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  • : L'Oeil sur la Toile
  • : Un regard analytique sur le cinéma
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" Qu'il  s'agisse de penser le devenir ou de l'exprimer, ou même de le percevoir, nous ne faisons guère autre chose qu'actionner une espèce de cinématographe intérieur. Le mécanisme de notre connaissance usuelle est de nature cinématographique." 

                             
                                   H. Bergson, l'Evolution créatrice.



                                                                                                                                                         

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Bonjour à tous !


 

Bienvenue à tous les amoureux du 7ème art...

 

Ce blog se propose de porter un regard analytique sur le cinéma d’aujourd’hui et d’hier. Un coup d'œil également sur le parcours des dernières sorties Ciné et DVD. Ici, on décortique le film, on donne son avis, on parle de nos coups de cœur, etc.  N'hésitez pas à laisser vos commentaires.

 

Bonne lecture...

 

 



23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 08:56

 

Adieu Georges....

MERCI POUR TOUS CES MOMENTS ATEMPORELS !!!

 

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 22:50

 

 

Deleuze et le cinémaGilles Deleuze a toujours recouru aux images, et particulièrement à celles du cinéma, pour expliciter sa pensée et promouvoir une nouvelle pratique de la philosophie. En 1983 et 1985, par réaction contre les approches en termes de texte filmique propres aux penseurs des années 1970, il publie deux ouvrages fondamentaux, devenus depuis des classiques Image-mouvementCinéma 1 et Image-tempsCinéma 2. Dans ce dernier ouvrage, Deleuze affirme que le cinéma « est une nouvelle pratique des images et des signes, dont la philosophie doit faire la théorie comme pratique conceptuelle ».  Pour lui, le cinéma est avant tout un « topos » de la pensée, mais il ne lui appartient pas à lui, intrinsèquement, de construire ses propres concepts, quand bien même Deleuze estime n’avoir aucune leçon à donner aux cinéastes.

 

La philosophie de Deleuze consiste ainsi à classer les différentes formes filmiques dérivées principalement de la pensée du mouvement de Bergson. Elle reprend donc l’articulation entre les trois niveaux bergsoniens : les ensembles et leurs parties, le Tout, le mouvement qui se décompose d’après les éléments entre lesquels il joue dans un ensemble et qui se recompose comme expression du changement qualitatif du Tout dans la durée.

Trois types d’images sont ainsi isolées : « l’image-instantanée » (c'est-à-dire l’instant quelconque de la prise de vue) ; « l’image-mouvement » (qui est comme « la coupe mobile de la durée » donnée immédiatement par le cinéma) ; et « l’image-temps » (qui est une image de la durée elle-même). Le passage du cinéma classique (Hawks, Kurosawa, Hitchcock,...) au cinéma moderne (Resnais, Godard, Antonioni,…) se comprend comme la crise de « l’image-mouvement » dans sa composante d’ « image-action », et  l’émergence de l’ « image-temps » dans son rôle fondateur de cristallisation de l’image.

Afin de mieux appréhender cette présentation aussi obscure que réductrice, ainsi que le personnage vraiment passionnant, je vous propose de prendre des cours de « philosophie-cinéma » avec le maître lui-même, cours magistraux donnés en 1981 structurés ici en huit séquences :

 

Séance 1:

 

Séance 2:

 

Séance 3:

 

Séance 4:

 

Séance 5:

 

Séance 6:

 

Séance 7:

 

Séance 8:

Deleuze N&B
 
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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 10:46

 

 

LEGO-vintage.jpgC’est au danois Ole Kirk Christiansen, qui possèdait une charpenterie dans les années 30, que l’on doit les LEGO. Il entreprit à peu près à cette époque de miniaturiser les objets qu’il construisait afin de baisser ses coûts de production. Il commença  alors à fabriquer ses premiers jouets en bois. En 1934, son entreprise adopta le nom de "LEGO", contraction de "leg godt", qui signifie "joue bien". 
En 1947, l'entreprise opta  pour le plastique, et deux ans plus tard, elle développa des "briques à assemblage automatique", les fameuses briques à plots, basées sur une invention du Britannique Hilary Harry Fisher Page, (dont LEGO rachète les droits – 1949 ; à noter que Page, le pauvre homme, se suicidera en 1957).
Les jouets en plastique mirent du temps avant de devenir populaires, mais le succès fut finalement au rendez-vous dans les années 60, et la marque LEGO devint connue dans le monde entier jusqu'à devenir, en 2011, le quatrième fabricant de jouets mondial. J’y jouais allégrement dans les années 70-80, en récupérant parfois certaines pièces que possédaient mes parents. Aujourd’hui, à l’heure de la civilisation technologique devenue toute puissante, mes enfants et leurs petits copains et copines y jouent toujours, comme quoi ce jouet a su traverser les âges sans trop se rider. La diversité qu'il propose - LEGO System, LEGO Technic, etc. ainsi que les franchises acquises y étant pour beaucoup. (Comparativement, le jeu de construction MECCANO a peiné et peine encore à se renouveler et à perdurer sur le plan de l'engouement et de la notoriété auprès des enfants et pré-ados). Pour vous donner une idée, chaque seconde, sept boîtes de LEGO sont vendues dans le monde tandis que, depuis leur apparition en 1949, 400 milliards de briques LEGO ont été produites.

Si l’on connaît les accointances étroites qu’entretiennent depuis peu les LEGO avec l’univers du jeu-vidéo (Lego Indiana Jones : La Trilogie Originale ; Lego Le Seigneur des Anneaux ; Lego Pirates des Caraïbes ; Lego Star Wars ; Lego : Harry Potter et la Chambre des Secrets ; etc.), lesquelles cartonnent pour les 7 à 77 ans, on remarquera que tous ces vidéo-games sont directement tirés d'œuvres populaires du 7ème art. L’occasion ici de souligner, à l’appui de cette courte animation (03mn 20 sec) d’Harry Bosser, que le cinéma et le jeu de LEGO peuvent former un couple très jouissif et attractif. Pour info, Harry Bossert est un jeune artiste, un peu geek sur les bords, qui aime tout autant le cinéma et les LEGO. Pour rendre hommage à ses deux passions, il a réalisé dix scènes cultes du cinéma anglais en LEGO que je vous propose de découvrir. D’Indiana Jones à Sept ans de réflexion en passant par Singin' in the Rain, le cinéphile et le p’tit enfant qui sommeillent en nous trouveront-là de quoi se régaler :

 

 

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 18:50

 

 

 

« Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler « table » une table ».

                                                                                            Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.

Levres-rouges-sur-un-fond-noir
« Un baiser fait moins de bruit qu’un canon, mais l’écho en dure plus longtemps ».

                                                                                                                                  Holmes Oliver Wendell

 

Chercher à définir l’âge du premier baiser humain est une entreprise qui renvoie sans doute aux époques primitives, lorsque la maman léchait et par « glissements » si je puis dire, embrassait sa progéniture, (après la période de l’allaitement de l’enfant, la mère mâchait la nourriture pour « régurgiter » la bouillie directement dans la bouche du nourrisson, en collant réciproquement leurs lèvres l’une contre l’autre); aux temps obscurs où la « position du missionnaire » venait répondre aux 1ers besoins subjectifs et purement humains de mirer pendant le coït les yeux de l’autre, qui constituent le miroir de son âme à en croire Hegel ; à moins qu’il ne s’agissait alors plus prosaïquement et pragmatiquement de lécher le visage d’autrui pour satisfaire ses besoins en sel. Allez savoir… En revanche, l’histoire du baiser dans le septième art est beaucoup plus facile à dater et commence tout juste un an après l'invention du cinématographe. En 1896, "The Kiss", de William Heise, montre un couple victorien, May Irwin et John C. Rice, s'embrassant (sans la langue, of course) pendant près de 20 secondes, en noir et blanc. Jugé pornographique, il a provoqué la première demande de censure au cinéma ! Je n’ai aucune peine à le croire tant cette séquence remue de trivialité quasi-bestiale en nous. Eloignez les enfants:


 Avec un sujet qui s'y prête comme un gant, le "Don Juan" d'Alan Crosland (1926) se montre à la hauteur de la réputation de sérial séducteur du mythe: on y comptabilise, accrochez-vous, pas moins de 127 baisers échangés entre John Barrymore, Mary Astor et Estelle Taylor. C’est peut-être là qu’est née l’expression : « rester pendu aux lèvres de… ». Toujours est-il que ce sont ces quelques gouttes de salive qui firent déborder l’auguste vase de la censure. Dès 1927, le code Hays est mis en place afin de préserver la bonne  et puritaine morale au cinéma. Une liste de tabous (entre autres la nudité, les baisers sensuels, l’adultère explicite, l’homosexualité, la prostitution, la perversion, etc.) est énumérée comme étant à proscrire de toute réalisation cinématographique. Castration et ménopause réunies.

French-kiss---censure.jpg

"You're In The Army Now" (1941), la comédie de Lewis Seiler passe miraculeusement entre les mailles du filet Hays et vaut le détour pour son baiser le plus long de l'histoire : 03 mn 05 sec chrono en main, entre Régis Toomey et Jane Wyman (Mme Reagan, pour les intimes, future femme de président quand même !). On achève bien les chevaux. Alfred Hitchcock himself procède au détournement de la censure avec son film "Les Enchaïnés", tourné en 1946. Ingrid Bergman et Cary Grant commencent par s'embrasser sur le balcon et traversent tout l'appartement, ne séparant leurs lèvres que toutes les trois secondes – soit la durée réglementaire du baiser au cinéma à cette époque – pour dire leur texte. La séquence dure trois minutes quand même. Hitchcock parvient à déjouer le chronomètre et les membres du comité Hays se voient obligés de remettre le compteur à zéro à chaque séparation de lèvres... Hihihihihihihihi !!!

Baiser-Les-Enchaines.jpg

Dans "Tant Qu'il Y Aura Des Hommes" (1953), Fred Zinnemann filme la galoche « interdite » et va même jusqu'à la magnifier. Burt Lancaster et Deborah Kerr sont des amants adultères qui coulent de partout, qui s'embrassent en se roulant sur le sable d'Oahu Beach, leurs corps dénudés battus par les vagues. Une scène culte ! En quelques secondes, de nombreuses pages du code Hayes sont retournées sur l’oreiller et déchirées recto-verso en toute conscience. En 1968, en pleine libération sexuelle – ce n’était bien-sûr plus la même limonade – Norman Jewison réalise "L'Affaire Thomas Crown" avec pour objectif de filmer le baiser le plus long de l'histoire du cinéma. Steve McQueen et Faye Dunaway disputent une longue partie d'échecs, filmée comme une lente montée du désir qui se termine par un baiser sulfureux de 70 secondes à 360°. Oh, oh my love. Oh my darling. I've hungered for your touch. A long and lonely time. C'est raté pour le record, mais la scène devient mythique. Le réalisateur passe trois jours entiers à faire rejouer la scène à ses comédiens. Un véritable exercice de style qui nécessite sans doute beaucoup d’endurance et un coup de langue de pro pour éviter l'incident buccal, l’asphyxie, la mauvaise haleine, la crampe de la mâchoire, les aphtes, les gerçures, le décollement de l’email dentaire, la rupture du frein de la langue, etc. Où comment se mettre dans la peau du personnage, en commençant par sa bouche. 

Baiser-Tant-qu-il-y-aura-des-hommes.jpg


Tourner une scène de baiser n'était donc pas aussi banalisé et standardisé qu'aujourd'hui. Il faut avoir la tête à l’envers suspendu à des fils et porter un foutu costume rouge pour que le baiser retienne l’attention de nos jours. Reconnaissons-le, la cinégénie du French Kiss était incontournable dans l’histoire du 7ème art et il semble possible de voir, ou non, dans l’apparition du baiser avec la langue au cinéma la grand-mère sympathique et fleur-bleue de la pornographie,  où l’intérieur et l’extérieur des corps sont donnés à voir de la même manière. N’est-ce pas là le fantasme ultime du spectateur devant le baiser sur la toile ? Pour revenir à la genèse du baiser – O tempora ! O mores ! – si de nos jours « savoir embrasser » fait partie du bagage technique que l’on enseigne à toute actrice en herbe dans les écoles d’arts dramatiques, en revanche, pour celles qui initièrent cette douce pratique à l’écran, plus que pour les acteurs, jouer de telles scènes risquait de ternir leur réputation. Certaines s’y sont brûlées les ailes. Il ne s'agissait pourtant que de s'embrasser. Alors, imaginons la difficulté de filmer un couple en train de faire l'amour... On soulignera qu’à peu près à cette époque, le « carré blanc » faisait son apparition à la TV (1961). Brigitte Lahaie avait six ans et Clara Morgane n’était même pas un projet testiculaire.

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 19:36

 

En complément de l’article précédent consacré à la scène du mix de Cut Killer située à 38’40’’ du début du film La Haine ( LA HAINE, de M. Kassovitz – Phénoménologie du point de vue de la musique ), voici la retranscription de l’analyse de cette séquence par Frédéric Bas, enseignant et critique de cinéma. Cette analyse est un extrait du cours de cinéma du Forum des images donné en 2009 à l’Institut National d’Histoire de l’Art (Paris). On est d’accord ou pas – personnellement je n’adhère pas à l’intégralité de la critique – toutefois sur quelques points, c’est très intéressant. Je vous laisse juger :

cut-et-la-haine.jpg« Techniquement, ce plan est intéressant. Ici, pas d’esthétique très hachée du clip. C’est l’un des plans les plus virtuoses du film. On se demande bien comment il a fait. Bon, il (ndrl : M. Kassovitz) a mis beaucoup de budget de son film dedans. Et il a beaucoup expliqué qu’il a mis tout le paquet de l’argent pour la « cité » et qu’il n’y avait presque plus rien pour « Paris ». C’était un choix au bout d’un moment. Chaque jour de tournage de cette scène, qui est réalisée grâce à un petit hélicoptère belge, en plus avec un re-travail pour la première fois sur palette graphique. Kassovitz était fou parce qu’on voyait l’ombre de l’hélicoptère sur la devanture, donc, ils ont nettoyé les images une par une, pixel par pixel, et à l’époque cela coûtait très cher, ce n’était pas comme aujourd’hui. Donc, il y a un plan technique et en plus Kassovitz n’était pas content du tout du plan parce que, normalement, l’hélicoptère devait arriver au-dessus des deux acteurs et les filmer en hauteur. Kassovitz dit qu’il est énervé quand les gens viennent lui dire que c’est une scène formidable. Pour lui, c’est une séquence ratée, même si elle est formidable quand même.

Alors ce qui est intéressant dans l’usage du son dans cette scène, c’est qu’il ne fait jamais cette facilité de mettre de la musique qu’on appelle extra-diégétique, c'est-à-dire de la musique que les personnages n’entendent pas. Et là, dans la scène c’est vrai, les personnages entendent la musique, c’est quelque chose d’extrêmement important dans la scène. La musique sort de la fenêtre et après il n’y a pas que cette musique, si on écoute bien il y a plein d’autres choses. On est dans une esthétique sonore très riche avec plein de petits sons, plein de petites choses. Puis évidemment, dans la musique utilisée, le mix, c’est un mix de trois titres : il y en a un, pas besoin de préciser, il s’agit d’Edith Piaf, « Je ne regrette rien », qu’il met comme un clin d’œil, je ne regrette rien c'est à dire on a fait des conneries mais on ne regrette rien. Je précise bien que c’est dans ce sens-là. Et puis sur la vie, sur la cité, on entend dans les médias que c’est pourri, mais on ne regrette rien, c’est notre vie et on l’aime. Je crois que c’est quelque chose qui est, du point de vue du message ou de la morale du film, c’est quelque chose de très important. Cette idée que la cité est le Bon-Dieu. Et puis, les deux autres morceaux, et bien on a entendu le scratch, c’est « Nique la police » de NTM. C’est une manière de marquer le territoire avec un langage – aujourd’hui on a besoin de sociologues pour nous expliquer ce que c’est que ce langage et qu’on peut sortir de l’idée : c’est bien, c’est pas bien. Essayons de comprendre ce que cela veut dire et qu’est-ce que c’est, et puis simplement récolter déjà. Et un troisième morceau du groupe Assassin (ndrl : « Justice Nik sa mère ». En outre, l’analyste oublie de mentionner un quatrième morceau présent dans le mix : « Sound of the police », de Krs One). »

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Pour conclure, d’une manière générale, je voudrais souligner que les diverses réflexions et critiques de spécialistes qui ont été faites autour de l'ensemble du film se méprennent, à mon humble avis, sur les prémisses de base de l’analyse : Kassovitz n’a pas réalisé a proprement parler un film de banlieue(s) mais un film de cinéma. Sur ce point en particulier, j'irai même jusqu'à dire qu'il s'agit encore aujourd'hui de sa meilleure oeuvre.

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 17:00

 

 

                              1 – VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU, de Miloš Forman (Basketball)


 

vol-au-dessus-d-un-nid-de-coucou.jpg

 

 

Fiche technique:


  • Titre : Vol au-dessus d'un nid de coucou
  • Titre original : One Flew Over the Cuckoo's Nest
  • Réalisation : Miloš Forman
  • Interprètes : Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Danny DeVito 
  • Scénario : Bo Goldman, Lawrence Hauben d'après le roman de Ken Kesey édité en 1962.
  • Production : Saul Zaentz, Michael Douglas
  • Musique : Jack Nitzsche, Ed Bogas
  • Photographie : Haskell Wexler
  • Genre : drame psychologique
  • Durée : 133 minutes
  • Dates de sortie : 19 novembre 1975 (première mondiale à New York)
  •   France: 1er mars 1976

 

 

Pas facile de trancher pour la place de numéro un de mes scènes préférées de sport au cinéma tant la compétition est serrée... Toutefois, je me fends tellement la poire en regardant cette scène qu'elle a gagné pour moi le droit de monter sur la plus haute marche du podium. Pour vous offrir ces 2mn et 30 sec de pur régal de cinéma, votre serviteur s’est donné bien du mal (à convertir et séquencer son DVD perso) mais le résultat le mérite mille fois tant ce passage est pour moi cultissime. Un authentique cinq contre cinq de malades Pensez donc, Jack Nicholson qui parvient à expliquer au grand chef indien comment on joue au basketball ! C’est parti pour un véritable match d'anthologie ! Tout respire le génie cinématographique dans cette séquence que l’on peut revoir à l’envie:         

 

 

 

                                                              2 – THE BIG LEBOWSKI, de Ethan et Joel Coen (Bowling)

 

 

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Fiche technique :


  • Titre original : The Big Lebowski
  • Réalisation : Joel et Ethan Coen
  • Interprètes : Jeff Bridges, John Goodman, John Torturro, Steve Buscemi, Philip Seymour Hoffman
  • Scénario : Joel et Ethan Coen
  • Production : Ethan Coen
  • Musique :  Carter Burwell
  • Photographie : Roger Deakins
  • Montage : Tricia Cooke, Joel et Ethan Coen
  • Costumes : Mary Zophres  
  • Durée : 117 minutes
  • Dates de sortie en France : 22 avril 1998

 

"I told that kraut a fucking thousand times I don’t roll on shabbas ! " (Walter)

Bowlingstiquement parlant, le strike de Jesus atteste de son haut niveau technique et s'octroie la médaille d'argent. A l'instar des frères réalisateurs derrière leur caméra, c'est du grand art. Virtuose à tous les égards :

 

 

[BONUS]

Musique des Gypsy Kings, combi moulante mauve, Jesus (John Torturro) s’astique la boule à l’ancienne. Après 1232 visionnages, je ne m’en suis toujours pas lassé…

 

 

 

                                                  3 – COUP DE TETE, de Jean-Jacques Annaud (Football)


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Fiche technique: 

 

  • Titre : Coup de tête
  • Réalisation : Jean-Jacques Annaud
  • Scénario et dialogues : Francis Veber
  • Interprètes : Patrick Dewaere, France Dougnac, Jean Bouise, Michel Aumont
  • Directeur de la photographie : Claude Agostini
  • Musique : Pierre Bachelet
  • Durée : 92 minutes
  • Date de Sortie en France : 1979

 

" La victoire au bout du pied, et la gloire au fond des filets !

L'ennemi désemparé, nous vaincrons, nous serons les premiers !

Allez Trincamp, Trincamp, but, but, but !

Allez Trincamp, Trincamp, but, but, but !"

 

Paroles et musique : Pierre Bachelet

 

Bien des années avant le coup de boule de Zidane, tout l’univers du foot amateur (et professionnel, puisque ces deux spheres n’en font plus qu’une en France depuis la coupe du monde 2010) résumé dans un chef d’œuvre d’humour porté par un Patrick Dewaere de folie et de gala.

 

"On ne marque pas avec ses pieds mais avec ses couilles !"

 

Pour la petite histoire, L'équipe de Trincamp et son adversaire l'USTT étaient en réalité, sauf pour les joueurs Perrin et Berthier, les vrais joueurs de l'AJ Auxerre (Trincamp) et du Troyes AC (l'USTT), les scènes du match ayant été tournées au stade L'abbé-Deschamps à la mi-temps du derby Auxerre-Troyes (0-0).

 

François Perrin : "Moi, moi je lève mon verre à la plus formidable bande de salopards que j'ai jamais rencontré ! Je lève mon verre au tas d'ordures qui m'entoure. Et y a de quoi remplir une sacrée poubelle..."

 

 

 

                                                             


                                                              4 - RAGING BULL, de Martin Scorsese (Boxe)


 

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Fiche technique :

  • Titre original : Raging Bull
  • Réalisation : Martin Scorsese
  • Interprètes : Robert De Niro, Joe Pesci, Cathy Moriarty, Franck Vincent, etc.
  • Scénario : Paul Schrader et Mardik Martin
  • Directeur de la photo : Michael Chapman
  • Musique : Robbie Robertson
  • Montage : Thelma Schoonmaker
  • Date de sortie en France : 25 mars 1981
  • Film américain
  • Genre : drame
  • Durée : 129 minutes

 

 

Nous aurions pu nous référer à La Dernière chance de John Huston, à Nous avons gagné ce soir de Robert Wiise, au premier Rocky de John G. Avildsen, à Snake Eyes de Brian De Palma, à Le Champion de Mark Robson, etc. mais finalement, pour montrer au mieux ce que représente la boxe, rien ne vaut la rencontre du 7em art scorsésien avec le noble art. Pour éviter toute forme de répétition, je renvoie mon cher lecteur à l'article rédigé sur ce blog : RAGING BULL , de M. Scorsese – Le Cinéma en pleine tronche

 

 

 

 

 

                                               5 - LA LEGENDE DU GRAND JUDO, de Akira Kurosawa (Judo)

 


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Fiche technique :

 

  • Titre : La Légende du grand judo
  • Réalisation : Akira Kurosawa
  • Scénario : Akira Kurosawa, d'après le roman de Tsuneo Tomita
  • Interprètes :
  • Société de production : Toho
  • Musique : Seiichi Suzuki
  • Photographie : Akira Mimura
  • Durée : 80 minutes
  • Date de sortie : 25 mars 1943 (Japon)

 

 

En 1882, le jeune Sanshiro Sugata veut apprendre l'art ancestral du Ju-Jutsu, il rencontre Jigoro Kano (Shogoro Yano dans le film) et découvre le Judo. Rapidement, le jeune homme excelle.  Toutefois, la rivalité avec les autres  écoles de Ju-jitsu sera impitoyable…

 

Film culte s’il en est pour tous les amoureux de cinéma japonais, La Légende du Grand Judo du maître Kurosawa n’inaugure rien de moins que le ralenti dans les scènes de combat. En outre, historiquement, c’est toute la genèse du Judo prise dans la transition du féodalisme à la modernité qui nous est contée. Pour plus de détails, rendez-vous sur ce blog pour l'article consacré au film :  LA LÉGENDE DU GRAND JUDO, de A. Kurosawa - Un regard analytique sur la naissance du Judo

 

 


 
 

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 09:01

 

 

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Fiche technique :

  • Titre original : Sugata Sanshiro
  • Titre : La Légende du grand judo
  • Réalisation : Akira Kurosawa
  • Scénario : Akira Kurosawa, d'après le roman de Tsuneo Tomita
  • Interprètes :  Denjirô Ôkôchi, Susumu Fujita
  • Production : Keiji Matsuzaki
  • Société de production : Toho
  • Musique : Seiichi Suzuki
  • Photographie : Akira Mimura
  • Pays d'origine : Japon
  • Durée : 80 minutes
  • Date de sortie : 25 mars 1943 (Japon)

 

              On a coutume de voir dans le judo (art  martial) une catharsis de la guerre, autrement dit une sorte d’imitation de celle-ci afin de purger les instincts belliqueux, voire meurtriers. A ce titre, le judo n’est évidemment pas la guerre, loin s’en faut, mais il en a la couleur et lui est relatif. En effet, à l’inverse de nombreux sports, la pratique d’exercices destinés à la maîtrise du judo ne trouve pas son origine dans un domaine ludique ou médical. Au contraire, c’est l’instinct de conservation des hommes, soumis à la loi du plus fort qui caractérisait les guerres féodales, qui a donné naissance aux premières techniques et méthodes de combat au corps à corps. Le Moyen Age nippon, si chaotique et violent avec ses guerres de samouraïs, ses hors-la-loi et son instabilité politique, est ainsi au cœur de l’avènement du Judo. Pour donner une image, le Moyen Age japonais évoquait sous bien des aspects, et à peu près à la même époque, le Far West américain comme milieu inorganisé, sans lois ni règles. En un mot, une forme d'état de nature. Nous pouvons ici nous souvenir que les scénari de grandes œuvres cinématographiques du maître Akira Kurosawa  tels  que Les Sept Samouraïs ou Le Garde du Corps, furent rachetés, respectivement en 1960 et 1964, par les  réalisateurs américains  John Sturges et Sergio Léone, qui les transposèrent dans l’univers du western et mirent ainsi en scène deux des plus célèbres classiques du genre que sont Les Sept Mercenaires et Pale Rider. Le judo sous cet angle peut être envisagé comme l’enfant dialectique de la guerre qui, dans son sens le plus propre, implique l’épreuve de la probabilité permanente de la mort violente pour soi comme pour autrui (symbolisé par le ippon.) Il y a tout en bas de l’arbre généalogique de l’art de la souplesse la volonté omniprésente et ancestrale de ne pas mourir. Autrement dit survivre et durer sont les impératifs qui donnèrent, de loin en loin, naissance au judo.

Voici en substance les enjeux présents dans le film La Légende du Grand Judo.

              Si nous examinons un peu plus en détails l’avènement du judo, (sans pour autant avoir la prétention d’être exhaustif), tout en resituant le contexte historique que le film nous donne à voir, nous constatons aisément que le Ju-Jutsu est l’ancêtre le plus proche du judo, une sorte de père devenu un peu  trop âgé et rigide, mais qui toutefois avait eu le mérite de procéder à un premier tri et à une première codification des méthodes de combat issues des Samouraïs, duquel le fils prodige s’est, non sans mal, émancipé. [Précisons que même s’il existe une filiation spirituelle entre les deux termes, il ne faut pas confondre le Ju-jutsu et le Jujitsu. En effet, le premier renvoi au style ancien et authentique tandis que le second correspond à l’invention récente d’une discipline sportive modernisée pour les besoins de la compétition. Ainsi, au long de ces quelques lignes, conserverons-nous le terme Ju-jutsu originel, quand bien même en France on a coutume d’écrire le japonais comme on le parle, « Ju » se prononçant « Jiu », et d’orthographier « Jiu-jitsu », ce qui est une erreur étymologique]. La rivalité entre judo et Ju-Jutsu commence d’ailleurs un peu comme un récit mythologique où le fils insoumis assassine son père puis digère le corps pour s’approprier sa force et sa vertu. Le sol originel du judo est, à ce titre, un véritable parricide. Il faut donc remonter au mois de février de  l’hiver 1882, An 15 de l’ère Meiji, pour que le terme judo apparaisse pour la première fois dans sa forme moderne grâce à un jeune étudiant nommé Jigoro Kano. Tout d’abord, rappelons que « l’ère Meiji » (« gouvernement éclairé »), qui débuta en 1868 par l’installation à la tête du pays de l’empereur Mitsu-Hito et qui s’acheva en 1912, correspond à la véritable création du Japon moderne. En effet, succédant à l’époque « d’Edo », qui avait vu le pays se replier progressivement sur lui-même pendant plus de deux siècles et demi à cause d’une politique intolérante, jusqu’à se fermer hermétiquement, à partir de 1639, à tout contact avec le monde extérieur, l’« ère Meiji » fit souffler un vent nouveau, à tous points de vue, sur un Japon sclérosé (Il est nécessaire de souligner ici le rôle déterminant joué par les Expositions Universelles auxquelles le Japon participa et qui lui permirent de se comparer aux autres nations : Paris en 1867,  San Francisco en 1871 et Vienne en 1873 furent ainsi de sérieux électrochocs pour le peuple nippon.).

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     La terminologie même de ce « gouvernement éclairé » implique que ses prédécesseurs ne l’étaient pas, ou l’étaient moins, c’est pourquoi il se devait de tout changer, à la mesure des transformations qui secouaient à l’époque l’Asie orientale. Le premier facteur à intervenir dans cette rénovation, ou plutôt cette implosion des murailles mentales qui caractérisaient le Japon fut d’abord l’influence des pays étrangers. Ainsi à Edo, rebaptisée Tokyo, on accueilli à cette période de nombreux intellectuels, savants et techniciens du monde entier dans le but de rattraper le retard culturel et technologique du pays. En 1869 fut crée l’université de Tokyo, précédent de trois ans l’institution de l’enseignement obligatoire. Vers 1875-1880, les philosophes européens majeurs tels que Nietzsche et Kant furent pour la première fois publiés. On vit, également vers le milieu de la seconde moitié du XIXe siècle, l’apparition d’un théâtre nouveau, basé sur le réalisme, qui supplanta le théâtre de nô (drame lyrique de caractère religieux), typiquement japonais, basé sur la tradition. La mode vestimentaire changea pour se mettre à l’heure de l’Occident (hauts de forme, gants et costumes). Les femmes nippones gagnèrent davantage d’autonomie et de liberté. Tous ces indices de changement apparaissent en filigrane de façon très instructive dans le film de Kurosawa. Egalement, fait déterminant, le port du sabre fut interdit à partir de 1876, sauf pour les officiers de l’armée. En 1889, Meiji-Tenno, ( nom posthume donné à  l’empereur Mutsu-Hito), avait déjà abolit le shogunat des Tokugawa ( famille noble japonaise qui donna, de 1603 à 1868, quinze shogun au pays du Soleil levant, autrement dit quinze dictateurs militaires) et commencé à réformer sérieusement les institutions féodales lorsqu’il accepta d’offrir au Japon sa première constitution de type moderne : Les privilèges féodaux furent abolis, les fiefs furent remplacés par des préfectures et les castes furent abrogées. Evidemment, derrière ce tableau enchanteur se cache un scepticisme de tous les jours, exacerbé par de nombreuses vagues d’idées réactionnaires, qui n’allèrent pas sans poser certaines difficultés d’ordre culturel. Ainsi la transformation ne se fit pas sans douleur et, dans bien des cas, sans regret.

              C’est donc dans ce climat où se joue le conflit des anciens et des modernes qu’apparaît l’avènement du Judo, ainsi que ses enjeux originels. Pour schématiser, il y a d’un coté le Ju-Jutsu et de l’autre, le nouveau judo. Et passer de l’un à l’autre n’est pas, comme nous allons le voir, une simple formalité. Souvenons-nous que le vieux Ju-Jutsu est l’art de la guerre le plus typique du Japon. S’il est impossible de dater avec précision l’apparition du Ju-Jutsu, on sait qu’il commença à prendre une certaine importance à partir du milieu de « l’Epoque de Muromachi » (1392-1573),  période qui correspond relativement, comme nous le disions plus haut, à ce que l’on peut imaginer d’un « Far West nippon », (c’est à dire luttes féodales incessantes, désordres sociaux et chaos urbains) ; et s’installa dans le paysage nippon tout au long de « l’Epoque Momoyama » (1578-1615). Pour l’essentiel, le Ju-Jutsu prit ses premières bases techniques auprès des méthodes de combat des Samouraïs, qui combattaient à l‘arme blanche, le katana. Mais il arrivait aussi que les guerriers soient désarmés. Ils combattaient alors à mains nues en projetant, disloquant ou étranglant. Au fil du temps, un certain nombre d’entre eux mirent au point des techniques de corps à corps, basées sur des notions d’esquives et de déséquilibres, ainsi que sur des connaissances anatomiques, qui leur permettaient de mettre leurs opposants définitivement hors de combat. Que ce soit avec ou sans arme, soyons précis, il s’agissait de terrasser physiquement son adversaire et cela, à cette époque, engendrait fréquemment la mort. Nous insistons sur cette donnée : le judo est né d’un besoin impérieux de rester en vie. De nos jours, on ne meurt plus sur les tatamis, même s’il arrive encore parfois malheureusement qu’un uchi-mata (Projection par l’intérieur de la cuisse) mal exécuté (tête dans le tapis) brise les cervicales du combattant et le condamne à un fauteuil roulant. Mais au XVIe siècle, pratiquer le Ju-Jutsu pouvait s’avérer être une activité mortelle. Néanmoins, dans la mesure où il s’agissait principalement de durer, on assista à cette époque à l’ouverture de quelques écoles spécialisées, reparties de manière éparse sur tout le territoire. Même si nous sommes encore loin de sa forme définitive, c’est précisément à ce stade que la colonne vertébrale du judo s’est dessinée.

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          Cependant, c’est durant l’époque suivante, dite « Epoque d’Edo » (1615-1868), que le Ju-Jutsu connaîtra son développement le plus hardi et le plus fécond. C’est aussi à ce stade que la fréquentation du dojo (littéralement, « le lieu où l’on apprend la voie. » (salle d’entraînement) vînt supplanter, comme peut le faire un placebo sur la psyché humaine, celle des champs de bataille.( La salle d’armes, en escrime, a connu un pareil phénomène). De nombreux samouraïs, de retour de campagnes et désœuvrés, s’orientèrent alors vers les dojos et diluèrent ainsi leurs méthodes de combat dans le vieux Ju-Jutsu. On dirait, de nos jours, que le « recyclage » de ces farouches batailleurs fut particulièrement difficile : formés dés leur plus jeune âge à cette orientation guerrière, ils ne savaient rien faire d’autre. Quelques uns s’obstinèrent dans leur mode de vie et tentèrent, sans succès, une rébellion. Pour la plupart, leur seule ressource fut souvent d’enseigner les arts martiaux, ce qui semblait plus compatible avec leur éducation, que de se livrer à des travaux manuels ou de tirer des « pousse-pousse », comme ce fut parfois le cas, ou même encore de donner à la nation ses premiers clochards. La main d’un héros ne tolère pas l’inactivité. Cette idée, et ses conséquences, se trouvent notamment illustrées dans la tragédie grecque par le thème du retour des héros de la guerre de Troie : ceux-ci, ayant toujours fait valoir leurs talents militaires sur le mode de l’excès, ne parviennent plus à se plier aux règles de la vie de la cité fondées sur la mesure. Des siècles plus tard, les samouraïs nippons connaîtront une pareille inadaptation. Dés-lors, le Ju-Jutsu ( ainsi que le judo dont il est la genèse ) peut être perçu comme un art d’équilibre : réussir le mariage improbable de l’excès et de la mesure. De cette façon, au moment où la guerre s’éloignait, les hommes la firent perdurer dans une configuration plus neutre et plus noble. Peut être pouvons-nous ici envisager le problème de la confrontation des vertus civiles et des vertus militaires pour expliquer cette tendance. En effet, en plongeant les hommes dans l’élément même de leur finitude tout en leur offrant brusquement la maîtrise de la vie d’autrui, la guerre est saisie comme un des lieux où se détermine l’idée de la vertu. Et ce terme de « vertu », nous allons le voir, est tout à fait fondamental quant à la constitution du Ju-Jutsu et la gestation du grand Judo.

          Tout d’abord, notons qu’il faut plutôt entendre ce terme à la manière de Machiavel, qui l’orientait dans le sens d’une volonté efficiente, qu’à la manière des stoïciens qui l’inscrivaient essentiellement dans une lutte contre les passions. Etymologiquement, la vertu (du latin classique virtus ) signifie « homme », « courage », « énergie morale » et, par extension, « pouvoir », « force », « principe d’efficacité ». Ainsi, au sens général, la vertu est une puissance active ou encore un pouvoir de faire. Connoté moralement, ce qui n’est pas rien lorsque l’on étudie un art du budo, ce pouvoir devient une détermination permanente à faire le bien et impose nécessairement un effort sur soi ( courage et maîtrise ). Toute vertu est donc une qualité de l’esprit qui implique courage et maîtrise de soi. Néanmoins, elle ne s’apparente pas à un principe rigide qui maintiendrait de force dans la voie du bien, ( les samouraïs n’en étaient d’ailleurs sûrement pas capables), mais à une force d’âme orientée dans le sens de la volonté efficiente et de l’effectivité. Et cette effectivité, pour un samouraï du Moyen âge c’est tout naturel, consistait à vaincre. Revenus de la guerre, les mains encore ensanglantées, les samouraïs transmirent cette vertu au Ju-Jutsu et à travers elle, comme à travers un filtre, ils mirent en place son véritable code moral, dont les piliers sont le courage et la maîtrise de soi. Le côté sauvage de la vertu étant dompté, on ne fera plus la guerre mais le sport. Aujourd’hui encore, et nous y reviendrons, le code moral du judo est très prégnant, tant lorsqu’il s’agit de le pratiquer que dans la vie de tous les jours. Le Ju-Justu et le judo sont ainsi des arts martiaux par excellence. De même, la recherche de l’efficacité s’avère primordiale. Mais bien sûr, en pleine « période d’Edo », et malgré cette avancée morale, nous ne sommes pas encore au point de parler d’élévation spirituelle. Autrement dit, nous n’avons pas à cette époque dépassé dans la technique le stade de l’efficacité visible en soi. Cependant, le XVIIe siècle nippon constituera bel et bien l’âge d’or du Ju-Jutsu. Celui-ci devenant progressivement l’un des éléments de la vie quotidienne des japonais de l’époque, au même titre que le « chanoyu » (la voie du thé) et l’ « ikebana » (art floral). De nombreux experts, samouraïs et maîtres d’armes, initiés au Ju-Jutsu autant qu’ils l’initièrent, fondèrent une floraison d’écoles portant leur nom et formèrent des élèves qui, à leur tour, ouvrirent des écoles. Selon la légende, les rivalités entre écoles, en ce temps-là, étaient monnaie courante et les techniques les plus efficaces devenaient aussi de véritables trésors gardés secrets entre les murs du dojo de telle ou telle école, l’effet de surprise assurant souvent la supériorité. ( C’est pourquoi il n’existe quasiment aucun document ancien décrivant ces techniques). D’incessants défis étaient lancés et, nous le répétons, leurs issues étaient souvent mortelles. La tradition voulait que les vainqueurs emportent avec eux l’enseigne de l’école des vaincus. Le dojo de ces derniers, discrédité, perdait alors presque tous ses élèves. Le Ju-Jutsu marquait les esprits. Dés lors, les techniques de combat progressèrent, gagnèrent en efficacité et s’affinèrent au point de jeter les bases définitives de ce qu’allait être le judo. Selon R.Habersetzer, (Petite Histoire du Judo, édition Amphora), l’école Tenjishinyoryu classa à cette époque les techniques de katame-waza (immobilisations), de shime-waza ( étranglements ) et de atémi-waza ( coups frappés ) qui seront le terreau sur lequel J.Kano érigera le judo moderne. De même, toujours selon R.Habersetzer, le principe de nage-waza ( projections ), principe de la souplesse, était la base de l’école Yoshin-ryu ( école du cœur de saule ), fondée par Shirohei Akiyama. Humblement, nous n’entrerons pas ici plus en avant dans les détails technico-historiques du vieux Ju-Jutsu. Simplement, puisqu’il s’agit de situer la genèse du judo, rappelons brièvement que « l’ère Meiji », en 1867, allait bouleverser les traditions féodales, et par là même, mettre fin à la Belle Epoque du vieux Ju-Jutsu.

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            Le début de « l’ère Meiji » fut une période sombre pour les arts martiaux puisque l’Empire du Soleil levant s’ouvrait à toutes les influences étrangères et rejetait ses propres traditions. La vague de modernisme supplanta les arts conventionnels et folkloriques comme le Ju-Jutsu et beaucoup d’écoles dont le prestige avait disparu durent fermer. C’est à ce stade de l’histoire qu’apparaît la figure de Jigoro Kano (1860-1938), dont on salue toujours le portrait en début et en fin de chaque leçon dans n’importe quel dojo du monde. Si l’on scrute le cliché, qui date de la fin de sa vie, on voit un petit homme au visage bien dessiné, sans âge,  de type japonais, arborant une moustache blanche comme ses cheveux, qui fixe l’objectif d’un regard serein, d’une intensité presque intimidante mais néanmoins bienveillante. On se dit que ce regard n’a manifestement pas cillé souvent. Le port de tête et la rectitude des épaules sont d’une étonnante rigueur. C’est, en un mot, la figure du père. On le présente volontiers comme un homme à forte personnalité, de nature chétive, universitaire, éducateur hors normes, philosophe et idéaliste.( En plus d’être le père fondateur, l’obstétricien du judo, J.Kano est connu pour avoir été Conseiller au Ministère de l’Education Nationale et Professeur à l’école Normale Supérieure, ce qui révèle ses ambitions, ainsi que pour avoir offert au Japon le Base-Ball professionnel dont il est aujourd’hui si friand, ce qui témoigne de son ouverture d’esprit.). Jigoro Kano est né le 28 octobre 1860 au village de Mikage dans le département de Hyogo. La date de naissance exacte de Jigoro Kano est en fait le 28ème jour du 10ème mois 1860. Le calendrier grégorien n’était pas en vigueur au Japon à cette époque. Il a sept ans lorsqu’abdique Yoshinobu, le dernier shogun de la dynastie Tokugawa dont nous parlions plus haut. A seize ans, il ne mesurait que 1,55m et ne pesait pas plus de 45 kg. On l’imagine ainsi, enfant, toujours battu au cours de ses querelles avec ses camarades, lorsqu’ils en venaient aux mains.

            La légende que l’on aime rapporter aux petits judokas, et il est vraisemblable que ce récit ne soit pas autre chose, raconte qu’en hiver 1882, alors que la neige recouvrait d’un blanc manteau le Japon et qu’il n’était qu’un jeune étudiant à la faculté, Jigoro Kano méditait devant le spectacle de lourds flocons qui tombaient sur les arbres. En observant avec beaucoup d’attention les branches chargées de neige, il constata que les plus grosses avaient tendance à casser sous le poids de l’agresseur naturel, tandis que les plus souples, pliant elles aussi sous ce même poids, s’en débarrassait en un mouvement de retour et le rejetait en se dépliant. Ce fut sans doute une illumination pour le petit étudiant japonais lorsqu’il fit le constat suivant : le plus souple peut vaincre le plus fort. Le Judo était né. Ju-Do : un terme composé de deux mots. D’une part, « ju », qui renvoi au principe de la souplesse, aussi bien physique que mentale, déjà présent dans le Ju-Jutsu, et d’autre part « do », qui évoque la voie, le chemin à parcourir. Et c’est précisément ce suffixe « do » qui allait poser problème en symbolisant un changement d’orientation spirituel déterminant par rapport au Ju-Jutsu dont il est issu. En effet, en remplaçant le « jutsu », qui signifie l’art de la technique, par le « do », qui rappelle la voie vers la perfection, Kano voulait métamorphoser l’art de l’agilité en voie de l’agilité, provoquant ainsi une césure avec les mœurs en place. (Rappelons qu’au fur et à mesure des quatre siècles précédents, le Ju-Jutsu s’était installé dans la vie et la mentalité du peuple nippon). Or, envisager ce changement revenait à rompre avec une certaine tradition selon laquelle les techniques devaient demeurer secrètes, le « do » induit par Kano impliquant la possibilité d’un enseignement, ou plus précisément d’une initiation. Ainsi Kano avait-il pour dessein de former une nouvelle jeunesse et le judo était son instrument. Il passait donc à l’époque aux yeux des traditionalistes pour un instructeur intello, un jeune prétentieux moderniste, un ramenard progressiste qui voulait enseigner aux classes laborieuses l’art du combat au corps à corps et éventer tous leurs secrets. Le judo était alors considéré comme profane, mettant outrageusement à disposition des plus faibles les connaissances spéciales qui permettent de vaincre les plus forts. C’est pourquoi, loin de l’image idyllique de la légende des branches souples sous la neige, il faut voir dans la naissance du judo un enjeu politique.

              Revenons donc au début de l’histoire, en 1877. Jigoro Kano est adolescent, il a à peine 17 ans et débute des études de sciences politiques et économiques à l’université impériale de Tokyo. Dans le même temps, recommandé par un des ses condisciples, Teinosuke Yagi, il se rend auprès du sensei Hachinosuke Fukada pour s’initier au ju-jutsu de l’école Tenjin-Shinyo, fondée par Iso Mataemon. (Maître Iso Mataemon était en ce temps là était un véritable mythe à lui tout seul, reconnu et admiré pour son immense science du combat. La légende, qui fit beaucoup pour sa popularité, raconte qu’aidé par un seul de ses disciples, Mataemon, dans un combat à cent contre un, décima une troupe entière de mercenaires qui rançonnaient les campagnes. M. Fukada était un maître de caractère viril, très fort dans ses projections, et qui ne donnait que peu d’explications. Il enseignait par l’exemple et ses élèves devaient comprendre par eux-mêmes). Cette méthode convenait parfaitement à Kano. (Par la suite, le jeune homme fréquentera d’autres écoles). Parallèlement à cet engouement pour l’art de combat traditionnel nippon, Kano développe un intérêt grandissant pour d’autres disciplines sportives, à consonances plus occidentales, nouvellement accessible sous « l’ère Meiji ». Il faut dire que la curiosité était une constante chez lui. Ainsi, il eut à cette époque l’occasion de pratiquer le base-ball, l’aviron et la gymnastique. En 1878, nous y faisions allusion au paragraphe précédent, J.Kano créa le Kasei Base Ball Club, autrement dit le premier club professionnel du Japon. Il n’a que 18 ans. Il est très doué pour le ju-jutsu et fait l’honneur de son école. On rapporte qu’au cours d’un combat avec un élève très fort de 75 kg, - soit 27 kg de plus que lui - , nommé Kenkichi Fukushima, Kano le projeta avec un mouvement que personne jusqu’alors ne connaissait : se plaçant sous Fukushima, Kano passa son bras gauche contre la cuisse gauche de son adversaire par l’intérieur, tout en le tirant au-dessus de lui avec son bras droit. Il le fit ainsi rouler autour de ses épaules et basculer sur le côté. Kano venait d’inventer Kata-guruma. Ce combat amena une confirmation supplémentaire pour Kano : le plus agile pouvait triompher du plus fort. Ainsi redoubla-t-il d’efforts, s’entraînant plusieurs fois par jour jusqu’à très tard le soir. C’est de cet acharnement que lui valut le sobriquet, devenu célèbre, de « Kano mankinko » (Mankinko signifie pansement). Comme nous allons le voir, l’explication de ce surnom n’est pas sans intérêt. En effet, à cette époque, le vêtement utilisé pour la pratique du ju-jutsu n’est pas encore le judogi mais le « keikogi », qui avait des manches s’arrêtant au-dessus des coudes et des culottes courtes coupées à mi-cuisse. De ce fait, Kano avait en permanence des ecchymoses et des brûlures aux coudes, aux genoux, aux jambes et aux pieds, qu’il soignait avec un pansement approprié, le mankinko. Excédé par ses blessures à répétition et inexorables, Kano en vînt à modifier le keikogi afin qu’il protège mieux le corps, et créa ainsi le judogi tel que nous le connaissons actuellement.

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              L’année suivante, en 1879, maître Fukada décède à l’âge de 52 ans. Selon la tradition, c’est au meilleur disciple de l’école, J. Kano, qu’est revenu l’honneur de recevoir en héritage tous les livres et documents du senseï. Dans une lettre testament, maître Fukada nomme J. Kano « menkyo kaiden », c’est à dire qu’il lui octroie le droit d’enseigner. Kano poursuivra son propre apprentissage dans la même école auprès de Masatomo Iso, le fils adoptif de Iso Mataemon, jusqu’en 1881 et la mort de ce dernier. J.Kano se perfectionnera encore un an sous la houlette du sensei Tsunetoshi Likubu. Et durant toute cette période, il établira une véritable fusion des anciennes techniques du ju-jutsu, qu’il modifiera plus ou moins à la lumière de ses observations et de ses premières expériences. Autrement dit, Kano effectua un véritable travail d’analyse, de réflexion et finalement d’accoucheur, de maïeuticien, en élaborant non seulement une synthèse personnelle du vieux ju-jutsu, mais aussi, et peut être surtout, en réalisant que le nouveau judo pouvait s’avérer être bien plus qu’un simple combat physique, aussi technique soit-il, et devenir une véritable méthode d’éducation intellectuelle. Plus précisément, la caractéristique même du judo élaboré par Kano est de prendre prétexte de la confrontation physique pour permettre un réel examen sur soi et une méthode de vie basée entièrement sur la souplesse. Ainsi ce principe de portée générale, la meilleure utilisation de l’énergie physique et mentale ( « Seiryoku Zen Yo »),  englobe-t-il, en fait, toutes les activités humaines. C’est pourquoi le judo correspond à une étude, à un procédé d’entraînement applicable à l’esprit et au corps aussi bien en ce qui concerne la direction de sa vie privée que la direction de sa vie professionnelle. Selon J.Kano, d’autres moyens peuvent être utilisés pour cultiver ce principe, mais il précisait aussi que s’il avait choisit le judo, c’est parce qu’il permettait dans le même temps de rendre le corps de ses élèves sain, fort et utile.

               Mais revenons à ce mois de février de l’hiver 1882 où Kano créa le judo du Kodokan (judo de « l’institut du Grand Principe). Il n’avait pas encore fêté ses vingt-deux printemps lorsqu’il ouvrit son premier dojo dans le modeste temple bouddhique d’Eisho-ji, dans la banlieue de Tokyo, sur une surface de douze tatamis, soit environ vingt mètres carrés. Le nouveau judo qu’il proposait était débarrassé de l’esprit féodal des vieilles écoles de Ju-Jutsu.  Il s’accompagnait d’un système d’entraînement innovant, basé principalement sur la souplesse, le déséquilibre et l’art de la chute, (ukémi), mais surtout sur la réflexion. De plus, les techniques d’atemi-waza (coups portés), jugées peu en rapport avec la philosophie développée par Kano, furent bannies de son enseignement. Nous l’avons vu avec l’étymologie du terme « ju-do », c’est à un véritable parricide auquel nous avons à faire. On peut avoir peine, de nos jours, à prendre la pleine mesure du culot et de l’audace dont à fait preuve J.Kano lorsqu’il décida d’ouvrir cette école, sans aucun lien avec les écoles traditionnelles et sans aucun soutien officiel. On l’imagine aisément, petit homme vigoureux sous le froid hivernal, accrochant plein d’espoir et de malice la pancarte calligraphiée « Kodokan » sur l’un des murs du petit temple bouddhique, puis attendre sereinement que se présente son premier disciple en regardant la neige tomber. Mais laissons là l’imagination pour retrouver les faits. Le premier élève à bénéficier de son enseignement se nommait Tomita Tsunejiro et il s’inscrivit le 5 juin 1882, soit à peu près quatre mois après l’ouverture du Kodokan. Kano avait eu raison de ne pas renoncer. Deux mois plus tard, en août 1882, le Kodokan  comptera six élèves lorsque Shiro Saïgo le fameux « Sugata Sanshiro » mis en scène par A. Kurosawa dans le film qui nous intéresse, vînt à son tour s’y inscrire. Il deviendra le meilleur élève de maître Kano. Arrêtons-nous un instant sur cette nouvelle grande figure du nouveau judo qu’est Shiro Saïgo. Adapté du roman éponyme de l’écrivain Tsuneo Tomita, qui retrace l’avènement du judo et les premiers exploits de J.Kano et de son jeune disciple Shiro Saigo, rebaptisés Shogoro Yano et Sugata Sanshiro pour les besoins de la fiction, le film de Kurosawa impose d'emblée le réalisateur comme un génie du septième art; par exemple, La Légende du Grand Judo innaugure dans l'histoire du cinéma la technique du ralenti dans les films de combats, ce qui n'est pas rien. Pour l’anecdote, Tsuneo Tomita, l’auteur, était le fils de Tomita Tsunnejiro, qui fut lui-même le tout premier disciple de J.Kano, ce qui tend à garantir une certaine véracité de l’histoire rapportée. Notons en outre que dés la parution du roman, en 1942, A.Kurosawa, à l’époque jeune cinéaste aux dents longues, s’est battu avec beaucoup d’ardeur pour en obtenir les droits. Il transposera l’œuvre à l’écran deux fois en tant que réalisateur : en 1943 avec « La Légende du grand Judo », et en 1945 avec « Zoku Sugata Sanshiro », puis une troisième fois encore en 1965 en qualité de post-producteur avec « Sugata Sanshiro », synthèse des deux précédentes adaptations. Pour finir, signalons que d’innombrables versions du roman « Sugata Sanshiro » furent transposées à l’écran par une flopée de réalisateurs japonais, mettant ainsi en évidence l’une des caractéristiques les plus typiques du cinéma nippon d’après-guerre, à savoir son besoin délirant de reproduire différentes versions d’un même mythe.

 

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       Les historiens et chroniqueurs du judo s’accordent à dire que Shiro Saïgo (Sugata Sanshiro) est né en 1866 dans l’ancien fief d’Aizu. Il n’était donc que de seulement six ans le cadet de J.Kano. Nous ne savons pas grand chose de sa prime jeunesse. Nous le retrouvons à l’âge de quinze ans, en août 1882, à Tokyo où il s’inscrit au Kodokan. Très rapidement, le jeune élève s’avère extrêmement doué naturellement. Sa compréhension de ce nouvel art est instinctive. Sa petite morphologie (il ne fut mesurer qu’à 1,55m pour environ 55 kg) et son centre de gravité très bas s’adaptant idéalement à la discipline. Il possédait, comme on dit, une forme de corps parfaite lors de l’exécution des mouvements. Il fut d’ailleurs le seul à son époque à maîtriser la technique yama-arashi (« tempête dans la montagne »), sorte de hanche balayée très haut qu’il pratiquait à gauche. Dés son arrivée au Kodokan, on le surnomma « le chat » pour sa faculté extraordinaire à se retourner dans l’espace afin d’éviter la chute et se réceptionner sur les pieds ou sur le ventre. Il est certainement à ce titre l’inventeur de « la chute spatiale », couramment utilisée de nos jours, qui consiste en ce que Uke fasse une volte-face et se réceptionne sur les mains à la manière d’une « pompe » lorsque Tori  l’attaque sur un mouvement arrière. Outre cette pléthore de talents, la rumeur, et nous pensons qu’elle est fondée, prête à Shiro Saïgo un goût certain pour le saké ainsi qu’une relative accoutumance à son égard. Quoiqu’il en soit, en août 1883, soit un an après son arrivée sous la tutelle de J.Kano, Shiro Saïgo devient, en compagnie de Tsunejiro Tomita, le premier 1er dan de Judo. Il deviendra 2èm dan au mois de novembre de la même année. En août 1885, il est nommé 4èm dan sans avoir à passer le 3èm dan, et obtiendra le 5èm dan en janvier 1889, après environ sept années d’initiation. Avant même cette date, il était déjà devenu une légende. Figure emblématique et chef de file du Kodokan, il avait dû livrer de nombreux combats revanchards contre différentes écoles de Ju-Jutsu, afin de sauvegarder l’honneur et le statut du judo, (il s’agit toujours de survivre et de durer), et il avait toujours triomphé. Rappeler qu’à cette époque, le système des catégories de poids n’était pas encore inventé permet de mieux mesurer l’ampleur de l’exploit réalisé par Shiro Saïgo en restant invaincu, comme de comprendre l’énorme popularité dont il bénéficiait. Imaginez donc ce que pouvait être le contraste des gabarits lorsque les deux combattants se retrouvaient face à face pour se saluer,  - Shiro Saïgo ne pesant jamais plus de 55 kg -, et que sous les yeux d’un public médusé était réactualisé le mythe de David et Goliath. Un passage du film rend compte de cette popularité lorsque Kurosawa fait entendre par la bouche des enfants du village une chanson en l'honneur de Sugata, ce qui est un fait authentique. De septembre 1889 à janvier 1891, Jigoro Kano va s’absenter pendant 14 mois pour un voyage en Europe. Il décidera alors de confier les clefs du Kodokan à son meilleur disciple. Seulement, en mai 1890, Shiro Saïgo déserte « l’Institut du Grand Principe ». Nous aurions ici aimé écrire la suite d’un grand et singulier destin, jonché d’honneurs et d’intrépidité, mais il n’en est rien. Nous savons simplement de Shiro Saïgo qu’il fut, plus tard, sous-directeur d’un journal basé à Nagasaki. Il décédera en 1922 à l’âge de 57 ans. J.Kano lui remettra le 6èm dan à titre posthume et dira de lui dans l’épitaphe qu’il rédigea : « Sa compréhension des techniques reste incomparable. Personne, parmi les millions de pratiquants qui suivirent sa voie, ne parvînt à surpasser la maîtrise de Shiro Saïgo. » (Extrait de l’Epitaphe écrite par Jigoro Kano).

              Reprenons le fil de notre histoire. Nous sommes en 1883 et le Kodokan de Kano a à peine un an d’existence. Dans l’étroit dojo, la violence des chutes de la petite dizaine d’élèves qui s’exerce sur les tatamis soumet à la torture la solidité des fondations du vieux bâtiment. Rapidement, il fallut construire un autre dojo, à l’extérieur cette fois-ci. C’est M. Tatsura, alors sous-secrétaire au ministère de la guerre, qui aida J. Kano à louer une maison qui appartenait à l’armée, dans la rue Masogo, où fut installé le dojo. Trois ans plus tard, en 1886, les dix élèves sont devenus cent et le Kodokan dut ainsi déménager plusieurs fois. En 1888, grâce à la ténacité de Kano, la première démonstration officielle de judo eut lieu au Kodokan en présence de M. Enomoto, ministre de l’éducation, et d’illustres personnalités japonaises et étrangères furent alors convaincues des qualités éducatives et pédagogiques du judo. En 1889, l’Institut comptera 600 élèves. (En l’espace de sept années, le dojo était passé de 12 tatamis initiaux à 167 tatamis). C’est précisément durant cette période, de 1886 à 1889, que la suprématie du judo allait définitivement s’établir à Tokyo. Il faut dire qu’en marge de fréquents défis, le grand tournoi opposant les représentants du nouveau Judo à des combattants sélectionnés par le Yoshin-ryu-ju-jutsu y fut pour beaucoup, puisqu’il vît l’écrasante et symbolique victoire des partenaires de Shiro Saïgo. Le séculaire Ju-Jutsu était dépassé. Une nouvelle époque allait naître.

 

 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 15:30

 

   Discipline hautement cinégénique, la boxe est à ce jour le sport le plus représenté sur le grand écran. En soi, la boxe constitue un sport et un divertissement spectaculaire, certes, mais aussi un sport extrême dans la mesure où celui-ci  est susceptible d’entraîner la mort. Ne serait-ce que cela suffit à en faire un bon sujet pour le cinéma ; Eros et Thanatos étant, pour l’éternité, les deux mamelles qui nourrissent les cinéphiles. Mais surtout, si le noble art se prête si bien au 7ème art, c’est parce que tous les ingrédients de la tragédie y sont réunis. En effet, la tragédie comme la boxe sont caractérisées l’une et l’autre par des spécificités de structures très similaires. Ainsi, dans la plupart des cas, le parcours d’un boxeur constitue à lui seul un séquencier ou un synopsis assez riche et bien agencé pour faire recette dans les salles, comme les odyssées et les aventures des héros grecs  remplissaient en leurs temps les théâtres antiques. Le jeune boxeur débute son parcours par une initiation, non seulement des rouages de sa discipline mais aussi et surtout de certaines valeurs morales et humaines. Puis vient l’ascension vers la gloire, le haut de l’affiche et les titres. Vient ensuite l’heure de la défaite, de la déchéance, de la mort même et, parfois, de la rédemption. A proprement parler, il semblerait que l’itinéraire d’un boxeur, à l’instar de celui du héros tragique, s’apparente bien plus à un destin qu’à une histoire. Destin dont la fin est souvent inéluctable. A ce titre, Nous avons gagné ce soir (The Set-up) de Robert Wiise et surtout Raging Bull de M. Scorsese constituent à mon sens les deux films de boxe qui illustrent le mieux cette perspective tragique. Du Sophocle ou du Euripide, mais avec de gros pains dans la tronche.

   En outre, au-delà de la force narrative et visuelle qu’offre ce sport, la boxe est surtout une thématique sous forme d’alibi afin de mieux en envisager d’autres, une « thématique-gigogne » qui sert de support officiel mais renferme majoritairement une pluralité d’autres champs d’investigations cinéphiliques, lesquelles sont souvent au moins aussi importants que la boxe elle-même. Ainsi la trame du film Rocky de John G. Advilsen s’articule-t-elle autour d’une chronique sociale et d’une histoire d’amour. De même pour Sang et Or (Body and Soul) de Robert Rossen ou pour Plus dure sera la chute (The Harder They Fall) de Mark Robson, qui sont sans doute davantage des films de gangstas que des films de boxe. Même constat pour Million Dollar Baby de Clint Eastwood qui traite principalement du combat contre la maladie, au point de reléguer le ring au second plan. On pourrait multiplier les exemples tant ils sont nombreux.

Ceci dit, voici une liste chronologique mais non exhaustive de longs-métrages traitant du noble art. De quoi prendre du cinéma plein la face :

 

Les Lumières de la ville (City Lights), de Charlie Chaplin – 1931

5867Afin d’aider la jeune et jolie fleuriste aveugle dont il vient de tomber amoureux, Charlot tente, en se lançant dans la boxe, de gagner l'argent nécessaire pour que la jeune femme se fasse opérer et recouvre la vue. C’est beau, hein ? City Lights et Les Temps Modernes (1936) constituent les deux  derniers longs-métrages muets de Chaplin. Ici, film muet mais néanmoins sonore, la boxe s’apparente à un ballet chorégraphié totalement burlesque, à une danse comique où la pantomime du boxeur Charlot fait naître rires et émotions.

 

 

Gentleman Jim, de Raoul Walsh – 1942

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Biopic du célèbre boxeur américain d'origine irlandaise, James J. Corbett, surnommé "Gentleman Jim" (interprété par Errol Flynn), ce film nous donne à voir une ascension sociale fulgurante par le biais de la boxe, ce qui ne manquera pas d’agacer certains membres influents du prestigieux Club Olympique… De l’aveu même du réalisateur (à qui l’on doit, entre autres, La Grande Evasion et Les Implacables), il s’agit là de son film préféré. Le fait que Raoul Welsh, lorsqu’il était minot, ait serré la paluche du grand boxeur qu’était Jim Corbett, n’y est sans doute pas pour rien.

 

Sang et Or (Body and Soul), de Robert Rossen – 1947

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Charlie Davis, c’est le genre de gars qui n’est pas né sous une bonne étoile : son père est mort, sa mère est extrêmement possessive, sa petite amie est limite suicidaire, ses potes se font assassinés, bref ce n’est pas la joie de vivre. Alors comment s’en sortir ? Par la boxe pardi ! Body and Soul, c’est avant tout un film d’une épaisse noirceur qui nous plonge dans les dessous véreux de la boxe-business. Pour la petite histoire, on pourra noter que certaines scènes de combat ont été tournées sur des patins à roulettes.

 

 

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), de Robert Wiise – 1949nous avons gagne ce soir,0

Bill Thompson est un boxeur sur le déclin mais qui refuse de se coucher lors d’un combat arrangé. Contre toute attente, il met son adversaire K.O. Avant d’être une victoire avec les gants, c’est surtout une victoire de l’amour-propre. Toutefois, il va maintenant lui falloir faire face aux conséquences… Tarantino lui-même le laisse entendre, ce métrage lui aurait inspiré le personnage de Butch Coolidge (Bruce Willis) dans son film Pulp Fiction.

 

 

Le Champion (Champion), de Mark Robson – 1949

18455789-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20051024 042152L’histoire, très classique aujourd’hui mais assez neuve à l’époque, de Midge Kelly (Kirk Douglas), un gars qui utilise ses poings pour sortir de la misère. Séduit par les encouragements de la foule, l'argent et le papillonnement de jolies blondes autour de lui, Midge devient peu à peu le héros du public mais une crapule dans sa vie privée. Egocentrique, orgueilleux et dur, il décède d’une attaque cérébrale après être devenu champion du monde. Splendeur et décadence, véritable tragédie, le ton du film est plutôt désespéré.

 

Le Baiser du tueur (Killer’s Kiss), de Stanley Kubrick – 1954 

le baiser du tueur,0Killer’s Kiss, deuxième long-métrage de S. Kubrick (petit budget, d’où les 67 minutes), raconte l’histoire de Davy Gordon, boxeur miteux, qui se retrouve aux prises avec un parrain de la mafia pour lui reprendre coûte que coûte la femme qu'il aime... Quand le film de boxe sert de prétexte au thriller. A mon humble avis, ce n’est pas le meilleur Kubrick loin de là, mais la scène de combat dans l'usine à mannequin est assez mémorable. A bien y regarder, ce film contenait déjà en germes certaines thématiques et de nombreuses qualités techniques qui marqueront la filmographie du maître.

 

Plus dure sera la chute (The Harder They Fall), de Mark Robson – 1955

18869310-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070907 032742Ce film est globalement inspiré de la vie du boxeur italien Primo Carnera qui connut la « malchance » de voir une bonne partie des gains amassés lors de sa carrière être récupérée par son manager corrompu. Lorsque Carnera arrêta sa carrière, il était ruiné. (Il tenta par la suite de se reconvertir dans le métier d’acteur). Le réalisateur Mark Robson, qui décidemment aimait beaucoup la boxe – Cf Le Champion – remet le couvert et nous donne donc à voir l'histoire de Toto Moreno, poids lourd argentin assez quelconque sur le ring, victime du système corrompu du monde de la boxe. Au passage, du grand Humphrey Bogart en journaliste sportif peu scrupuleux.

 

Requiem pour un champion (Requiem for a Heavyweight), de Ralph Nelson – 1961

requiem pour un champion,1Requiem for a Heavyweight est l’adaptation cinématographique et éponyme du téléfilm à succès des années 60 dans lequel l'immense Jack Palance jouait le rôle de Harlan "Mountain" McClintock. Ce rôle dans la version de R. Nelson, se verra confié à Anthony Quinn, tout aussi immense. L’histoire est la suivante : à bout de souffle après une longue carrière, le poids lourds « Moutain » Rivera est mis K.O. par Cassius Clay. Gravement blessé à l'œil, il doit raccrocher les gants sous peine de perdre la vue. Avec l'aide de son fidèle soigneur, il se lance alors dans une reconversion dans le catch, ce qui, soulignons-le, était monnaie courante chez les boxeurs américains durant cette période.

 

La Dernière chance (Fat City), de John Huston – 1972

19284707-r 75 106-f jpg-q x-20100311 035942Quelque part en Californie, Billy Tully est un ancien boxeur devenu alcoolique après la mort de sa femme. Aidé d’un de ses amis,  il tente un come-back sur le ring... Le come-back, voilà bien une donnée récurrente dans l’univers du noble art. Dans la réalité, rares sont les boxeurs qui ont réussi à faire fortune. La plupart, arnaqués de tous bords ou insouciants, finissent dans la misère. C’est pourquoi, au risque de mettre leur vie en péril, ils tentent souvent de revenir pour palper quelques cachets (Georges Foreman aux USA et les frères Tiozzo en France, pour ne citer qu’eux.). Et oui, au propre comme au figuré, la boxe peut se révéler être un fameux « gagne-pains ». Dans tous les cas, John Huston, boxeur émérite, connait bien son affaire et en fait ici l’éclatante démonstration..

 

Rocky, de John G. Advilsen – 1976

rocky,0Adriaaaaaaannnnn !!! Attention, on touche ici à la série de mon enfance. Après avoir regardé un Rocky (mais ça marchait aussi avec un Bruce Lee), impossible de ne pas se bastonner un peu avec les potes. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu les re-voir et saigner du nez. Bref, affirmer que le 1er Rocky est le meilleur de la série est une lapalissade mais je le dis quand même. Ce film a définitivement posé les jalons du film de boxe et servira pendant de nombreuses années d’étalon (italien) en la matière. On précisera tout de suite que le personnage de Rocky est directement inspiré de Chuck Wepner, un honnête poids lourds américain devenu célèbre dans le monde de la boxe pour avoir tenu 15 rounds face à Mohamed Ali le 24 mars 1975 avant finalement de s'incliner par K.O. technique. Tout le monde connait l’histoire : Rocky est un looser et son avenir se résume plus ou moins à casser des pouces pour le compte du caïd du quartier. Toutefois, le destin veut que le champion du monde des poids lourds, Apollo Creed, le choisisse comme lucky-opponent pour son prochain combat. Rocky y voit la chance de sa vie. Pendant son entraînement, il file le parfait amour avec Adrian, femme timide mais alors très timide, et pas jojo ni fute-fute, que Rocky voit comme une beauté cachée. Tandis que le jour du combat approche, leur amour s’épanouit, donnant à Rocky la force et le courage nécessaires pour un tel défi. Qu’importe la décision des arbitres, la victoire sera celle des sentiments et des émotions. Au-delà du film de boxe, qui n’occupe pleinement que le dernier ¼ d’heure, ce long-métrage est avant tout une chronique sociale (les chanteurs de Rythm’n Blues au coin de la rue, entre autres), une réflexion sur la solitude ainsi qu’une authentique histoire d’amour consistant à découvrir ou redécouvrir son partenaire sous le masque des apparences. Y’aura pas de revanche, qu’i disait…

 

Rocky II : La Revanche, de Sylvester Stallone – 1979

rocky ii la revanche,0On prend les mêmes et on recommence. Rocky est l’un des tout premiers films dont le succès commercial fut tel qu’il engendra une suite plus ou moins clonesque. Il faut le dire, techniquement parlant, Rocky est mauvais boxeur. A part un cœur gros comme ça et un mental de kamikaze, son jeu de jambes et ses déplacements sont risibles, sa garde fantomatique, ses coups prévisibles et dangereux pour lui-même (les blessures musculaires les plus fréquentes en boxe proviennent de coups lâchés dans le vide) et ses esquives sont… euh, non pardon…, Rocky n’esquive pas. Il fonce tête baissée, aux antipodes de ce qui est enseigné dans les écoles de boxe. On n’est pas loin là d’un certain mépris pour le spectateur dans les coups portés et dans l’exhibition. Bref, un kangourou borgne pourrait l’exploser. Pourtant, dans Rocky et Rocky II, la magie pour moi opère bel et bien, même si les dernières secondes du combat final sont un peu capilotractées.

 

Tendre Combat (The Main Event), d’Howard Zieff – 1979

19345477-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100319 125513Bienvenue à nanar-land. Ce film me colle le bourdon tant il est mauvais. D’ordinaire, les nanars, on les regarde au second degré en se marrant, mais là ça ne marche pas. Pensez donc, Barbara Streisand (parfumeuse devenue manager) vs Ryan O’Neal (boxeur qui refuse de prendre des coups par peur d’abîmer sa belle gueule) moulés l’un et l’autre dans des combis totalement surréalistes de couleur mauve (me rappellent Jesus, le joueur de Bowling de The Big Lebowski). On est ici plus proche de la série Fame que du film de boxe. Tout ça pour narrer une histoire d’ « amour vache ». Le scénario n’est pas crédible, les acteurs sont nuls, les dialogues idiots, la photo pourrie, même l’affiche est à débagouler.

 

Raging Bull, de Martin Scorsese – 1980

18957537-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20080702 120633ATTENTION, PUR CHEF D’OEUVRE !!!

Inspiré de Comme un Taureau Sauvage, les mémoires du boxeur Jack La Motta (publiées en 1970), ce film est tout simplement indispensable, tant pour les amateurs de boxe que pour ceux qui n’y entendent goutte. Pour éviter toute forme de répétition, je renvoie mon cher lecteur à l’article consacré au film rédigé sur ce blog : RAGING BULL , de M. Scorsese – Le Cinéma en pleine tronche

 

Rocky III : L’œil du tigre, de Sylvester Stallone – 1982

rocky 3 l oeil du tigre,0« Il t’est arrivé ce qui peut arriver de pire à un boxeur : tu t’es embourgeoisé. » Bon, Rocky se la coulait douce mais il doit se remettre en question parce que Clubber Lang Barracuda (Mister T) est furax et veut lui ravir le titre. Qui plus est, Clubber Lang est plus ou moins responsable de la mort de Mickey, le vieux et fidèle coach de l’étalon italien. C’est donc son ancien adversaire Apollo, désormais un ami de la famille Balboa, qui tiendra le rôle d’entraîneur. Ici, c’est l’honneur du champion qui est en jeu, ainsi qu’un parfum de vengeance que l’on retrouvera dans l’épisode suivant. L’œil du tigre mec ! On soulignera que d’un Rocky à l’autre, la musculature du héros se transforme entièrement. Plutôt molle dans le premier film, sa musculature dés le troisième volet est celle d’un professionnel acharné du body-building. Or, de manière peut-être pas systématique mais assez générale, ce type de morphologie musculaire est déconseillé chez les boxeurs. Les muscles serrés, épais, tassés sur eux-mêmes ne possèdent aucune souplesse et se tétanisent très vite et durablement, les jambes se fatiguent également beaucoup plus vite.

 

L’As des As, de Gerard Oury – 1982

18866819-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070907 030624A l'occasion des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, dans une Allemagne vivant sous le régime nazi d’Hitler, Joe Cavalier (ça doit être cool de s’appeler ainsi), entraineur de l'équipe française de boxe, se rend en train dans la capitale accompagné de ses "poulains".  Durant le voyage il prend en charge un enfant de dix ans, Karl, un petit juif, poursuivi par la Gestapo.  Des jetons en veux-tu en voilà, mais pas tant de boxe que cela dans ce film. Au demeurant, ne serait-ce que pour la bobine de Bebel, poings serrés sur l’affiche, le film méritait de figurer sur cette liste. A noter qu’un bref résumé du célèbre documentaire Les Dieux du stade (1938) de Leni Riefenstahl est inséré dans le film.

 

Rocky IV, de Sylvester Stallone – 1985

19209428-r 75 106-f jpg-q x-20091207 063559Sur un plan historico-politique, en plein cœur de la guerre froide, ce film est un pur produit de propagande US qui met en exergue la belle morale ricaine. Ivan Drago, colosse russe à la puissance démesurée, porte un coup fatal à Apollo Creed, le pote de Rocky, lors d’un match exhibition. Une nouvelle fois, l’étalon italien doit faire face à la mort d’un proche et le venger. Considéré aujourd’hui comme un nanar intégral, il a pour moi une valeur sentimentale proche de celle que j’accorde aux vieux T-shirt élimés que je porte pour dormir. USA vs URSS, bloc ouest vs bloc est. Ce n’est plus seulement l’honneur de l’homme ou du champion qui est en jeu mais l’honneur de la nation toute entière. Ainsi le drapeau américain est-il omniprésent, James Brown en fait des tonnes sur Living in America, les camarades Popov sont très méchants, z’ont tué Appolo et se prétendent les meilleurs (un plan rapide montre Ivan Drago recevoir une injection, idée subliminale d’un dopage aux stéroïdes). Bref, Rocky et  les américains doutent mais, en se repliant sur eux-mêmes, vont trouver les ressources pour triompher de l’adversité. Dans le fantasme US, même les russes applaudissent leur courage et leurs valeurs à la fin du film. En définitive, ce n’était pas le peuple russe qui était méchant, seulement leurs dirigeants politiques.

 

Homeboy, de Michael Seresin – 1988

19175622-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20090928 025545L’histoire d’un boxeur rincé, Johnny Walker (Mickey Rourke), qui a multiplié les combats sur le ring et détruit sa santé sans jamais connaître la gloire. Réfugié dans une station balnéaire, l’amour s’offre à lui sous les traits d’une femme nommée Ruby tandis qu’il se lie d’une profonde amitié avec un petit truand, Wesley Pendergrass (Christopher Walken, génialissime comme toujours) avec lequel il se lance dans la cambriole. Rapidement, Walker va devoir choisir entre l’amour qu’il porte à Ruby et son amitié avec Wesley. Et bien figurez-vous que ce n’est pas le si mauvais film que l’on pourrait croire, c’est clair que ça manque de rythme, mais l’univers des loosers est bien restitué et les acteurs sonnent justes. Musique d’Eric Clapton.

 

Rocky V, de Sylvester Stallone – 1990

rocky 5,0Après vous être coltiné des combats dantesques contre Appolo Creed (x2), Clubber Lang et Ivan Drago, et d’autres encore moins illustres (la carrière pro de Rocky compte en tout 18 combats), c’est un peu normal si vous ne pétez pas le feu, surtout passé la quarantaine. Et bien c’est ce qui arrive à Rocky, ce qui le pousse à prendre définitivement sa retraite. Qui plus est, malin comme il est, il se fait escroqué et se retrouve sur la paille. Obligé de revendre tous ses biens, il se voit contraint de réintégrer le quartier de Philadelphie de ses débuts. Ayant repris l'ancien gymnase de Mickey, Rocky fait la connaissance d'un jeune boxeur prometteur, Tommy Gunn. Devenu son entraîneur et ami, Rocky conduit Tommy au sommet du classement mondial. Mais celui-ci finit par se retourner contre Rocky, et rejoint le promoteur George Washington Duke, avatar du fameux Don King, au moment même où décolle sa carrière. Le film est loin d’être exceptionnel, certes, mais il a le mérite d’essayer de renouveler la série tout en revenant aux origines sociales du héros.

 

Kids Return, de Takeshi Kitano – 1996

18468834-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20060105 073159Les destins parallèles de deux jeunes garçons que la boxe réunit. Pour l’un, Shinji, la boxe est curative et se révèle être un excellent catalyseur de divers pulsions qui  le conduira à  poursuivre une carrière professionnelle,  tandis que pour l’autre, Masaru,  elle ouvre les portes de la délinquance, des petits larcins et finalement de l’univers des yakuzas.  Portrait d'une douceur au vitriol de la jeunesse japonaise qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de l’écrivain Ryû Murakami, notamment Les Bébés de la consigne automatique (ne pas confondre avec Haruki Murakami), l’histoire est intrinsèquement d’une violence terrible et d’un noir pessimisme. Grand fan de Takeshi, Kids Return est, avec Sonatine, mon film préféré du réalisateur. Il s’agit même selon lui de l’un de ses films les plus personnels et autobiographiques.

 

Snake Eyes, de Brian De Palma – 1998

19442716-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100504 124511Tenez-vous bien, le plan-séquence d’ouverture du championnat du monde des poids lourds qui se tient au casino d’Atlantic City ne dure pas moins de 10 minutes, caméra à l’épaule. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est parfaitement maîtrisé. Au point que c’est largement le meilleur passage du film. De nombreuses choses sont dites sur la boxe durant ces dix minutes (concentration du boxeur, tensions du ring, paris en tous genres, corruptions, match truqué…) et dans le même temps, tous les protagonistes de l’intrigue sont présentés. Un crime est commis durant le combat. Nicolas Cage ferme les portes du casino : l’assassin est dans la place. Du grand art.

 

Hurricane Carter, de Norman Jewison – 1999

19254575-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20100223 045603La véritable histoire du poids moyens américain Rubin "Hurricane" Carter, injustement condamné à perpétuité pour un triple meurtre qu’il n’a pas commis, interprété par un Denzel Washington plutôt inspiré, d’ailleurs récompensé par un Golden Globe pour sa prestation. L’affaire fit à l’époque, en 1967, beaucoup de bruit et de nombreux artistes et intellectuels prirent cause pour Hurricane, on se rappellera notamment la célèbre protest-song de Bob Dylan (« Hurricane »).  Il fallut pourtant attendre 1988 pour qu’un non-lieu soit accordé. L'affaire Rubin Carter aura duré 22 ans. Sur fond de racisme blanc vs noir, le film est aussi riche que percutant ; et si les scènes de boxe (certaines en noir et blanc) ne sont pas pléthoriques, elles ont le mérite d’être esthétiques et soignées.

 

Ali, de Mickaël Mann – 2001

aff ali-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20020820 024304Biopic de la carrière de Cassius Clay à partir de sa victoire historique sur le champion du monde Sonny Liston en 1964 jusqu'au célèbre combat de Kinshasa contre George Foreman en 1974. En marge de sa carrière sportive de l'époque, le métrage retrace l'engagement de celui qui changera de nom pour Mohamed Ali aux côtés du mouvement Nation of Islam et ses relations avec Malcom X.  Ce film connut un gros succès au box-office lors de sa sortie mais ne m’a personnellement qu’à moitié convaincu. On ne veut voir en Ali qu’un homme bon et quasi-prophétique. Son côté obscur est totalement occulté. De même, la manière dont il se fit parfois pigeonner est clairement ignorée. En outre, à l’image de Bob De Niro dans Raging Bull, Will Smith s’est beaucoup investi pour se mettre dans la peau de Ali (initiation à la boxe, masse musculaire, déplacements, mimiques, etc.) une année durant. Certains ont trouvé qu’il s’agissait d’une performance d’acteur remarquable (nomination aux Oscars dans la catégorie « meilleur acteur »), mon avis reste beaucoup plus réservé. Ce n’est pas facile de ressembler à Mohammed Ali.

 

Un seul deviendra invincible (Undisputed), de Walter Hill – 2002

af-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20020716 105337George Chambers, surnommé "Iceman", champion de boxe dans la catégorie poids lourds, est accusé d'un viol qu'il nie vigoureusement avoir commis. Il n'accepte pas le fait de ne pouvoir préserver son statut de champion invaincu, au moment même où sa carrière de boxeur professionnel est à son sommet. Dans un pénitencier où il va bientôt être transféré, Monroe Hutchen (Wesley Snipes, mouais, bof), boxeur dans la catégorie des mi-lourds, purge une peine de prison à vie pour un crime passionnel. Ce dernier se demande s'il serait capable de faire carrière dans cette discipline sportive et de rencontrer "Iceman" au cours d'un combat... . Le film est un habile mélange de film de boxe et de film de prison mais ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre. A noter la bonne interprétation du regretté Peter « Colombo » Falk en vieux coach qui a de la bouteille.

 

 

Million Dollar Baby, de Clint Eastwood – 2004

18409541-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20050222 053144Autrefois entraîneur de boxe réputé, Frankie (Clint Eastwood) dirige une petite salle de boxe régionale avec son meilleur ami, un ancien boxeur nommé Scrap (Morgan Freeman). Leur quotidien est bouleversé par l'arrivée d'une serveuse solitaire de 32 ans nommée Maggie Fitzgerald (Hilary Swank). Frankie est réservé quant à l'idée de devenir son entraîneur, mais il finit par accepter de la prendre en charge.  Une relation mouvementée, sorte d’histoire d’amour platonique, se noue entre eux. Jusqu’à ce qu’un drame surgisse… Bon, la presse est à peu prés unanime, il s’agirait d’un excellent film, voire d’un chef-d’œuvre. De mon côté, ce n’est pas exactement la même limonade. Ok, c’est relativement bien interprété. Néanmoins, j’ai trouvé le film excessivement englué dans le pathos et le mélo plan-plan et hypertrophié. On y retrouve toute les belles valeurs morales très tranchées de Clint qui en font un bon grand-père de famille en charentaises, son idéal héroïque et manichéen du cinéma classique, sa quasi-religiosité à l’égard des symboles omniprésents, l’arthrose de ses plans, le manque de rythme et l’accumulation de clichés guimauves, et d’autres, mais en insistant, j’ai bien peur de perdre 95% de mes lecteurs dans cette critique. Reste la boxe vous me direz. Ben non, désolé, elle n’est que le prétexte pour nous faire pleurer.

 

Rocky Balboa, de Sylvester Stallone – 2006

rocky balboa,0Rocky a définitivement raccroché les gants. Il vit dans le quartier populaire de son enfance, où il tient désormais un restaurant décoré de tous ses anciens titres de champion et dans lequel il tient compagnie à ses clients qu’il distrait de ses anecdotes de vieux combats. Adrian, sa femme, est morte emportée par un cancer quatre ans plus tôt et son fils, embarrassé par ce père trop caricatural, le fuit. Il ne lui reste que son beau-frère Pollie et ses souvenirs. Mais alors que l’actuel champion de boxe, Mason Dixon (un sale type) fait fuir tous ses adversaires, le nom de Rocky-légende-vivante ressurgit dans les médias, comme la relique d’une époque où le sport se pratiquait encore avec noblesse. Pour redonner un but à sa vie, Rocky décide de relever le gant. Est-ce une énième suite gratuite (même s’il n’y pas de chiffre dans le titre) à but lucratif comme le sont les opus III, IV et V ? A mon humble avis, il y a un bien plus que cela. En effet, Rocky Balboa, sixième du nom, tisse un lien subtil et originel avec le premier film qui parvient à faire naître une émotion (réflexion pertinente sur la solitude) tout en concluant de façon cohérente la saga. Un excellent film à mon sens.

 

Dans les Cordes, de Magaly Richard-Serrano – 2007

18744220-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20070222 120449Attention, Boxe Française ! Joseph s'occupe d'un club de boxe française où il entraîne sa fille et sa nièce depuis leur enfance. Le soir de la finale des Championnats de France, la victoire de l’une et la défaite de l’autre vont mettre en péril l’harmonie de ce trio. Entre Angie et Sandra, autrefois complices, élevées comme deux sœurs, une dangereuse rivalité s’installer, rivalité qui dépassera les limites du ring. Comme quoi, la réalisation d’un film de boxe n’est pas l’apanage des hommes. Il faut dire que Magaly Richard Serrano fut double championne de France de la discipline.

 

Fighter (The Fighter), de David O. Russell – 2010

19658171-r 160 214-b 1 CFD7E1-f jpg-q x-20110201 031742L’histoire vraie de deux demi-frères, l’un en quête d'un second souffle et l’autre ancien toxicomane, qui, en dépit de sérieuses tensions, vont malgré tout tenter ensemble la chance de réussir ce qu’ils ont raté chacun de leur côté. Quand l’union fraternelle fait la force. Le nom du réalisateur ne vous dit peut-être pas grand-chose pourtant, au milieu des années 90, David O. Russell était considéré comme un petit génie de la nouvelle génération, au même titre que Quentin Tarantino, David Fincher, M. Night Shyamalan ou encore Steven Soderbergh. Pour l’heure, il n’a pas connu la même trajectoire (pouvez me donner le titre d’un autre de ses films ?), toutefois, Fighter nous montre que son cinéma gagnerait à être au moins aussi reconnu que celui des réalisateurs que nous venons de citer. Le métrage est assez fin, plutôt équilibré et maîtrisé de bout en bout. Quant aux combats, âpres et crispants, ils sont rendus de manière très authentique. A voir !

 

Warrior, de Gavin O'Connor – 2011

affiche-Warrior-2011-1J’avoue ne pas encore être allé voir ce film alors il m’est bien difficile d’en parler. Je vais tâcher d’y remédier rapidement.  Il semblerait que ce ne soit pas à proprement parler un film consacré au noble art, puisque j’ai lu ça et là qu’il s’agissait d’arts martiaux [?]. Si vous avez vu ce film, n’hésitez pas à laisser votre commentaire afin de me mettre sur la voie, voire même de me motiver.

 

 

Evidemment, cette liste n’est pas complète, c’est pourquoi je vous invite à en combler les manques dans les commentaires, si un film vous revient en tête et si le cœur vous en dit. Merci d'avance. Au plaisir de vous lire !

 

 

 

 

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 17:35



Séquence nostalgie depressive, voici une rétrospective des génériques du cinéma de minuit sur FR3.

• Générique, période 70-80:




Le générique de mon enfance. Cette séquence précédait les films diffusés le soir sur FR3 (aujourd'hui France 3) dans les années 70 et jusqu'au début des années 80. La musique a été composée par Francis Lai et s'intitule "Les étoiles du cinéma". Elle sert toujours d'indicatif au "Cinéma de minuit", dans une autre orchestration.


• Générique 1984:




Cette vidéo date d'avril 1984. La photo de tournage dont nous voyons plusieurs détails en gros plan est celle du film de Fritz Lang "Les contrebandiers de Moonfleet" (1955).

 
•  Générique 1991-1992:




Le générique de mon adolescence, avec toujours cette musique pour vous rappeler que la vie est vraiment belle et mérite d’être vécue.


• Le générique actuel:



Le dimanche 11 septembre 2005, le générique du "Cinéma de Minuit" de France 3 a été modifié : une introduction en infographie précède désormais la fameuse séquence où des couples d'acteurs se succèdent en fondu enchaîné. Cette séquence apparaît maintenant dans un décor de salle de cinéma. La musique est toujours celle de Francis Lai et continue de filer le bourdon aux gamins avant qu’ils aillent se coucher.
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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 15:36

 

     Depuis Héraclite, nous ne cessons d’associer le temps à la fuite inexorable, et nous le comparons volontiers à une sorte de fleuve qui s’écoule irréversiblement (« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve »). Le temps est donc supposé avoir un cours objectif, orienté du passé vers l’avenir, ce que nous révèlent à chaque instant la progression des aiguilles de nos horloges. Le temps n’aurait ainsi qu’une unique dimension, à l’image d’une ligne continue fragmentée d’instants infiniment proches parcourus les uns après les autres, et permettant une mathématisation. Dés-lors, si l’on en croit les physiciens, le temps serait par essence linéaire, cela en vertu du « principe de causalité » qui stipule que tout phénomène s’explique par une cause nécessairement antérieure au phénomène en question. (Philosophiquement, cela ressemble en substance à la forme de notre entendement). Dans la réalité, cette morphologie chronologique interdit derechef les voyages dans le temps, puisque ceux-ci offriraient de retourner dans le passé pour modifier  une séquence d’événements ayant déjà eu lieu, entrainant nécessairement un cul-de-sac logique. [Bien-sûr, ici, nous distinguons franchement ce qui relève d’une part de l’objectivité du temps et, d’autre part, ce qui relève de la subjectivité du temps, où manifestement les aiguilles des horloges ne disent pas toute la vérité. Il va de soi que la temporalité « vécue » permet des voyages dans le temps, l’évocation de la Madeleine de Proust suffisant à l’illustrer.]

     Toutefois, de la réalité à l’univers cinématographique, et l’on pense principalement ici à la SF, il arrive souvent que le temps se voit littéralement métamorphosé, passant d’une forme linéaire à une forme circulaire, (le cercle plutôt que la ligne), comparable à ce que peut être le cycle des saisons. Or, dans un tel temps, retourner dans le passé engendre fréquemment des modifications dans le futur, de même aller vers le futur revient à réécrire le passé, de sorte que ce qu’on appelle la cause pourrait tout aussi bien être l’effet, et vice versa. Une telle possibilité conduit nécessairement les sorciers modernes que sont les réalisateurs de films à concevoir des situations totalement inextricables qui sont autant de petites gymnastiques pour nos neurones. Par exemple, et c’est bien-là toute la magie du cinéma, un être humain peut être mis en mesure de supprimer dans le passé l’une des causes qui ont permis sa naissance, en provoquant une chute qui provoquera une fausse-couche, ou encore en empêchant ses propres parents de se rencontrer. Bref, cette petite liste non exhaustive de films (qui ont exploité ce thème) tenant lieu de Sésame, la porte stargatienne est ouverte à tous les amoureux des voyages dans le temps :

 

 

C'est arrivé demain (1944), de René Clair.

Un journaliste new-yorkais reçoit chaque jour de façon inexplicable le journal du lendemain. Il profite de la situation et coiffe sur le poteau des scoops tous ses confrères. Jusqu'au jour où il découvre son nom dans la rubrique nécrologique. L’un des quatre films que René Clair tourna à Hollywood, une mise en scène magistrale et des gags qui se multiplient. A découvrir ou redécouvrir.

 


La Machine à explorer le temps (1960), de George Pal.

Attention au décollage, cette machine est un vieux modèle, sorte de traineau des neiges muni à l’arrière d’une espèce d’antenne parabolique. Kitsch et bruyante. Le scénario est le suivant : un scientifique vivant à l'époque victorienne fabrique un engin spatio-temporel et voyage loin dans le futur. Il s'aperçoit alors que la race humaine s'est divisée en deux espèces, une vivant à la surface, et l'autre sous terre. Quand sa machine est volée par le peuple souterrain cannibale, il doit risquer sa vie pour retourner dans son époque...

 

La Jetée (1962), de Chris Marker.

Etonnant et bluffant, ce roman-photo est un choc visuel d’une rare inventivité doublé d’une mise à l’épreuve de nos capacités cognitives. Il faut le dire, ce court-métrage a énormément inspiré L'Armée des 12 singes de Terry Gilliam (et même si ce petit roublard de T. Gilliam prétend ne pas avoir vu le film avant de se mettre à l’œuvre, « pour ne pas être influencé » mon œil ; cf la scène finale). Bref, l’histoire est la suivante : des savants post-nucléaires traquent le passé dans les rêves d'un cobaye humain pour capturer l'espace-temps. Une demie heure de bonheur.


Bandits, Bandits (1980), de Terry Gilliam.

Sans doute mon préféré de Gilliam, ce film est d’une grande richesse, laquelle a peut-être influencé les concepteurs de Stargate. En effet, il existe des portes spatio-temporelles qui permettent le passage d’une époque à une autre, l’essentiel étant bien-sûr de posséder la carte qui indique les dates et heures fixes auxquelles elles s’ouvrent. Métaphysique et poésie sont au rendez-vous dans cette magnifique histoire : Pendant la nuit, Kevin, un petit garçon anglais, est visité par six nains qui ont dérobé à l'Être suprême la carte du Temps. L'enfant s'engage alors dans un voyage à travers l'Histoire : il fait la rencontre de Napoléon à la bataille de Castiglione ainsi que celle de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood. Il croisera également sur son chemin le majestueux paquebot "Titanic".


 

 Nimitz, retour vers l'enfer (1980), de Don Taylor.

Le voyage dans le temps, mais version cauchemar. L’idée de départ est assez originale : plus ou moins à notre époque, suite à une tempête magnétique, le Nimitz, un porte-avion américain, se retrouve projeté en 1941, à la veille de l'attaque de Pearl Harbour... Ici, ce n’est pas un destin personnel et unique qui est en jeu, mais celui de l’histoire. Un film efficace servit par une interprétation remarquable.




Terminator (1984-2003), de James Cameron (1 et 2) et Jonathan Mostow (3), série de trois films.

Dans l’univers SF du cinoche, il y a un avant et un après Terminator. Sérieux. Genèse d’une saga exceptionnelle : A Los Angeles en 1984, un Terminator, cyborg surgi du futur, a pour mission d'exécuter Sarah Connor, une jeune femme dont l'enfant à naître doit sauver l'humanité. Kyle Reese, un résistant humain, débarque lui aussi pour combattre le robot, et aider la jeune femme...

Terminator 2 : Le jugement dernier : Le top des effets spéciaux de l’époque et de l’action en veux-tu en voilà. On se retrouve en 1995, cette fois, les machines de Skynet,dix ans après leur échec pour éliminer Sarah Connor, envoient le cyborg tueur T-1000 pour éliminer son fils John Connor, futur chef de la résistance humaine. Un autre robot, le T-800, est chargé de le protéger... Hasta la vista, baby


Terminator 3 : Le soulèvement des machines
 : Toujours spectaculaire, certes, cet épisode me paraît tout de même être le plus faible de la série. John Connor, futur leader de la résistance humaine, vit dans l'ombre. Les machines de Skynet envoient vers le passé la T-X, une androïde nouvelle génération "invulnérable", pour l'éliminer. Mais un autre Terminator, le T-101, est venu le protéger…



Retour vers le futur (1985), de Robert Zemeckis, série de trois films.

Le premier épisode. La référence. L’inévitable film diffusé dans le car lors des voyages scolaires de mon enfance, œuvre quasi-métaphysique (pour des marmots) qui incitait à rêver que le lourd véhicule qui nous transportait se transforme en une DeLorean flambant neuve et que, chauffeur si t’es champion, elle en vienne à atteindre le 88 miles à l’heure. En résumé, l’action se passe en 1985, le jeune Marty McFly mène une existence anonyme auprès de sa petite amie Jennifer, seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur qui serait ravi de l'expulser du lycée. Ami de l'excentrique professeur Emmett Brown, il l'accompagne un soir tester sa nouvelle expérience : le voyage dans le temps via la DeLorean trafiquée. Mais la démonstration tourne mal : des trafiquants d'armes débarquent et assassinent le scientifique. Marty se réfugie dans la voiture et se retrouve transporté en 1955. Là, il empêche malgré lui la rencontre de ses parents, et doit tout faire pour les remettre ensemble, sous peine de ne pouvoir exister... Dans mon école, le nom de "Biff Tannen" est tout de suite devenu une insulte.

Retour vers le futur II (1989): Le succès du premier épisode était tel qu’il aurait semblé saugrenue à Hollywood-la-vénale de ne pas le bisser, d’autant plus que les ficelles des allers et retours dans le temps avaient encore à l’écran bien des nœuds à serrer. En voici le synopsis : Lors de son premier voyage en 1985, Marty a commis quelques boulettes dont il n’a pas mesuré les conséquences. L'avenir qu'il s'était tracé n'est pas si rose, et son rejeton est tombé sous la coupe du voyou Griff Tannen, qui veut régner sur la ville. En compagnie de son ami Emmett "Doc" Brown et de sa fiancée Jennifer, Marty va devoir entreprendre un voyage vers le futur, pour tenter de donner un peu plus de moralité à son héritier. Un voyage aux conséquences dramatiques et de superbes scènes de skate du futur... On pourra comprendre ici que notre histoire personnelle est le fruit d’une sélection faite à certains moments à partir d’un nombre incommensurable de choix possibles dont nous sommes responsables.


Retour vers le futur III
(
1990) : Un film pop-corn sympa comme tout : Après son voyage mouvementé entre passé, présent et futur, même pas malade, Marty McFly apprend par une lettre vieille de cent ans que son vieil ami Emmett "Doc" Brown se serait crashé en 1880 au volant de sa DeLorean, restant ainsi prisonnier du far-west, sous la menace de Buford "Molosse" Tannen qui s'est juré de le tuer. Il n'a que cinq jours pour retrouver Doc et le ramener vivant vers le présent...



Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis.

Une friandise pour nos zygomatiques que ce petit bijou qui voit pénétrer l’humour au cœur de la quatrième dimension : Phil Connors, journaliste à la télévision, et accessoirement responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade de Punxsutawney où l'on fête le "Groundhog Day" : "Jour de la marmotte". Dans l'impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d'intempéries il se voit forcé de passer une nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu'il est condamné à revivre indéfiniment la même journée, celle du 2 février...

 


Les Visiteurs (1993), de Jean-Marie Poiré.

Oyé oyé braves gaulois, l’historiette se dérouloie en l'an de grâce 1112, lorsque le comte de Montmirail et son fidele écuyer, Jacquouille la Fripouille, se retrouvoient propulsés en l'an 1992 après avoir bu une potion magique fabriquée par un enchanteur. Un carton au box-office hexagonal, soit, mais qui ne vieillit pas très bien à mon sens. Bref, un voyage par absorption de drogues.



Time Cop (1994), de Peter Hyams

JCVD, c’est bien son truc de se perdre dans l’espace et le temps. Ici, le voyage qu’il nous propose se fait à bord d’une voiture de course programmée par des scientifiques, vous l’aurez compris une version améliorée de la DeLorean. En l'an 2004, l'homme est enfin parvenu à maîtriser les voyages dans le temps. Mais une nouvelle espèce de criminels est née à la faveur de cette invention miracle. Un individu mal intentionné peut en effet désormais manipuler à sa guise les évènements historiques ou les marchés financiers, exploiter à ses propres fins une découverte scientifique ou militaire, compromettre l'avenir de son pays, provoquer une guerre mondiale... Pour prévenir de tels abus, les Etats-Unis ont créé à Washington la Time Enforcement Comission, une unité d'élite chargée de contrôler et d'interdire toute tentative de déplacement temporel. Les propres agents TEC ne sont cependant pas à l'abri des tentations... Bon, d’accord, c’est un véritable fourre-tout, mais certaines pistes auraient pu être intéressantes.

 

L'Armée des 12 singes (1995), de Terry Gilliam.

La Jetée complexifiée à outrance, au point de s’y perdre parfois, mais un très beau et très bon film au demeurant : En 2035, une épidémie inconnue a emporté la quasi-totalité de la population mondiale. Les survivants se sont regroupés sous terre et renvoient en 1996 l'un des leurs, James Cole, afin qu'il découvre les causes de la catastrophe. Son enquête le conduit sur les traces d'une mystérieuse organisation, l'Armée des douze singes.



Peut-être (1999), de Cédric Klapisch.

Atterrissage dans le sable pour un film un peu mou du genou et caricatural. Dommage car l’idée de base était plutôt maligne : Le soir du réveillon de l'an 2000 Lucie demande a Arthur de lui faire un enfant. Lui ne se sent pas prêt à être père. Au cours de la soirée quand la fête bat son plein, Arthur vit une expérience troublante. Il se retrouve transporté soixante-dix ans plus tard dans un Paris ensablé (magnifique photographie). Il fait alors la rencontre d'un vieux monsieur chevelu qui affirme être son fils. Ce patriarche de soixante-dix ans s'efforce alors de convaincre son géniteur de revenir dans le présent et de faire un enfant à Lucie, afin qu'il ne disparaisse pas.

 

La Machine à explorer le temps (2002), de Simon Wells.

Personnellement, je n’ai pas aimé, surtout à cause de l’idéologie dont cette version se fait le témoin, mais difficile tout de même de ne pas la faire figurer sur cette liste. L’histoire est la suivante : A New York, en 1899, Alexander Hartdegen, un brillant physicien de l'Université de Columbia, fait la connaissance d'Emma, une charmante demoiselle dont il tombe follement amoureux. Un soir, dans Central Park, il trouve le courage de lui déclarer sa flamme et de lui offrir une bague de fiançailles. Un voleur tente alors de dérober le fameux bijou, mais Emma ne se laisse pas faire. Un coup de feu retentit, la malheureuse s'effondre et meurt dans les bras d'Alexander.
Refusant cette triste fatalité, celui-ci consacre tout son savoir et toute son énergie à construire une machine à explorer le temps afin d'altérer le cours des événements et ainsi sauver la vie de sa bien-aimée. Alexander embarque à l'insu de tous pour ce voyage de la dernière chance et se voit bientôt propulsé dans le XXIe siècle.

 

Minority Report (2002), de Steven Spielberg

Directement inspirée d’une nouvelle de Philip K. Dick, (un maître sinon le maître de la littérature SF), l’histoire est savoureuse : A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"... Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha. De mon humble point de vue, un bon film.

 

L'Effet papillon (2004), de Eric Bress.

Teenmovie par excellence, relativement agréable même si je trouve qu’il s’essouffle vite, L’effet papillon en rajoute une gentille couche sur les paradoxes spatio-temporels. Voyez plutôt : Une théorie prétend que si l'on pouvait retourner dans le passé et changer quelques détails de notre vie, tout ce qui en découle serait modifié. On appelle cela "l'effet papillon". Trop fort, Evan Treborn a cette faculté. Fasciné, il va d'abord mettre ce don au service de ceux dont les vies ont été brisées dans leur enfance. Il peut enfin repartir dans le passé et sauver la seule jeune fille qu'il ait jamais aimée. Mais Evan va découvrir que ce pouvoir est aussi puissant qu'incontrôlable et s'apercevoir que s'il change la moindre chose, il change tout. En intervenant sur le passé, il modifie le présent et se voit de plus en plus souvent obligé de réparer les effets indésirables de ses corrections... Comme quoi, Zemeckis avait posé vingt ans plus tôt de solides fondations.


Déjà vu (2006), de Tony Scott

A mon sens, c’est un peu idiot d’avoir intitulé le film ainsi car tout semble dit. Mais vu que je suis bon public, en voici quand même la trame élimée : Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin se voit enrôlé au sein d'une nouvelle cellule du FBI ayant accès à un appareil gouvernemental top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps", et ainsi de retrouver les preuves nécessaires à l'arrestation d'importants criminels. Cette fenêtre permet d'observer des évènements dans le passé s'étant déroulés quatre jours, six heures et quelques minutes auparavant… Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n'être qu'un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d'innocents.


Pour conclure, si d’autres portes spatio-temporelles vous reviennent en tête, ou d’autres véhicules oubliés susceptibles de nous faire voyager dans le temps et sur la toile, n’hésitez pas à les proposer dans les commentaires…

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