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  • : L'Oeil sur la Toile
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" Qu'il  s'agisse de penser le devenir ou de l'exprimer, ou même de le percevoir, nous ne faisons guère autre chose qu'actionner une espèce de cinématographe intérieur. Le mécanisme de notre connaissance usuelle est de nature cinématographique." 

                             
                                   H. Bergson, l'Evolution créatrice.



                                                                                                                                                         

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Bonjour à tous !


 

Bienvenue à tous les amoureux du 7ème art...

 

Ce blog se propose de porter un regard analytique sur le cinéma d’aujourd’hui et d’hier. Un coup d'œil également sur le parcours des dernières sorties Ciné et DVD. Ici, on décortique le film, on donne son avis, on parle de nos coups de cœur, etc.  N'hésitez pas à laisser vos commentaires.

 

Bonne lecture...

 

 



10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 09:00



Fiche technique:

• Réalisateur : David Slade
• Interprètes : Patrick Wilson, Ellen Page, Sandra Oh
• Origine : Etats-Unis

• Genre : Thriller
• Durée : 1h43
• Date de sortie : 27 septembre 2006

• Editeur : Metropolitan FilmExport

• Interdit au moins de 16 ans


   
     Voilà un moment que j’entends parler de ce film, et je n’avais toujours pas trouvé le temps de le visionner. Autour de moi, critiques et connaissances étaient pourtant unanimes : un ovni, le film choc d’une génération, une carence dans ma culture cinématographique, un petit bijou, la naissance d’un nouveau génie… L’affiche du film elle-même augurait une réussite : le piège à loup ambigu et le mythe du petit chaperon rouge revisité. Bien fichu. Le titre également, Hard Candy, qui renvoie à l’argot d’Internet et désigne une jeune fille mineure qui participe à des forums de discussion, donnait belle allure à ce projet hautement original. C’est avec toutes ces données en tête que je m’apprêtais à connaitre 1h43 de plaisir.   

L’histoire est la suivante : Après avoir discuté pendant plusieurs semaines sur le Net, Hayley, une jolie ado de 14 ans, et Jeff, photographe de mode de 32 ans, finissent par se donner rendez-vous dans un café. Bien qu’elle soit mineure et qu’une certaine différence d’âge les sépare, le courant semble passer entre eux. Jeff laisse même entendre à Hayley qu’il serait prêt à attendre quatre ans pour mieux la connaitre. Un flirt s’engage gentiment.  Bavarde et délurée, la jeune fille propose à Jeff de l’accompagner chez lui dans sa maison-atelier. Là, elle lui sert à boire, offre de poser devant son objectif et commence à se déshabiller. Jeff est plutôt d’accord mais soudain, il s’effondre, inconscient. A son réveil, il est ligoté sur une chaise et se retrouve face à Hayley, armée d’un bistouri. La nymphette lui explique qu'elle est persuadée de ne pas être la première mineure à tomber dans ses filets, et qu’elle l’a drogué afin de mener une enquête sur la disparition d’une autre ado, Donna Mauer, victime d’un pédophile. Un huis-clos terrifiant s’engage alors.    
   
     Je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt, j’ai été sévèrement déçu par ce Hard Candy. J’ai trouvé ce film faussement provocateur et véritablement ennuyeux, voire dangereux. Il ne s’agit certes pas d’un navet, mais il est très loin de constituer le film culte que l’on m’avait vanté.

     Tout d’abord, le film exacerbe à mes yeux tous les défauts inhérents à une première œuvre : une réalisation tape-à-l’œil et finalement gratuite, ainsi que la volonté d’être subversif et dérangeant coûte que coûte, même au détriment de la cohérence du message et de la trame de l’histoire. Il faut préciser qu’il s’agit-là du premier long métrage (2005) de David Slade, qui arrivait tout frais émoulu de l’univers de la pub et du clip [notamment pour Tori Amos (Strange Little Girl)], et cette filiation est présente jusqu’à l’écoeurement dans Hard Candy. La mise en scène, de bout en bout, est ultra-clippesque ; les effets de style se superposent sans résonnance au point que l’on a souvent l’impression d’assister à une très longue pub. Une pub pour Canada Dry (Hard Candy a la couleur et le goût d’un film pertinent, mais ce n’en est pas un).  Le rythme est lourd, l’action traîne en longueur, les rebondissements sont prévisibles, parfois je baille et regarde ma montre. Au niveau même du montage, des erreurs et des contradictions (distrayantes) apparaissent. Par exemple, dans les scènes où Jeff est ligoté, on peut remarquer sur sa chemise des auréoles de sueurs dont le diamètre et le positionnement sont variables d’une prise à l’autre. De même, la scène où la voisine étend tranquillement son linge tandis qu’un homme hurle, dans la maison juste à côté, prête à sourire. On pourra également se demander par quel tour de magie une fillette de 14 ans et 45 kilos tout mouillés parvient aussi aisément à soulever et maîtriser un homme en pleine force de l’âge.

   
     Concernant les personnages eux-mêmes, ils apparaissent également peu plausibles. On aura bien du mal à trouver crédible cette jeune fille de 14 ans tant la maturité et l’intelligence de ce petit chaperon rouge castrateur sont surdéveloppées. Quant à la figure du grand méchant loup, le pédophile présumé, elle est creuse et sans relief. Aucune attention n’est véritablement prêtée à la psychologie de ce personnage et l’on regrettera à nouveau cette facilité. Il y avait tant à dire et à montrer sur ce point. Soit, le scénario est original, mais il est truffé d’incohérences et s’avère totalement irréaliste. En outre, les niaiseries ne sont pas évitées et les personnages s’enferment souvent dans un blabla superflu, difficile à supporter pour un huis-clos où la parole est primordiale. Cette accumulation de superficialité finit par être pesante et prétentieuse.


     Ensuite, et c’est là l’essentiel, le propos du film est particulièrement discutable. Nous l’avons dit, le projet était riche en promesses : un huis-clos entre un pédophile supposé et sa victime présumée et l’inversion des rôles. [Tel est pris qui croyait prendre, un rouage vieux comme le cinéma mais toujours aussi efficace… (L’Arroseur arrosé – 1895)]. L'inspiration serait nippone ; le producteur, David Higgins, ayant lu certains articles parlant d’ados Japonaises attaquant des hommes qu'elles séduisaient sur Internet. Mais on peut aussi relever que l’héroïne (interprétée par Ellen Page) fait directement allusion à La Jeune fille et la mort (1994) de Roman Polanski, ce qui tend à dévoiler les influences du film. Toutefois, et c’est là que le bât blesse, à trop vouloir faire naître le dilemme (chasseur-chassé) dans l’esprit du spectateur, on se retrouve rapidement avec deux monstres face à face. Hard Candy passe d’un stéréotype à l’autre, d’un préjugé à un autre. La violence, la torture, le meurtre, se voient complaisamment et très immoralement légitimés. Pour tout dire, le réalisateur s’envase petit à petit dans une idéologie malsaine et ne donne pas le sentiment de savoir lui-même quel est précisément le message final de son film. (S’il le sait, c’est encore pire). A ce titre, la copie est extrêmement bâclée sur la fin (conclusion hâtive et moralisante) et n’apporte aucune réponse à nos questions.  Aucune zone d’ombre ne se trouve éclairée. 

Au pays de Candy, la morale pourra alors sembler franchement douteuse, et surtout gratuite. Cette justification de l’autodéfense puis du sadisme, qui tant dans le fond que la forme s’adresse principalement aux adolescents, ouvre la porte à tous les excès idéologiques de la loi du Talion. Se venger d’un préjudice qui n’a pas encore eu lieu et dont on ignore s’il aurait lieu porte inévitablement atteinte à la liberté humaine. Rappelons-le, chez l’homme, l’existence précède l’essence et non l’inverse. Finalement, le fond du film n’est pas si éloigné que cela des positions sarkosystes concernant le traitement des pédophiles. Ici, ce n’est rien de moins que l’émasculation qui est prônée. (D. Slade pousse le vice jusqu’à suggérer de placer les testicules dans le broyeur de la cuisine). Ou encore le "suicide assisté". La solution est finale et s’avère tout aussi dangereuse que le mal contre lequel elle prétend lutter. Le tout est enrobé de voyeurisme gratuit, psychologie au rabais et cynisme forcé. Surtout, l’absence de fondement est
préjudiciable. Même le prétexte, l’alibi supposé légitimer la perversion, à savoir faire la lumière sur le meurtre de Donna Mauer, est rapidement occulté.

      Reste l’interprétation des deux acteurs, celle de Patrick Wilson est plutôt bonne mais celle de Ellen Page (17 ans au moment du tournage) est tout à fait impressionnante, pour empêcher le sucre de se dissoudre totalement dans la soupe. Au final, Hard Candy est un film au potentiel inexploité, un film qui aurait pu être intéressant, mais qui s’avère à mon sens plus nauséeux que subversif. A voir par curiosité.

 

 

 

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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 16:26
No Country for the old men – Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme
Fiche technique :     
Date de sortie : 23 Janvier 2008                                                            
Réalisé par Joel Coen, Ethan Coen
Avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin   
Film américain. 
Genre : Thriller, Drame
Durée : 2h 2min. 
Année de production : 2007
Interdit aux moins de 12 ans
Titre original : No Country For Old Men
Distribué par Paramount Pictures France

 

Présentation

A la frontière qui sépare le Texas et Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail. Lorsque Llewelyn Moss tombe sur une camionnette abandonnée, cernée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de ce qui a conduit à ce drame. Et quand il prend les deux millions de dollars qu'il découvre à l'intérieur du véhicule, il n'a pas la moindre idée de ce que cela va provoquer... Moss a déclenché une réaction en chaîne d'une violence inouïe que le shérif Bell, un homme vieillissant et sans illusions, ne parviendra pas à contenir. Moss doit désormais échapper à ceux qui le pourchassent, notamment à un tueur mystérieux qui décide du sort de ses ennemis en jouant leur vie à pile ou face...

Notre critique

No Country for old men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, réussit un tour de force exemplaire consistant à mener une réflexion quasi-philosophique sur la violence et son évolution actuelle, - dans laquelle le vieil homme (le shérif désabusé interprété avec justesse par Tommy Lee Jones) ne se retrouve plus -  autour d'un thriller course-poursuite rigoureux teinté d'un humour toujours décalé. Les grands espaces US, magnifiés dans la scène d'ouverture par la photographie de Roger Deakins, ont d'emblée une portée métaphysique : que fait l'homme sur terre, n'a-t-il vocation que pour le mal? Les plans qui suivent offrent les prémisses d’une réponse : les traces noires laissées sur le sol par les bottes d’un homme qui lutte contre la Mort, innombrables et désordonnées, symbolisent le vain combat des hommes perdus dans leur violence. La vision des frères Coen contient un pessimisme revendiqué dont le shérif est le témoin privilégié. Le propos de ce dernier est nostalgique, la violence qu'il connait, qu'a connu son père avant lui, est sans commune mesure avec celle à laquelle il doit faire face (un carnage en plein désert où même les chiens ne sont pas épargnés – marrant d’ailleurs de constater que, dans la salle, les spectateurs sont plus émus de la mort des canidés que de celle des êtres humains). Le tueur "à la carabine à air comprimé", interprété avec maestria par Javier Barden, aussi effrayant qu’hilarant, vient illustrer la forme pure du mal. Cet exterminateur qui vient de nulle part et qui ne va nulle part n'est d'ailleurs pas sans rappeler, mais sur un autre ton, le "Motard de l'Apocalypse" de Arizona Junior (1987). Rien ne pourrait détourner ce tueur ahurissant de sa mission. Il est increvable, il est irréductible (en l'homme). L'ancien adjoint du père du shérif nous livre alors une clé : La violence a toujours été et sera toujours; en son fond, elle reste intacte. Ce n'est qu'au niveau des formes qu'elle est différente et méconnaissable. Il existe une Histoire de la violence (cinématographiquement en vogue - cf : Cronenberg), de Abel et Caïn jusqu'aux dernières guerres (Vietnam et Irak). Il ne s'agit alors que de s'adapter. Encore.

"Dieu ne joue pas aux dés", par contre, le diable ne s'en prive pas. Javier Barden est déjanté à souhait et incarne à n'en pas douter une nouvelle figure culte du mal absolu, à classer aux côtés de H. Lecter et consort. Toutefois, Anton Chigurh n’est pas un personnage à prendre au premier degré. N’oublions pas que les frères Coen ont toujours aimé rire des figures de tueurs psychopathes : Arizona Junior (1987) et le « Motard de l’Apocalypse » ; Barton Fink (1991) et le voisin de chambre d’hôtel corpulent, Carl Showalter (S. Buscemi) et Gaear Grimsrud (P. Stormare) dans Fargo (1996), Ventilo Joe dans Intolérable Cruauté (2003). Aujourd’hui, ils semblent avoir atteint le plus haut degré de perfection dans leur déclinaison. On pourrait presque reprocher au film le défaut de ses qualités : Javier Barden, qui mérite mille fois son golden globe,  éclipse quasiment à lui tout seul la prestation des autres acteurs, pourtant irréprochables.
2128040428.jpgMais sous les rires perce le pessimisme : il n'y a ni paradis, ni enfers, mais un purgatoire d'existence. Le mal, increvable, irréductible en l’homme, repart le bras en bandoulière semer la mort au gré d'une pièce de monnaie. Sa carabine reliée à une bombonne d'air comprimé n'est-elle pas une faux moderne? Anton est donc l'allégorie du mal. Mais la force de la fin du film est de le laisser en tant qu'homme : on en voit l’os, ce n’est pas anodin. Anton n’est pas Dieu (ou le Diable), même s’il croit l’être. Le mal est exclusivement l’apanage de l’homme. Anton est une composante de l'humanité, il saigne et se cache sous les voitures quand on lui tire dessus, mais il est le Mal incarné. Là où il passe, l'herbe ne repousse pas. (GroundZero ?). Film post-11 septembre ? C'est sans doute faire entrer de force dans la lecture de ce film une intention qui n'est pas celle des réalisateurs. D’ailleurs, les deux frères avait déjà entrepris une réflexion tout à fait similaire dans The Big Lebowski, mais au regard de la génération précédente et ses survivants qui faisaient face aux vides des années 90 : les personnages (The Dude, Walter et Donnie) ne parvenaient pas à trouver une place dans l’Amérique des années 90. L’arrière plan était politique, il l’est tout autant dans No Country. Traumatisme de la guerre du Golfe ou traumatisme de la guerre du Vietnam, le propos reste le même.
Dans No Country, les Coen se font à nouveau l'écho de la totale incompréhension d'une génération (1980) à l'égard d'une société devenue démente, une société où ne sont épargnés ni les vieilles ni les chiens. A travers cet instantané d'une forme sans cesse renouvelée de la violence (qui en révèle l'essence), le shérif pseudo-philosophe est un peu le coryphée des tragédies grecques de l'Antiquité (laquelle, à l'instar de l’œuvre des Coen, ne fonctionnait que par symboles), un porte parole de la nostalgie assumée d'un passé où tout semblait plus simple, même si ce ne fut jamais réellement le cas.
Les Coen ont donc fait un film métaphysique s'ancrant à des thèmes du western assez « fordiens » et crépusculaires. En substance, c'est un film sur le mal, ou plus précisément sur l'essence de la violence. On sort de la projection de cet opus avec un sentiment de fin du monde, finalement assez proche de Apocalypse Now (même vision pessimiste et post-Vietnamienne). A ce titre, la fin aussi brutale qu’audacieuse permet à la forme du film de rejoindre le fond. En un mot ou presque, les Coen semblent avoir retrouvé toute leur virtuosité. Profitons-en.
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