Depuis Héraclite, nous ne cessons d’associer le temps à la fuite inexorable, et nous le comparons volontiers à une sorte de fleuve qui s’écoule irréversiblement (« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve »). Le temps est donc supposé avoir un cours objectif, orienté du passé vers l’avenir, ce que nous révèlent à chaque instant la progression des aiguilles de nos horloges. Le temps n’aurait ainsi qu’une unique dimension, à l’image d’une ligne continue fragmentée d’instants infiniment proches parcourus les uns après les autres, et permettant une mathématisation. Dés-lors, si l’on en croit les physiciens, le temps serait par essence linéaire, cela en vertu du « principe de causalité » qui stipule que tout phénomène s’explique par une cause nécessairement antérieure au phénomène en question. (Philosophiquement, cela ressemble en substance à la forme de notre entendement). Dans la réalité, cette morphologie chronologique interdit derechef les voyages dans le temps, puisque ceux-ci offriraient de retourner dans le passé pour modifier une séquence d’événements ayant déjà eu lieu, entrainant nécessairement un cul-de-sac logique. [Bien-sûr, ici, nous distinguons franchement ce qui relève d’une part de l’objectivité du temps et, d’autre part, ce qui relève de la subjectivité du temps, où manifestement les aiguilles des horloges ne disent pas toute la vérité. Il va de soi que la temporalité « vécue » permet des voyages dans le temps, l’évocation de la Madeleine de Proust suffisant à l’illustrer.]
• C'est arrivé demain (1944), de René Clair.
Un journaliste new-yorkais reçoit chaque jour de façon inexplicable le journal du lendemain. Il profite de la situation et coiffe sur le poteau des scoops tous ses confrères. Jusqu'au jour où il découvre son nom dans la rubrique nécrologique. L’un des quatre films que René Clair tourna à Hollywood, une mise en scène magistrale et des gags qui se multiplient. A découvrir ou redécouvrir.
• La Machine à explorer le temps (1960), de George Pal.
Attention au décollage, cette machine est un vieux modèle, sorte de traineau des neiges muni à l’arrière d’une espèce d’antenne parabolique. Kitsch et bruyante. Le scénario est le suivant : un scientifique vivant à l'époque victorienne fabrique un engin spatio-temporel et voyage loin dans le futur. Il s'aperçoit alors que la race humaine s'est divisée en deux espèces, une vivant à la surface, et l'autre sous terre. Quand sa machine est volée par le peuple souterrain cannibale, il doit risquer sa vie pour retourner dans son époque...
• La Jetée (1962), de Chris Marker.
Etonnant et bluffant, ce roman-photo est un choc visuel d’une rare inventivité doublé d’une mise à l’épreuve de nos capacités cognitives. Il faut le dire, ce court-métrage a énormément inspiré L'Armée des 12 singes de Terry Gilliam (et même si ce petit roublard de T. Gilliam prétend ne pas avoir vu le film avant de se mettre à l’œuvre, « pour ne pas être influencé » mon œil ; cf la scène finale). Bref, l’histoire est la suivante : des savants post-nucléaires traquent le passé dans les rêves d'un cobaye humain pour capturer l'espace-temps. Une demie heure de bonheur.
• Bandits, Bandits (1980), de Terry Gilliam.
Sans doute mon préféré de Gilliam, ce film est d’une grande richesse, laquelle a peut-être influencé les concepteurs de Stargate. En effet, il existe des portes spatio-temporelles qui permettent le passage d’une époque à une autre, l’essentiel étant bien-sûr de posséder la carte qui indique les dates et heures fixes auxquelles elles s’ouvrent. Métaphysique et poésie sont au rendez-vous dans cette magnifique histoire : Pendant la nuit, Kevin, un petit garçon anglais, est visité par six nains qui ont dérobé à l'Être suprême la carte du Temps. L'enfant s'engage alors dans un voyage à travers l'Histoire : il fait la rencontre de Napoléon à la bataille de Castiglione ainsi que celle de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood. Il croisera également sur son chemin le majestueux paquebot "Titanic".
• Nimitz, retour vers l'enfer (1980), de Don Taylor.
Le voyage dans le temps, mais version cauchemar. L’idée de départ est assez originale : plus ou moins à notre époque, suite à une tempête magnétique, le Nimitz, un porte-avion américain, se retrouve projeté en 1941, à la veille de l'attaque de Pearl Harbour... Ici, ce n’est pas un destin personnel et unique qui est en jeu, mais celui de l’histoire. Un film efficace servit par une interprétation remarquable.
• Terminator (1984-2003), de James Cameron (1
et 2) et Jonathan Mostow (3), série de trois films.
Dans l’univers SF du cinoche, il y a un avant et un après Terminator. Sérieux. Genèse d’une saga exceptionnelle : A Los Angeles en 1984, un Terminator, cyborg surgi du futur, a pour mission d'exécuter Sarah Connor, une jeune femme dont l'enfant à naître doit sauver l'humanité. Kyle Reese, un résistant humain, débarque lui aussi pour combattre le robot, et aider la jeune femme...
Terminator 2 : Le jugement dernier : Le top des effets spéciaux de l’époque et de l’action en veux-tu en voilà. On se retrouve en 1995, cette fois, les machines de Skynet,dix ans après leur échec pour éliminer Sarah Connor, envoient le cyborg tueur T-1000 pour éliminer son fils John Connor, futur chef de la résistance humaine. Un autre robot, le T-800, est chargé de le protéger... Hasta la vista, baby…
Terminator 3 : Le soulèvement des machines : Toujours spectaculaire, certes, cet épisode me paraît tout de même être le plus faible de la série. John Connor, futur
leader de la résistance humaine, vit dans l'ombre. Les machines de Skynet envoient vers le passé la T-X, une androïde nouvelle génération "invulnérable", pour l'éliminer. Mais un autre
Terminator, le T-101, est venu le protéger…
• Retour vers le futur (1985), de Robert Zemeckis, série de trois films.
Le premier épisode. La référence. L’inévitable film diffusé dans le car lors des voyages scolaires de mon enfance, œuvre quasi-métaphysique (pour des marmots) qui incitait à rêver que le lourd véhicule qui nous transportait se transforme en une DeLorean flambant neuve et que, chauffeur si t’es champion, elle en vienne à atteindre le 88 miles à l’heure. En résumé, l’action se passe en 1985, le jeune Marty McFly mène une existence anonyme auprès de sa petite amie Jennifer, seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur qui serait ravi de l'expulser du lycée. Ami de l'excentrique professeur Emmett Brown, il l'accompagne un soir tester sa nouvelle expérience : le voyage dans le temps via la DeLorean trafiquée. Mais la démonstration tourne mal : des trafiquants d'armes débarquent et assassinent le scientifique. Marty se réfugie dans la voiture et se retrouve transporté en 1955. Là, il empêche malgré lui la rencontre de ses parents, et doit tout faire pour les remettre ensemble, sous peine de ne pouvoir exister... Dans mon école, le nom de "Biff Tannen" est tout de suite devenu une insulte.
Retour vers le futur II (1989): Le succès du premier épisode était tel qu’il aurait semblé saugrenue à Hollywood-la-vénale de ne pas le bisser, d’autant plus que les ficelles des allers et retours dans le temps avaient encore à l’écran bien des nœuds à serrer. En voici le synopsis : Lors de son premier voyage en 1985, Marty a commis quelques boulettes dont il n’a pas mesuré les conséquences. L'avenir qu'il s'était tracé n'est pas si rose, et son rejeton est tombé sous la coupe du voyou Griff Tannen, qui veut régner sur la ville. En compagnie de son ami Emmett "Doc" Brown et de sa fiancée Jennifer, Marty va devoir entreprendre un voyage vers le futur, pour tenter de donner un peu plus de moralité à son héritier. Un voyage aux conséquences dramatiques et de superbes scènes de skate du futur... On pourra comprendre ici que notre histoire personnelle est le fruit d’une sélection faite à certains moments à partir d’un nombre incommensurable de choix possibles dont nous sommes responsables.
Retour vers le futur III (1990) : Un film pop-corn sympa comme tout : Après son voyage mouvementé entre passé, présent et futur,
même pas malade, Marty McFly apprend par une lettre vieille de cent ans que son vieil ami Emmett "Doc" Brown se serait crashé en 1880 au volant de sa DeLorean, restant ainsi prisonnier du
far-west, sous la menace de Buford "Molosse" Tannen qui s'est juré de le tuer. Il n'a que cinq jours pour retrouver Doc et le ramener vivant vers le présent...
• Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis.
Une friandise pour nos zygomatiques que ce petit bijou qui voit
pénétrer l’humour au cœur de la quatrième dimension : Phil Connors, journaliste à la télévision, et accessoirement responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade
de Punxsutawney où l'on fête le "Groundhog Day" : "Jour de la marmotte". Dans l'impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d'intempéries il se voit forcé de passer une
nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu'il est condamné à revivre indéfiniment la même
journée, celle du 2 février...
• Les Visiteurs (1993), de Jean-Marie Poiré.
Oyé oyé braves gaulois, l’historiette se dérouloie en l'an de grâce 1112, lorsque le comte de Montmirail et son fidele écuyer, Jacquouille la Fripouille, se retrouvoient propulsés en l'an 1992 après avoir bu une potion magique fabriquée par un enchanteur. Un carton au box-office hexagonal, soit, mais qui ne vieillit pas très bien à mon sens. Bref, un voyage par absorption de drogues.
• Time Cop (1994), de Peter Hyams
JCVD, c’est bien son truc de se perdre dans l’espace et le temps. Ici, le
voyage qu’il nous propose se fait à bord d’une voiture de course programmée par des scientifiques, vous l’aurez compris une version améliorée de la DeLorean. En l'an 2004, l'homme est enfin
parvenu à maîtriser les voyages dans le temps. Mais une nouvelle espèce de criminels est née à la faveur de cette invention miracle. Un individu mal intentionné peut en effet désormais
manipuler à sa guise les évènements historiques ou les marchés financiers, exploiter à ses propres fins une découverte scientifique ou militaire, compromettre l'avenir de son pays, provoquer
une guerre mondiale... Pour prévenir de tels abus, les Etats-Unis ont créé à Washington la Time Enforcement Comission, une unité d'élite chargée de contrôler et d'interdire toute
tentative de déplacement temporel. Les propres agents TEC ne sont cependant pas à l'abri des tentations... Bon, d’accord, c’est un véritable fourre-tout, mais certaines pistes auraient pu être
intéressantes.
• L'Armée des 12 singes (1995), de Terry Gilliam.
La Jetée complexifiée à outrance, au point de s’y perdre parfois, mais un très beau et très bon film au demeurant : En 2035, une épidémie inconnue a emporté la quasi-totalité de la population mondiale. Les survivants se sont regroupés sous terre et renvoient en 1996 l'un des leurs, James Cole, afin qu'il découvre les causes de la catastrophe. Son enquête le conduit sur les traces d'une mystérieuse organisation, l'Armée des douze singes.
• Peut-être (1999), de Cédric Klapisch.
Atterrissage dans le sable pour un film un peu mou du genou et caricatural. Dommage car l’idée de base était plutôt maligne : Le soir du réveillon de l'an 2000 Lucie demande a Arthur de lui faire un enfant. Lui ne se sent pas prêt à être père. Au cours de la soirée quand la fête bat son plein, Arthur vit une expérience troublante. Il se retrouve transporté soixante-dix ans plus tard dans un Paris ensablé (magnifique photographie). Il fait alors la rencontre d'un vieux monsieur chevelu qui affirme être son fils. Ce patriarche de soixante-dix ans s'efforce alors de convaincre son géniteur de revenir dans le présent et de faire un enfant à Lucie, afin qu'il ne disparaisse pas.
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• La Machine à explorer le temps (2002), de Simon Wells.
Personnellement, je n’ai pas aimé, surtout à cause de
l’idéologie dont cette version se fait le témoin, mais difficile tout de même de ne pas la faire figurer sur cette liste. L’histoire est la suivante : A New York, en 1899, Alexander
Hartdegen, un brillant physicien de l'Université de Columbia, fait la connaissance d'Emma, une charmante demoiselle dont il tombe follement amoureux. Un soir, dans Central Park, il trouve le
courage de lui déclarer sa flamme et de lui offrir une bague de fiançailles. Un voleur tente alors de dérober le fameux bijou, mais Emma ne se laisse pas faire. Un coup de feu retentit, la
malheureuse s'effondre et meurt dans les bras d'Alexander.
Refusant cette triste fatalité, celui-ci consacre tout son savoir et toute son énergie à construire une machine à explorer le temps afin d'altérer le cours des événements et ainsi sauver la vie
de sa bien-aimée. Alexander embarque à l'insu de tous pour ce voyage de la dernière chance et se voit bientôt propulsé dans le XXIe siècle.
• Minority Report (2002), de Steven Spielberg
Directement inspirée d’une nouvelle de Philip K. Dick, (un maître sinon le maître de la littérature SF), l’histoire est savoureuse : A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"... Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha. De mon humble point de vue, un bon film.
• L'Effet papillon (2004), de Eric Bress.
Teenmovie par excellence, relativement agréable même si je trouve qu’il s’essouffle vite, L’effet papillon en rajoute une gentille couche sur les paradoxes spatio-temporels. Voyez plutôt : Une théorie prétend que si l'on pouvait retourner dans le passé et changer quelques détails de notre vie, tout ce qui en découle serait modifié. On appelle cela "l'effet papillon". Trop fort, Evan Treborn a cette faculté. Fasciné, il va d'abord mettre ce don au service de ceux dont les vies ont été brisées dans leur enfance. Il peut enfin repartir dans le passé et sauver la seule jeune fille qu'il ait jamais aimée. Mais Evan va découvrir que ce pouvoir est aussi puissant qu'incontrôlable et s'apercevoir que s'il change la moindre chose, il change tout. En intervenant sur le passé, il modifie le présent et se voit de plus en plus souvent obligé de réparer les effets indésirables de ses corrections... Comme quoi, Zemeckis avait posé vingt ans plus tôt de solides fondations.
• Déjà vu (2006), de Tony Scott
A mon sens, c’est un peu idiot d’avoir intitulé le film ainsi car tout semble dit. Mais vu que je suis bon public, en voici quand même la trame élimée : Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin se voit enrôlé au sein d'une nouvelle cellule du FBI ayant accès à un appareil gouvernemental top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps", et ainsi de retrouver les preuves nécessaires à l'arrestation d'importants criminels. Cette fenêtre permet d'observer des évènements dans le passé s'étant déroulés quatre jours, six heures et quelques minutes auparavant… Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n'être qu'un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d'innocents.
Pour conclure, si d’autres portes spatio-temporelles vous reviennent en tête, ou d’autres véhicules oubliés susceptibles de nous faire voyager dans le temps et sur la toile, n’hésitez pas à les proposer dans les commentaires…