Gilles
Deleuze a toujours recouru aux images, et particulièrement à celles du cinéma, pour expliciter sa pensée et promouvoir une nouvelle pratique de la philosophie. En 1983 et 1985, par réaction
contre les approches en termes de texte filmique propres aux penseurs des années 1970, il publie deux ouvrages fondamentaux, devenus depuis des classiques Image-mouvement. Cinéma 1 et Image-temps. Cinéma
2. Dans ce dernier ouvrage, Deleuze affirme que le cinéma « est une nouvelle pratique des images et des signes, dont la philosophie doit faire la
théorie comme pratique conceptuelle ». Pour lui, le cinéma est avant tout un « topos »
de la pensée, mais il ne lui appartient pas à lui, intrinsèquement, de construire ses propres concepts, quand bien même Deleuze estime n’avoir aucune leçon à donner aux cinéastes.
La philosophie de Deleuze consiste ainsi à classer les différentes formes filmiques dérivées principalement de la pensée du mouvement de Bergson. Elle reprend donc l’articulation entre les trois niveaux bergsoniens : les ensembles et leurs parties, le Tout, le mouvement qui se décompose d’après les éléments entre lesquels il joue dans un ensemble et qui se recompose comme expression du changement qualitatif du Tout dans la durée.
Trois types d’images sont ainsi isolées : « l’image-instantanée » (c'est-à-dire l’instant quelconque de la prise de vue) ; « l’image-mouvement » (qui est comme « la coupe mobile de la durée » donnée immédiatement par le cinéma) ; et « l’image-temps » (qui est une image de la durée elle-même). Le passage du cinéma classique (Hawks, Kurosawa, Hitchcock,...) au cinéma moderne (Resnais, Godard, Antonioni,…) se comprend comme la crise de « l’image-mouvement » dans sa composante d’ « image-action », et l’émergence de l’ « image-temps » dans son rôle fondateur de cristallisation de l’image.
Afin de mieux appréhender cette présentation aussi obscure que réductrice, ainsi que le personnage vraiment passionnant, je vous propose de prendre des cours de « philosophie-cinéma » avec le maître lui-même, cours magistraux donnés en 1981 structurés ici en huit séquences :
Séance 1:
Séance 2:
Séance 3:
Séance 4:
Séance 5:
Séance 6:
Séance 7:
Séance 8:
