le tableau saisissant d’un royaume hybride principalement caractérisé par l’hubris et le colossal. (A titre personnel, j’ai cru reconnaitre certains  plans susceptibles d’avoir influencé le film Brazil, de T. Gilliam. A préciser...). Egalement, les personnages hauts en couleurs sont rigoureusement élaborés sur le plan physique et comportemental. Plus encore, ils portent intrinsèquement une forte charge symbolique : la jeunesse éprise de liberté pour la bergère et le ramoneur, la défense de l’amour et la force du verbe pour l’Oiseau, le pouvoir tyrannique et la méchanceté pour le Roi. Pour reprendre l’expression de Grimault lui-même, il s’agit-là de personnages - prétextes. Prévert non-plus n’est pas en reste (co-scénariste, dialoguiste), et ses jeux de la langue comme ses mots enluminés sont franchement savoureux. Sa poésie a le don de tourner en ridicule la violence, de la violenter elle-même d’un soufflet. Plus que jamais, la plume est employée comme une arme redoutable pour lutter contre la dictature, (les récentes tentatives de censure de la Chine à l’aube des Jeux 2008 sont encore là pour en témoigner). Sur le plan esthétique, Le Roi et l’Oiseau est donc une véritable innovation et une vraie prise de risque, Grimault et Prévert mettant au point une stylistique nouvelle et encore aujourd’hui très originale. Mais derrière la forme pointe le fond et l’œuvre offre manifestement une pluralité de lectures. En effet, c’est à une véritable exégèse de La Bergère et le Ramoneur que procède Jacques Prévert, exégèse qui réfléchit autour des possibles détournements de sens du récit initial. (« Voilà une histoire qui ferait un bon film » dit Jacques Prévert à Paul Grimault après avoir relu Andersen). De-là, un ingénieux travail de destruction et de re-construction du texte originel est opéré. Parmi ces interprétations en puissance, le poète y voit une occurrence politico-philosophique forte, l’occasion d’un pamphlet contre le totalitarisme et l’obscurantisme, et plus précisément, si l’on se réfère aux nombreuses allusions qui parcourent le métrage, contre le nazisme et le stalinisme. Néanmoins, le lieu même où se déroule l’histoire, (Takicardie, royaume purement imaginaire), permet de lui donner une dimension universelle et atemporelle.

Apologie de la liberté

     Entrons un peu plus précisément au cœur de cette dénonciation, à commencer par les rapports qu’entretiennent l’art et la politique. Première constatation, l’esthétique du royaume est toute entière portée par le culte de la personnalité du dictateur. Ici, évidemment, les auteurs entendent dénoncer l’asservissement de l’art par les totalitarismes de tous poils, en stigmatisant les rouages propagandistes de la production artistique. Dans cette voie, ils dressent un parallèle noir et grinçant entre l’organisation du travail dans les usines où les œuvres sortent à la chaine (productivisme à outrance et aliénation du travail – cf Marx, Manuscrits de 1844, ou encore Les Temps Modernes de Chaplin) et le fonctionnement du despotisme (modèle unique et incarnation sans cesse renouvelée de la figure paternaliste de l’Etat.).  Egalement, l’omniprésence de l’autorité (les policiers là encore assez proches de l’univers chaplinien, voire même des Dupont et Dupond de Hergé) est là pour nous rappeler gentiment mais sûrement ce qui fonde indument ce type de pouvoir. Si l’utilisation de l’art est mise en cause, celle de la technique ne sera pas épargnée non plus à travers la figure du robot destructeur, surprenante anticipation du robot « Goldorak », très révélatrice de la crainte qu’inspira l’utilisation du couple science et technique en cette époque post seconde guerre-mondiale. De-là, le poète et le dessinateur ne manquent pas l’opportunité de reprendre et de développer des thèmes qui leurs sont chers, tels que l’amour et la liberté, dont, nous l’avons dis, les personnages sont les symboles. Ici, leur révolte peut être envisagée sous deux angles : d’une part, il s’agit de glorifier le droit à la résistance du peuple (cf : Montesquieu) et de permettre à la liberté de triompher au travers d’un happy end nécessaire au regard du message ; d’autre part, elle permet la mise en abîme d’une libération, voulue par les auteurs, de la standardisation des images produites à la chaine, sériées comme l’étaient hier et le sont encore aujourd’hui les productions US - ce qu’il faut bien appeler un "kidnapping culturel". On retrouve donc insidieusement dans cette révolte contre le système formaté la lutte qui opposa pendant trente cinq ans les auteurs à leur production pour imposer leur idée d’une animation libre et neuve.

    Pour conclure, on soulignera que les héritiers revendiqués de Grimault et de Prévert se nomment aujourd’hui Hayao Miyazaki (Le voyage de Chihiro, Le château ambulant, Princesse Mononoké) et Isao Takahata (grand ami et collaborateur de Miyazaki, traducteur de Prévert et réalisateur, entre autres, du film Le tombeau des lucioles); l’un et l’autre n’ayant  jamais cessé de clamer leur attachement au film Le Roi et l’Oiseau. D’ailleurs, Miyazaki, dans un de ses premiers longs métrages, rend hommage à Grimault en s´inspirant très largement du Château de Takicardie pour Le Château de Cagliostro. Cette vague du cinéma asiate (que j'aime beaucoup) reprend ainsi le flambeau laissés par les deux résistants gaulois en s’efforçant de montrer qu’en matière d’animation, autre chose est possible que les films de Disney (ou Pixar).

Bande-annonce Le Roi et L'oiseau:

                             
                            



POUR FAIRE LE PORTRAIT D’UN OISEAU

Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger …
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

 

Jacques PRÉVERT, Paroles (1945)
©1972 Editions Gallimard

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 21:22

 

    

 

     Triste nouvelle pour la musique en général, et pour moi qui était fan, le chanteur soul Isaac Hayes a définitivement rangé ses instruments, dimanche après-midi (10/08/08), à l’âge de 65 ans. Ce sont des proches de l'artiste qui ont retrouvé ce dernier inconscient près d'un tapis de course où il s’exerçait. I. Hayes a été transporté dans un hôpital de Memphis où son décès a été constaté. 

Eternal Black Moses                                                                                                                                                                      

     Chanteur, compositeur et auteur de chansons qui ont la classe façon Pimp, ce roi de la soul restera une vraie légende du son des années 60 - 70. Musicien phare de la soul music, au même titre que Otis Redding, Aretha Franklin,  James Brown ou Curtis Mayfield, il a marqué de son empreinte toute une époque. I'm a soul man... son premier grand succès, co-signé avec David Porter et interprété par Sam&Dave, annonçait d’emblée la couleur. En 1969, son album Hot buttered soul fait de lui une star et un symbole de la cause noire, à une période où l'activisme des Black Panthers battait son plein. Au sommet de son art, Isaac Hayes avait même été surnommé le Black Moses, pour son aptitude à galvaniser les foules, ainsi que pour sa voix noire et profonde de baryton. Une voix que j’ai découvert adolescent, avec ses intonations lourdes, graves et sensuelles, et qui avouons-le, m’a souvent secondé pour jouer les jolis cœurs ("Soulsville", "Do Your Thing"). Aujourd’hui encore, elle continue de résonner pour moi lorsque l’envie de me la jouer revient. (En outre, le trip-hop, Massive Attack et Portishead en tête, s'est largement servi dans son répertoire niveau samples). Bref, Isaac Hayes restera, pour moi c’est certain, cette voix et ce groove uniques et reconnaissables entre milles.


Isaac Hayes et l’écran


La liste de ses compositions musicales pour le cinéma est impressionnante, de Shaft (film blaxploitation de G. Parks), qui lui valut un Grammy Award en 1971, aux plus récentes telles que Zodiac (de D. Fincher), Kill Bill, volume 2 (de Q. Tarantino), American Gangsters (de R. Scott), sans oublier une production française de Akhenaton et Kamel Saleh,dont la B.O me tient particulièrement à cœur : Comme un aimant (avec le titre sombre et envoûtant « Is it really home ? »). On notera également qu’il fut le premier compositeur Afro-américain à remporter, en 1972, l'Oscar de la meilleure chanson, avec son légendaire «Theme From Shaft».  En un mot, ce géant de la soul a apposé son style langoureux et noir à nombre de bandes sons de qualité. Côté acteur, il fut plutôt mal employé dans les nombreux et médiocres métrages qu’il tourna, par exemple Truck Turner (de J. Kaplan), Piège fatal (de J. Frankenheimer), Milliardaire malgré lui (de A. Bergman) ou encore Hustle & Flow (de C. Brewer). Toutefois, ses apparitions dans Sacré Robin des bois ! (de Mel Brooks), où il interprète « A vos souhaits », comme dans des épisodes oubliés de Deux flics à Miami, de L’Agence tous risques, ou encore de That '70s show, sont encore plus surprenantes.
      Autre corde à son arc, Hayes a prêté son magnifique organe, de la fin des années 90 jusqu'en 2006, au personnage de Jerome "Chef" McElroy dans la série animée South Park ; série qu’il quitta brutalement après qu’un épisode ait tourné en dérision l’Eglise de scientologie à laquelle il appartenait. (Personne n’est sans parfait.).  De lui, on retiendra aussi qu’il fut couronné au Ghana, le 23 juillet 1994, Roi du district d'Ada, en remerciement de son travail et de son aide humanitaire (Hayes a fait construire au Ghana une institution pédagogique sous la bannière de l'Isaac Hayes Foundation).

 

    

     Après l’acteur Bernie Mac, (l'un des braqueurs du gang Clooney dans "Ocean's 11/12/13"), c’est donc une autre figure de la culture «black» qui a tiré sa révérence en ce week-end du 10 août. Isaac Hayes laisse derrière lui quatre femmes et douze enfants. Et un Baccawine un peu triste, à qui il ne reste plus guère que Al Green pour se consoler de cette époque révolue. I'm a soul man...

 

                                         
                                
                              
                                 Isaac Hayes - Live
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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 10:54

 

 
Bonjour à tous, ami(e)s  cinéphiles!

Et si on profitait de l’été pour prendre le pouls de notre culture cinéma ?

Pour se faire, je vous propose d’associer à chaque titre de film son réalisateur. N'hésitez pas à laisser vos résultats dans les commentaires. Bon jeu...

 

           Titres de film :                                                        Réalisateurs :

         

          a. La vie est un long fleuve tranquille.                1. Robert Zemeckis.

          b. La mort aux trousses.                                       2. Quentin Tarantino.

                                    c. La vie devant soi.                                                3. Luchino Visconti.

          d. Le jeu de la mort.                                               4. Bertrand Tavernier.

          e. La vie est belle.                                                   5. Nicholas Hytner.

           f. Mort à Venise.                                                      6. Olivier Dahan.

          g. La vie des autres.                                               7. Abderrahmane Sissako.

          h. Boulevard de la mort.                                         8. Alfred Hitchcock.

           i. Danse ta vie.                                                         9. Rémi Bezançon.

           j. La mort vous va si bien.                                    10. Radu Mihaileanu.

          k. Le 1er jour du reste de ta vie.                           11. Georges Lautner.

          l. Déjà mort.                                                             12. Lasse Hallström.

         m. La vie sur terre.                                                  13. Bruce Lee.

         n. La mort en direct.                                                14. Sam Raimi.

         o. Va, vis et deviens.                                               15. Etienne Chatiliez.

         p. Mort d’un pourri.                                                  16. Alain Resnais.

         q. Une vie inachevée.                                             17. Roberto Benigni.

         r. Mort ou vif.                                                             18. F. Henckel von Donnersmarck

         s. Vivre et laisser mourir.                                       19. Moshé Mizrahi.

          t. L’amour à mort.                                                   20. Guy Hamilton.
        

          _____________________________________________________________

      Réponses : a15 – b8 – c19 – d13 – e17 – f3 – g18 – h2 – i5 – j1 – k9 – l6 – m7 – n4 – o10 – p11 – q12 – r14 – s20 – t16.

_______________________________________________________________________________________

Résultats:

Vous avez entre 0 et 4 bonnes réponses : Vite ! sortez le défibrillateur ! L’encéphalogramme est (presque) plat, Monica Bellucci doit venir vous faire du bouche à bouche…

  Vous avez entre 5 et 9 bonnes réponses : C’est pas la grande forme. Je vous recommande une petite cure de ciné avant d’entamer la rentrée.

  Vous avez entre 10 et 14 bonnes réponses : Pas trop de problèmes pour vous, votre culture-ciné se porte bien.

Vous avez entre 15 et 20 bonnes réponses : Tranquille Emile ! Pour vous, ce n’était qu’une petite promenade de santé, votre culture ciné pète le feu.

 

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